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SCIENCES HUMAINES 161 voyage quebecois sur la base de criteres finalistes qui permettent de distinguer entre recits avisee documentaire, ou ideologique, quand il s'agit de promouvoir au pays meme des terres nouvelles adefricher, ou encore a reaffirmer les valeurs de l'ultramontanisrne par !'evocation des hauts lieux de la chretiente, avisee esthetique aussi quand I'accent se deplace du voyage au voyageur et que se voient soulignees ses impressions, la coloration toute subjective de son rapport au referent aussi bien que ses connaissances livresques. Ces dernieres servent egalement a transcrire l'espace du voyage dont la representation demeure largement tributai.re de presupposes et des savoirs archives dans la memoire du voyageur. L'ouvrage de Pierre Rajotte et de ses collaborateurs restitue bien aussi la tension qui partage des recits soucieux de rester au plus pres de la realite observee et d'autres dont le parti pris d'originalite privilegie une dimension mythique et personnelle au depens du compte rendu objectif. Quelle que soit leur finalite, ces recits ne sauraient echapper aux contraintes des conventions, qu'ils'agisse des poncifs herih~s de Ia tradition encyclopediste ou des nouveaux lieux communs favorises par la mode litteraire issue du romantisme. Le chapitre le plus original est sans doute celui consacre aux recits des voyageuses. S'appuyant notamment sur l'excellente etude de B. Monicat, ltineraires de l'ecriture au ferninin, les auteurs decrivent tres finement differents procedes discursifs, au moyen desquels les voyageuses quebecoises cherchent a briser l'image stereotypee de leur univers domestique et d'une prise de parole d'emblee assignee acertaines limites. Le principal merite de cet ouvrage reside rnoins dans son apport theorique qui consiste pour l'essentiel arearticuleret conforter aI'occasion d'un objet d'etude bien circonscrit des modeles d'analyses deja existants, que de proposer une synthese critique bien informee, clairement articulee et habilement problernatisee de la litterature de voyage au Quebec dans la seconde moitie du XIXe siecle. Dans la perspective qui est la sienne, cette etude est parfaitement convaincante et, malgre certaines redites qui trahissent peut-etre une finalite didactique non avouee, se presente comme une contribution de premier plan ala connaissance du recit de voyage en general aussi bien que quebecois. (ROLAND LE HUENEN) Pierre Hebert, avec la coli. de Patrick Nicol, Censure et litterature au Quebec. Le livre crucifie (1625-1919) Saint-Laurent, Fides, 294 p., 29,95$ Rainier Grutman, Des langues qui resonnent. L'heterolinguisme au XIX: siecle qHebecois Saint-Laurent, Fides- CETUQ, 224 p., 23,95$ Dans ces deux etudes tres fouillees, portant toutes les deux principalement sur le demier siede, les auteurs defendent le cadre tempore! choisi, et nous 162 LETIRES CANADIENNES 1997 convainquent de son importance. Pierre Hebert, natant le lien entre son objet d'etude et «notre fin de siecle >>, ajoute: «Car, devant [...] la poussee d'ideologies soumoisement hegemoniques [...], cette reflexion sur la censure [...] s'impose de plus en plus comme politique ». Et Rainier Grutman insiste: « Le temps est venu de relire ce XIXe siecle quebecois dont on persiste adire tant de mal.» Se referant a Fran>; et « L'Eglise triomphante. Le virage prescriptif [...}(1896-1919) ». La premiere partie traited'incidents bien connus, tels I'affaire Tartuffe de 1694 et la saisie du Canadien (181o), aussi bien que de cas plus obscurs, comme la « guerre des pamphlets» al'inb~rieur du diocese de Montreal, ou sont impliques les abbes Chaboillez et Pigeon. « La censure casuelle » (au cas le cas) cedera le pas, au moment ou Mgr Bourget sera nomme eveque de Montreal (1840), >. Dans sa conclusion, !'auteur introduit sans annonce prealable des considerations theoriques (evoquant Jacques Dubois, Claude Bremond, Marc Angenot et John Ralston Saul, parmi d'autres), et rapproche soudain« le fletrissement de l'imaginaire » et « la pauvrete de notre imaginaire litteraire », «des consequences les plus debilitantes de la censure de la litterature », ce dont il n'a pas ete question jusque-la. De plus, il semble avare de precisions concernant les_CEUVres de fiction, domestiques ou importees, qui enragaient les clercs, apart les references notees plus haut et quelques rares mentions de Dumas, Maupassant ou Hugo. De meme, l'auteur passe tres rapidement sur la condamnation du naturalisme et du realisrne par le...

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