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72 LETTRES CANADIENNES 1997 Revues scientifiques MAX ROY Quel est l'avenir des publications scientifiques et, en particulier, des revues savantes dans le domaine litteraire? La question s'est toujours posee. Elle est aujourd'hui cruciale, en raison de compressionsbudgetaires recurrentes et de I'impact des NTIC (Jes nouvelles teclmologies de l'information et de la communication). Ala precarite generale, la seule solution envisagee publiquement est un changement de mode de diffusion. Celui-ci doit se preter aux discussions, mises au point et syntheses indispensables dans le domaine . La publication electronique yest apparemment adaptee et, surtout, peu couteuse. La solution serait a notre portee et l'avenir, tout trace: c'est la science ala carte, sans frontieres et sans limites, ala portee de tous (sic), le support comptant davantage que le contenu qui, de toute fa~on, varie dans le temps et pas seulement au gre des communicateurs. Or, le developpement d'une activite scientifique n'est jarnais spontane. Il suppose des struchlres permanentes et diversifiees ainsi que des orientations a long terme. Si l'avenir des revues se rattache a celui de la transmission et du developpement des connaissan_ces, c'est un_ horizon radieux que devraient laisser entrevoir 1es discours officie1s et les programmes d'investissement dans le savoir. Toutefois, 1e bilan actue1 inquiete: a1ors que certains periodiques sont deja diffuses sur Internet, d'autres ont une parution irreguliere, d'autres encore ont tout simplement disparus. Trop de revues pour un lectorat restreint? Est-ce seulement pensable qu'il y ait trop de facettes du savoir? Ces considerations apparemmentexterieures a 1'activite intellectuellene sont pas sans consequences. C'est W1e question de contenu, en fait, qui nous retiendra ici et qui peut etre formulee simplement: ou va la critique? Une orientation unique aurait evidenunent de quoi nous alarmer, mais elle servirait sans doute ajustifier des decisions administratives. De l'interieur, la situation parait claire :chaque revue cherche et affiche sa specificite. C'est une condition connue du soutien financier public. Laliberte, pourtant, ne condanme pas a la difference ou a 1a marginalite. Les grandes tendances observees ces dernieres annees dans la critique litteraire conservent-elles une influence? Que1s sont les nouveaux questionnements en Ia matiere? QueUes sont les finalites de la critique savante? QueUes strategies proposet -elle aux 1ecteurs de revues? Ce panorama des revues scientifiques de langue frant;aise permettra, je 1'espere, de voir un peu ou va la critique. II rend compte des periodiques suivants (par ordre alphabetique): Etudes fran~aises, Etudes litteraires, LitteRealite, Presencefrancophone, Protee, Tangence et Voix et images. Si la liste est loin d'etre exhaustive, l'importance de la plupart des revues recensees est notoire dans le champ litteraire. Pour des raisons materielles, d'abord, mais aussi pour des raisons de pertinence, je REVUES SCIENTIFIQUES 73 tiens compte surtout de revues avisee scientifique avouee dans le domaine des humanites litteraires, qui ont paru en 1997· Je retiens essentiellement les articles de fond, les etudes et les analyses, qui sont generalement rassembles dans des dossiers thematiques. Sont ecartees les recensions publiees dans ces memes revues, meme si elles sont souvent revelatrices. Ce bilan, forcement descriptif et eclectique, devrait laisser apparaitre, au mains, de grandes orientations theoriques et pratiques et une selection d'objets critiques. Je suis reconnaissant aMaryse Gagnon, etudiante a l'uQAM, de sa collaboration ala preparation de cette retrospective annuelle. La premiere-livraison, en 1997, de la revue Etudesfrant;aises (vol. 33, n° 1) - ici, une ainee dans le domaine - propose justement un dossier sur les relations entre l'ecriture et la critique. Les ecrivains-critiques sont-ils des«agents doubles», demande-t-on d'embleepar le titre? Le dossier contient, en fait, les reflexions exposees lors d'une joumee de celebration des trente ans de la revue en octobre 1995. Lise Gauvin precise que la revue souhaite ainsi « garder vivant le dialogue entre critique et creation», entre savoir et ecriture. Elle souligne egalement que la notion d'agent double, empruntee a Pierre Mertens (1989), « devient pur artifice dialectique lorsqu'il s'agit de l'appliquer ades activites aussi complementaires que celles qui precedent d'un travail theorique et celles qui se reclament de !'invention comme telle >>. Dans le premier article...

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