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8 LETIRES CANADIENNES 1997 d'amateur pour erotomanes: une femme s'offre alui, et il n'a de cesse de la dessiner, nue, dans des poses de plus en plus grossieres et avilissantes, jusqu'a ce qu'il decouvre, enfin, sa verite fondamentale derriere tousles masques qu'elle emprunte. Plus interessantes seront les descriptions minutieuses du travail du faussaire, qui detaillent les techniques et les precedes de reproduction, du prelevement des pigments au vieillissernent du papier: on se prend apenser que I'auteur, qui est aussi peintre, joue a fond de l'art du maquillage et profite du paravent narratif pour regler ses comptes avec }'institution de l'art, formee exclusivement, semble-t-il, de collectionneurs nalfs, d'experts peu scrupuleux et d'arnateurs pervers. Une curiosite litteraire, Le carnet de table de Rene Jacob (Le Loup de Gouttiere, 120 p., 14,95$) fera Ies delices des dilettantes. Forme d'une vingtaine de courts recits, preface par le chef Roger Verge, truffe de cinq reproductions de tableaux d'Alfred Pellan, cet ouvrage releve de ce courant litteraire qui redonne ses lettres de noblesse al'art de Ia table. L'unite du recueil tient dans le personnage narrateur Rene Jacob, pharmacien de Vallee-Jonction en Beauce quebecoise, qui entretient une veritable passion pour les services de vaisselle, decouvrant une premiere fois, par exemple le Basket de Villeroy & Boch chez Jacques Cagna aParis, le retrouvant quelques annees plus tard chez Maurice, au cceur de Manhattan, pour enfin l'acheter, l'annee suivante, rue Royale aParis. La saveur de ce bouquet d'historiettes reside sans conteste dans ce delicat melange d'art, de litterature et de cuisine, ou le Lalique de Yourcenar avoisine le steak hache carre du college dans cet espace de la memoire qui s'eveille ala voix des choses au gre du sifflernent de la bouilloire Alessi sur fond de Variations Goldberg. Un petit delice, acroquer sans remords. 2 I PIERRE KARCH Dans Nuits d'Afrique (XYZ, 186 p., 19,95$) d'Alain Olivier, un honune age de trente ans, unhonune qui a done l'age qu'avait I'auteur aumoment de commencer la redaction de ce roman en 1993, redecouvre un continent qui n'est plus tout a fait ce qu'il se rappelle avoir imagine lorsqu'il etait gamin, d~ou !'importance, pour lui, dele decrire tel qu'ille voit, mais aussi tel qu'il en a garde le souvenir. On voit, des le premier chapitre de ce roman qui en compte vingt-deux, que ce retour aun lieu est aussi inevitablement un retour au passe. Dans ce recit ala premiere personne, le decor, qui est toutle contraire d'un cliche pris par un touriste en mal d'exotisme ou de pittoresque, entre par taus lessens et les pores du narrateur jusqu'a son cceur et son arne, car le paysage, « habit€ par des creatures etranges ~) qu'il anime,lui rappelle des histoires de ses « livres d'enfant», quand ce ne sont pas des legendes locales. ROMAN 9 Le lecteur depayse lit descriptions et portraits d'un monde sur lequel il n'a que quelques idees vagues ou toutes faites, semblable en cela au narrateur dont se moque « le vieil hornme » qui les lui fait perdre l'rme apres l'autre, tout en l'initiant ala sagesse d'un continent par I'experience qu'il en fait et par quelques formules admirablementbien toumees, comme celles-ci: « Il faut savoir, quand on a froid, se rapprocher de ceux qui font du feu»;« Un couteau, meme aiguise, ne peut racier son propre manche »;« Les enfants ne rnarchent-ils pas sur les traces de leurs parents, comme les pattes de derriere, chez un animal, suivent celles de devant? » A moitie chemin dans son periple, le narrateur conclut « qu'il n'est jamais trop tard pour tacher de mieux vivre sa vie». Cette vie nouvelle sera celle de l'homme blanc touche par 1'Afrique. Ce n'est qu'au terme de ce voyage initiatique qu'il retrouve son pere. La fin de ce roman ne se raconte pas; il ne faudrait surtout pas la resumer. 11 faut plutot la lire lentement... comme un poeme. C'est aussi a un voyage initiatique que...

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