Marie-Didace by Germaine Guèvremont (review)

492 LETTRES CANADIENNES 1996 Quebec et on peut croire que ce sont ses recherches sur L'Actionfranraise qui ant suscite son interet pour ce best-seller des annees 1920. Dans un premier chapitre, il reconstitue Ie contexte d'apres les Mbnoires de l'historien. Un deuxieme chapitre consacre encore au contexte place Ie recueil Les rapaillages dans son point de mire: cet ouvrage seraitl'amorce du retour aux origines. Hebert lui attribue un rOle de detonateur qui aurait decienche une veritable mode litteraire que j'ai pour rna part appelee «Vieilles choses» (Introduction a la litterature quebecoise 1900-1939, p. 43). Pourtant c'est Camille Roy qui avait donne Ie ton avec «Le vieux hangar» publie des 1913. L'annee suivante paraissait Chez nous d'Adjutor Rivard. Merne si quelques «contes » de Groulx avaient paru isolernent avant 1916, on peut hesiter alui attribuer Ia paternite de ce mouvement. Quoi qu'll en soit, Ie recueil remporte un franc succes de librairie et incite certainement I'auteur a recidiver. Cependant Ie lien avec L'appel de fa race n'est pas explicite. Le troisieme chapitre porte sur « Lionel Groulx a L'Action franfaise ». II constitue, aman avis/l'apport Ie plus original de ce livre ala connaissance de l'historien. On soup~onnait Groulx de se livrer aun certain cabotinage, grace a des pseudonymes, mais pas autant que Hebert et Llll1eau Ie demontrent. Par sa faconde, Ie redacteur entretient des disputes en se dormant 1a replique, manipule les textes avec un grand talent et ne recule pas devant Ies moyens pour assurer sa reussite. Seulle qiIatrieme chapitre porte explicitement sur L'appeI de la race. Pour I'analyse de ce roman hautement ideologique, Hebert se retranche derriere la theorie et se contente d'une explication plutot teclmique, qui lui evite de prendre parti et de donner son interpretation. Le cinquieme et demier chapitre consacre ala reception se limite aux deux vagues de recension de l'ceuvre, celle qui suit immediatement sa publication et celle de 1950, mais sans jamais faire part des diverses lectures dont Ie roman a ete l'objet. En effet, 13. partir de Rene du Rouvre jusqu'a l'auteur des Canadiens franr;ais, L'appel de la race a donne lieu aux interpretations les plus diverses. Acause du mot «race» aujourd'hui banni au nom de 1a rectitude politique, Ie titre revient sous la plume de divers comrnentateurs qui y voient l'origine du«racisme» au Quebec. Je comprends Pierre Hebert de n'avoir pas voulu s'engager dans ce debat. (MAURICE LEMIRE) Germaine Guevremont, Marie-Didace. Edition critique par Yvan G. Lepage Montreal, Les Presses de l'Universite de Montreal, call. Bibliotheque du Nouveau Monde, 446 p. Cornme Ie note Yvan G. Lepage dans les premieres lignes de son avantpropos , meme si la parution de ce deuxieme roman de Germaine Guevremont a suscite de meilleures critiques que Le SU17Jenant, Marie-Didace a toujours vecu dans l'ombre du roman dont il est 1a suite. SCIENCES HUMAINES 493 Cette edition critique de Lepage, responsable egalement de l'edition critique du Survenant dans cette meme collection en 1989, temoigne d'un certain desir d'equilibrer Ie rapport de force entre les deux ceuvres, tout en continuant de s'incliner devant Ie regne du roman eponyme du Granddieu -des-routes. Cette edition suit l'organisation typique des ceuvres editees dans cette collection. Dans l'introduction, au lieu de repeter la notice biographique sur Germaine Guevremont, disponible dans l'edition critique du Survenant, Lepage convie Ie lecteur a une visite guidee du Sorel de Genname Guevremont, tout en faisant reference aux details de sa vie ayant trait ala creation de ces deux romans ainsi qu'aux h~Ieromans que ceux-ci ont inspires. La deuxieme partie de l'introduction est d'un grand interet pour I'etude textuelle de l'reuvre. Dans «Genese de Marie-Didace }), Lepage profite de l'etude des lettres que Germaine Guevremont a envoyees a Alfred Desrochers pour esquisser Ie processus de creation des deux romans. Ayant etudie celies qui concernent Le Survenant dans l'introduction de son edition critique de cet ouvrage, Lepage se concentre sur celles des annees 1945 et 1946. Ces Iettres revelent...