In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

490 LETIRES CANADIENNES 1996 Ces deux recueils ont eterediges it l'intention de deuxhommes modestes et consciencieux. TIs leur font effectivement honneur. Atravers les textes rassembles, c'est toute une generation qui exprime envers ces travailleurs fideles sa dette et sa reconnaissance. (FRAN<;OIS PARE) Andre Vanasse, Emile Nelligan. Le spasme de vivre Montreat XYZ editeUI, colI. Les grandes figures, 201 p. Ce livre fait partie d'une collection qui propose des biographies romancees consacrees aux heros populairesdu Canadafran<;ais. CEuvre de commande, mi-reportage et mi-fiction, it la fois didactique et litteraire, ce genre de recit veut faire revivre pour un ieune public les grandes figures de l'histoire et recreer le climat d'une epoque. au commence la realite, ou finit la fiction? C'est Ie genre de questions que souleve cette categorie d'ouvrages. Pourquoi romancer une vie qui a deja ete passablement saisie, pour ne pas dire trahie, par la Iegende et l'invention romanesque? En exploitant ce filon, je ne suis pas sur que l'on fasse avancer la cause de l'histoire et, ici, celle de la litterature. UnNelligan alite attend sa derniere heure. Sous Ie regard attendri d'une religieuse de Saint-Jean-de-Dieu, il revoit une derniere fois les principaux evenements de sa vie. La scene, reprise au debut de chaque chapitre, fait Ie lien entre les episodes d'une existence partagee entre l'aventure sentimentale et la carriere poetique. Cote cceur, Nelligan est emu par les jeunes filles qu'il rencontre, mais Iorsque vient Ie moment de les revoir, illes fuit. Au contraire,lorsque Ie jeunehomme se fait plus entreprenant, c'est l'etre aime qui s'esquive. Ce jeu de cache-cache occupe une grande partie du recit qui s'appuie sur des episodes, pour la plupart inventes, et sur des portraits de personnages tantot reels (Gretchen, Fran<;oise), tantot fictus (Hilory, Ilse). Les relations de Nelligan avec ses amis et ses confreres artistes constituent I'autre versant de l'histoire. On y retrouve les principaux evenements de la carriere du poete: amities avec Arthur de Bussieres, Charles Gill et Denys Lanctot, premieres publications, relations episodiques avec l'Ecole litteraire de Montreal, participationaux seances publiques et premierprojet de recueil. Andre Vanasse prend des libertes avec certains faits. Ainsi contrairement ace qui est dit, Ie projet de preface de Dantin est posterieur a l'internement de Nelligan et l'amitie du poete avec Ie critique est plus tardive qu'il ne Ie dit, car il faut en situer l'origine en 1898 plutot qu'en 1897. Le premier recueil de Guy Delahaye s'intitule Les phases et non pas Phases. Heureusement ce genre d'erreurs n'est pas frequent et n'arien avoir avec les elucubrations pseudo-biographiques d'un Bernard Courteau. Ce sont les passages qui mettent en scene des personnages fictifs qui me laissent Ie plus perplexe. En effet pourquoi inventer une Hilory, tme Ilse ou une SceU! Marie-du-Saint-Sauveur alors que des persormes, bien n~elles SCIENCES HUMAINES 491 celles-Ia, cornme Beatrice Hudon, Idola Saint-Jean, Edith Larrivee, Madeleine Huguenin, ne sont pas presentees. On peut se demander comment Ie lecteur qui ne cOImait pas labiographie de Nelligan pourra s'y retrouver et faire la part des choses. Est-ce qu'en donnant une version romancee des faits, on sert bien la cause de l'histoire? Est-ce que la chronologie qui fixe, ala fin de I'ouvrage, les principaux evenements de la vie de I'homme et de son epoque permettra au Iecteur de departager la realite de la fiction? Est-ce que cette partie ne viendra pas plutOt renforcer l'effet de reel des episodes inventes? Quant a la conception de la poeside qui se degage du recit, elle ne depasse pas la visionrhetorique etromantique ordinaire.Ainsi la valeur du ,poerne se mesure au pouvoir de seduction qu'il exercesur les lecteurs et sur les auditeurs, il sert d'exutoire al'amour contrarie et il s'inscrit dans un projet de carriere. Le narrateur prete aNelligan Ie raisonnement suivant apres sa rupture avec Fran~oise: Avrai dire, il etait toujours certain que sa rupture avec Fran<;oise allait briser sa vie. Une fracture irremediable, peut-etre encore plus grave que celle qu'il avait connue avec Ilse. Car Ilse, c'etait comme un reve. C'etait un ange venu du del et qui yetait retourne. Mais avec Fran~oise, c'etait sa carriere qui etait enjeu.Elle seule pouvait faire de lui un poete celebre. Peu de lecteurs seront seduits par cette interpretation qui contredit la croyance commlll,1e qui veut que l'authenticite poetique repose justement stir Ia denegation de ce genre de calcul. C'est sans doute l'hybridite de la, biographie romancee et lanecessite de faire un lien avec Ie chapitre suivant, consacre a la relation Nelligan-Dantin, qui amenent Ie narrateur a construire , sur une antithese fictive (Ilse versus Fran~oise), un raisonnement improbable. La logique des casualites, valorisee par lanarrateuI, elimine la possibilite d'tu1e lecture plurivoque, ouverte, voire hypothetique du reel vecu par Nelligan. Une narration qui aurait mis l'accent sur la virtualite et la suhjectivite de l'interpretation du biographe aurait sans doute ete plus veridique, plus adequate et plus riche en enseignernent que cet exercice de litterature pedagogique ou de faux roman populaire. (JACQUES MICHON) Pierre Hebert avec la colI. de Marie-Pier Luneau, Lionel Groulx et« Cappel de La race» Saint-Laurent, Fides, 204 p. . Avec la collaboration de Marie-Pier LW1eau, Pierre Hebert vient de publier une nouvelle etude sur L'appel de la race de Lionel Groulx. En fait, il s'agit d'un regroupement d'articles dont certaffis ont deja paru dans des revues. On connait bien l'interet de Pierre Hebert pour l'histoire de l'edition au ...

pdf

Share