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230 LEITRES CANADIENNES 1997 psychologisante de Bal. Les balisages grammaticaux qui lui servent d'introducteur et pullulent dans La recherche (« offert a }'imagination»,« j'auraispu croireque »,«on auraitdit »,« il semblaitque ») sontsystematiquement gommes par le commentaire, au profit d'une lecture qui litteralise les scenes imaginaires et les metaphores. Souvent deliberement, certes. A mon sens, cela aplatit non tant le relief de l'imaginaire couche sur le papier que }'intuition donnee par }'auteur du processus meme de !'imagination dynamique, qui se voit si souvent a l'ceuvre avec les affects qu'elle comporte. L'imagerie mentale, difficile a saisir et essentielle pourtant a I'effort de l'ecrivain, echappe pour beaucoup ala banalite des images tout bcmnement visibles et appelle une lecture dont les rnodalites demandent a etre specifiees (la musique rememoree non plus, ce n'est pas I'oule)I du fait au moins, pour la coherence de l'ceuvre ecrite, de la serialite et des ressemblances entre les images en question, des eclairages apportes et des rapports qu'elles etablissent entre les scenes, les lieux, les personnages. Je n'en attendrais pas moins d'un ouvrage dont le sous-titre propose de dire Comment lire visuellement Proust. (PASCAL MICHELUCCI) Armelle Chitrit, Robert Desnos. Le poeme entre temps Montreat XYZ editeur, coiL Theorie et litterature [et] Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1996, 2.43 p., 2.4,95$ Desnos sans automatisme. Desnos sans provocation- aucune mention du trop celebre Club des Buveurs de Sperme. Son ceuvre se trouve passablement depoussieree par une lecture qui englobe d'un meme regard la periode des sommeils et la poesie plus traditionnelle. Principalement, a partir d'un point de vue resserre sur le temps, Chitrit sort le second avatar de Rrose Selavy de la facilite qui a fait de Desnos le pretexte aune approche thematique aux heures de 1'engagement surrealiste. L'heterogeneite des formes poetiques est meme consideree comme la manifestation d'une poetique en marche qui revendique ainsi sa liberte, ce qui lie intelligemment le vecu et l'ecrit chez cet «amant des homonymes ». En plus d'un point de l'ouvrage d'ai11eurs, ce pont est jete rapidernent, d'une fa>. S'eclaircissent enfin les retours frequents sur les concepts de« condensation etdeplacetnent », d'un freudismesuperflu dont Chitrit offre Ia justification beaucoup plus loin, apres avoir rappele les theses rebattues de Lacan sur la metonymie et le desir. Dans son ensemble, ]a these initiale de« la part symbolique.d'un temps deploye par les figures», d'une « temporalite inventee par le poeme )) et de«traits non lineaires du temps phenomenologique >> - par le dispositif de recurrence rythmique- est en fait assez habilement etayee du point de vue theorique. Malheureusement le defile des outils heuristiques arrive quand au fond on ne s'y interesse plus vraiment, puisque le cahier des charges annonce au chapitre premier a ete rempli, et ce, fort honnetement. Cela donne lieu ades redites fort nombreuses, d'autant plus fastidieuses que la derniere partie du travail est une sorte de condense de toutes les questions brassees jusque-la. D'autre part, les trois excellents chapitres sur le schematisme de la metaphore et son deplacement de la realite, par une«intention poetique de renversement du monde deja-fa», meritaient d'etre 2)2 LEITRES CANADIENNES 1997 mieux articules entre eux, en les resserrant auteur des propos ad hoc de Ricreur. Telle quelie, du fait de ]a fin en queue de poisson de ces trois chapitres, 1'organisation rhetorique de I'etude ne rend pas justice a la hauteur de leur propos. Cet etrange decoupage de I'ouvrage dessert done les excellentes lectures de textes individuels qu'on aurait sans doute mieux comprises, soigneuses et intelligentes et habilement integrees au propos directeur du depart. Robert Desnos. Le poeme entre temps est done une monographie dont on pourrait souhaiter qu'elle se plie mieux aIa lecture. Malgre ce defaut, cette etude originale est appelee aetreune etape marquante dans la reinterpretation rafrakhie du surrealisme en generaL et de Desnos en particulier. Pour ce qui est de la « nocturnih~ » (nuit, desir, attente) avancee ici maintes fois (cf.l'aveu de Ia page 232), il convient maintenant de se pencher de plus pres sur la filiation...

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