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SCIENCES HUMAINES 145 L'ouvrage est compose de quatre parties. Dans la premiere, on trouve plus de deux mille titres classes selon le sujet des livres et en ordre alphabetique. Il y a dix-sept divisions et de nornbreuses subdivisions (par exemple: rx. POLITIQUE, Generalites, Vie politique, Partis politiques, Mouvements sociaux, Materiel didactique). La deuxieme partie comprend la liste des auteurs en ordre alphabetique. L'auteure a choisi de presenter tousles titres en ordre alphabetique dans la troisieme partie. C'est 1'axe historique qui est le principe organisateur dans la quatrieme partie; on y trouve tous les ouvrages classes selon l'ordre chronologique de leur parution. Dans son ouvrage, l'auteure montre les liens entre la litterature et les autres formes de discours dans la societe acadienne. Selon James de Finney, professeur de litterature al'Universite de Moncton et auteur de la preface,« [c]hez Marguerite Maillet la passion litteraire va de pair avec des preoccupations d'ordre social [...] 11 etait done logique, voire necessaire, qu'apres avoir fixe la litterature acadienne dans le temps, dans l'espace et dans son contexte social, Marguerite Maillet se soit attaque a l'ambitieux projet qu'est la Bibliographie des publications de l'Acadie des provinces maritimes». Cette bibliographie constitue un excellent outil de reference pour tous ceux qui travaillent dans le domaine des etudes acadiennes. En parcourant la table de matieres, on trouve des ouvrages classes en categories qui tiennent compte des aires d'interet qui preoccupent les membres de toute la societe acadienne. Cependant, cet ouvrage merite d'etre consider€ comme beaucoup plus qu'une bibliographie. En representant l'ensemble des publications d'une communite entiere, elle est, du moins pourJames de Finney, autant un «guide raisonne »de toute la production livresque d'une societe qu'une partie integrante du discours acadien dont elle cherche a rendre compte: «Dans une societe en emergence,le propos bibliographique comme celui des anthologies et des dictionn.aires, constitue un commentaire sur }'evolution, la croissance et les structures de la collectivite. » Selon lui, >, « Memoire instructif contenant la conduite des peres recollets de Paris en leur mission de Canada depuis I'annee 1615 jusques en la presente annie, 1684 ».Edition critique Quebec, Nuit blanche editeur, 1995, 259 p., 23,95$ Depuis ses origines,l'historiographie religieuse de la Nouvelle-France a fait la part belle a 1'ceuvre missionnaire. Avant l'emergence d'un regard plus critique au cours des annees 196oet 1970, les historiens ontsouvent favorise 146 LETTRES CANADIENNES 1997 1'exceptionnel ades fins rhetoriques d'edification, avec les vita! exemplce et les hagiographies des ordres missionnaires, surtout celui de la Compagnie de Jesus, et des principales congregations feminines. Ce faisant, ils ont eu tendance aeluder certains aspects de !'experience religieuse. Ainsi, la vie quotidienne des croyants et ses mediations, les echanges dans l'espace symbolique, les conflits al'interieur des institutions religieuses n'ont guere suscite leur interet. Cette negligence se justifie en grande partie par le choix et le traitement des sources, c'est-a-dire par une lecture au premier degre des temoignages ecrits des contemporains, privilegiant!'informationbrute au detriment de }'analyse du contexte de production. Grace aux nouveaux objets d'etude et a une lecture plus polyvalente, la frequentation de l'histoire sociale et de l'anthropologie historique a toutefois renouvele l'historiographie religieuse de la Nouvelle-France. En temoignent entre autres les etudes des Guy Fregault, Nive Voisine, Bruce Trigger, Lucien Campeau, James Axtell, Micheline Dumont, Marie-Aimee Cliche et Alain Beaulieu. Le revif de l'histoire religieuse du Regime franc;ais permet a Pauline Dube de presenter au lectorat Les freres insoumis ou (( l'ombre d'un cloclter ». Les freres en question, ce sont les Recollets, les disciples de saint Franc;ois d'Assise qui, en Amerique, ont eu une forhme moindre que celle des soldats de saint Ignace de Loyola ou des devots de la Compagnie du SaintSacrement . Des leur retablissement en Nouvelle-France en 1670, les Recollets entretiennent un conflit larve avec les Jesuites et surtout avec 1'eveque de Petree, futur eveque de Quebec, Mgr Fran<;ois de Montmorency Laval. Les tensions eclatent au grand jour en 1683, soit au moment de la construction d'un clocher sur !'hospice des Recollets. Soucieux de sa prerogative, Mgr de Laval interdit la construction du dit clocher. Les Recollets de Quebec se rebiffent et en appellent a Louis xrv. Ils lui soumettent leurs doleances dans un Memoire instructifcontenant la conduitte [sic] des Peres Recollets de Paris en leur mission de Canada, redige par tm narrateur anonyme, dont I'edition constitue la partie la plus substantiellle de l'ouvrage de Pauline Dube (p. 101-141). Ala suite des representations des deux parties, le Roi donne raison aux missionnaires recollets au detriment de l'ombrageux eveque de Quebec. Meme si Les freres insoumis... traite des dissensions internes de l'Eglise catholique, cet ouvrage ne temoigne pas vraiment des innovations de la nouvelle historiographie religieuse. La faute en est ala forme de l'exercice qui reprend un precede classique au regard des historiens, celui de 1'edition de texte. Employee par les tenants de l'Ecole de Chartes en France ou par ceux du Pontifical Institute of Mediaeval Studies de Torontoi fondee sur une erudition pointilleuse et sur une quete positiviste du fait historique, cette methode vise l'etablissement d'une version definitive d'un document. L'edition se presente done sous la forme d'nn texte largement annote avec une glose foisonnantei precede d'nne introduction explicitant le contexte SCIENCES HUMAINES 147 de production du texte et d'une chronologie, se concluant sur des pieces en armexe, nne bibliographie exhaustive et des index. Si cette methode offre 1'avantage de faire le point sur un document, elle fait neanmoins 1'economie d'une demarche de questionnement proprement historienne cherchant, dans un rnouvement plus ample, a degager de !'etude des traces du passe les indices des phenomenes socio-historiques. Aussi, c'est dans le cadre particulier del'edition de texte qu'il faut saisir la volonte de l'auteure de s'« autoriser une analyse contextuelle » du Memoire instructif... et d'etablir «a la lumiere de pieces justificatrices originales (manuscrits et copies) les circonstances des missions recollettes en Nouvelle-France». L'ouvrage ne s'eloignera pas des clotures de ce pacage, que le lecteur se le tienne pour dit. Tout en admirant la richesse de la documentation de premiere main, il demeurera de~u par la minceur de l'analyse historique. Cette derniere s'aventure peu a l'exterieur de la description evenementielle, sinon pour reprendre des lieux commnns comme la presence d'une theocratie en Nouvelle-France avant l'arrivee de !'intendant Jean Talon, these de Lionel Groulx qui aurait avantage aetre reevaluee. Il en va de meme avee 1'« Etat absolu » qui aurait existe dans le Royaume de France des la mort du seul premier ministre de Louis XIV, Giulio Mazzarini. Depuis Ies Boris Porchnev, Roland Mousnier, Pierre Goubert et Denis Richet qui ont mis a mal cette notion, il y a longtemps que les historiens ne considerent plus l'absolutisme fran<_;:ais comme nn etat de fait, mais plutot comme un objectif politique inacheve visant la centralisation des pouvoirs. Enfin, l'evenement meme du Menwire instructif. .. serait plus revelateur s'il avait ete SOumis a un regard approfondi des querelles religieuses dans la metropole, dont les microcosmes de la colonie refletent les tensions. Les annees 168o sont tout de meme marquees par le declin de Port-Royal et du jansenisme, !'affaire de la Regale et surtout la revocation de l'Edit de Nantes. L'affaire du clocher n'a done rien d'anodin, surtout pour un Roi de France desirant imposer sa volonte dans le champ ecclesiastique. Helas !Ramenee ala perspective rapetissante de1'edition de texte, qui ne veut passe risquer a proposer une interpretation plus souple malgre les affirmations de l'auteure, le conflit entre les Recollets et Mgr de Laval perd beaucoup de sa portee explicative relative aux enjeux de la vie religieuse et de l'univers culturel de la France en Amerique. Toutefois, Les freres insoumis... se distinguent de la simple edition de texte sur un point, celui de l'adjonction d'une breve analyse (p. 34-42) de la structure rhetorique du Memoire instruct1j.. Encore ici, le classicisme 1'emporte. Inspiree par Le champ del'argumentation et le Traite del'argumentation de Chairn Perelman, I'analyse identifie le genre judiciaire du document, la disposition tripartite de !'argumentation et la synthese finale. Appropriee pour cemer specifiquement !'intention premiere du narrateur anonyme, soit de plaider Ia cause des Recollets devant le Roi, la critique litteraire demeure toutefois pointue et limitee. Eclairant la seule structure du texte, 148 LETTRES CANADIENNES 1997 elle exclut ainsi toute interpretation issue par exemple des methodes de la sociologie de la litterature ou de l'usage des chronotropes de Mikhai:l Bakhtine, interpretations qui auraientprofondement enrichi la comprehension du texte des Recollets. Certes, etant donne la teneur de l'exercice, Les freres insoumis... a les merites de depoussierer un pan meconnu de l'histoire de la NouvelleFrance et de faire connaitre davantage certains aspects de Ia vie religieuse en colonie. Cependant pour une comprehension plus fine de ces aspects, le lecteur devra attendre la publication d'autres recherches historiques. (MARTIN PAQUET) De France en Nottvelle-France. Societe fonda trice et societe nouvelle, s.la dir. de Hubert Watelet, avec la collaboration de Cornelius J. Jaenen Ottawa, Presses de l'Universite d'Ottawa, coli. Actexpress, 1994, 300 p., 30$ Eleve de Roland Mousnier, l'historienJean-Claude Dube est surtout connu pour ses travaux sur les elites coloniales de la Nouvelle-France, dans lesquels il renouvelle les approches prosopographiques pour degager une veritable histoire sociale de ce corps d'elite. En 1989, au moment oil il accede au poste de professeur emerite a l'Universite d'Ottawa, ses collt~gues, anciens etudiants et amis de part et d'autre de !'Atlantique organisent un colloque en son honneur, sur le theme « Ancienne FranceNouvelle -France». Publies avec un retard certain, les actes tires de ce colloque nous sont done presentes sous la forme d'unfestschrift, De France en Nouvelle-France. Societe fondatrice et societe nouvelle, collectif dirige par Hubert Watelet avec la collaboration de Cornelius J. Jaenen. D'emblee, l'ouvrage se conforme aux canons du recueil de textes, avec les qualites et les defauts inherents au genre. Si le lecteur peut etre sensible a !'expression des temoignages d'amitie et a la richesse heuristique de certains textes, il note neanmoins !'inevitable eclatement de !'ensemble qui, se]on les propos liminaires de Watelet, correspond « acette largeur de vue» de Jean-Claude Dube. Certes, la polyvalence de l'historien justifie la dispersion des champs d'interet, qui renvoient al'histoire de la famille et de l'enfance, aux perspectives econorniques et politiques, ala production et la diffusion du livre, ainsi qu'a l'univers culture! de la croyance. La nature meme des textes, relevant de la reflexion historiographique (Denise Lemieux, John F. Bosher), du programme de recherche Oacques Gelis), de l'analyse iconographique (Marie-Helene Froschle-Chopard) et de 1'etude de cas socio-historiques (Elizabeth Rapley, Brigitte Caulier, Nicole Dyonet, Benoit Gamet S. Dale Standen) ou biographiques (Madeleine Foisil, Romeo Arbour), accentue cette impression d'eclatement. Cependant, pour donner plus de liant a un tout heteroclite, }'introduction aurait du inh~grer davantage les differentes contributions auteur d'un tronc commun, en ...

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