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436 LETTRES CANADIENNES 1996 que de l'influence toujours grandissante de la langue anglaise dans Ie monde, au detriment de Ia culture et de Ia langue fran\aises. Affisi,la place de la litterature quebecoise dans Ia francophonie, cene de la litterature neerlandaise dans Ie contexte europeen,I'affranchissement de la litterature arnericaine de la litterature anglaise au XIXe siecle donnent lieu a des analyses socioIogiques qui permettent de resituer dans un cadre plus large 1a question de la nationalite d'une lith~rature, dont les assises demeurent fragiles, rnais neanmoins n~elles. Soulignons que I'ouvrage est agremente d'lID« Index des noms propres, des ceuvreset des themes» qui en facilite 1a consultation. (CHRISTIANE KEGLE) Seductions du kitsch. Roman, art et culture, s. la dir. d'Eva Le Grand Montreal, XYZ editeur, coll. Documents, 184 p., 19,95$ SOliS ce titre seduisant, mais peu seducteur, Eva Le Grand, deja connue pour ses travaux qui portent sur 1a rneme problematique, a reuni une equipe de chercheurs qui s'interessent au phenomene du kitsch. En fait, 11avant-propos de l'ouvrage precise qu'il a ete con<;u en deux temps, et qu'il reunit au moins deux equipes dlstinctes: un groupe de recherche fonde a I'UQAM, constitue aut~ur des «Paradigmes du kitsch dans Ie roman contemporain » (dont on devine qu'il est surtout forme de jeunes chercheurs), et des« chercheurs etrangers reconnus» contactes a la suite de conferences' et de seminaires portant sur Ie meme sujet. EnDn, Ie volume s/est enrichi avec la collaboration de deux collegues« montrealais ». Le caractere hybride de I'ouvrage, aussi bien du point de vue de la provenance des textes que de celui des auteurs analyses, en constitue ala fois les points forts et les points faibles. Atitre de reussites, soulignons d'abord lforiginalite de l'objet etudie. Comrne Ie signale Eva Le Grand dans son mtroduction, les etudes portant sur Ie kitsch se sont surtout interessees par Ie passe aux arts visuels, au detriment de l'art litteraire. Une interrogation critique centree sur Ie roman a permis d'elargir ce cadre, mais surtout de substituer a1'« objet kitsch» Ie«sujet}) du phenomene kitsch dans ses rapports avec la culture contemporaine . Atravers l'analyse critique du kitsch romanesgue, c'est aune relecture de 1a culture du xxe siecle que ce volume nous convie. Sur ce chapitre, l'ouvrage couvre un vaste eventail culturel. Quatre continents sont.representes - les deux Ameriques, l'Europe et I'Asie - et au moins deux traditions litteraires: I'occidentale et l'orientale. Si cette derniere beneficie d'un mince apport (un seul texte: celui d/Alain Rocher)} l'etude qui lui est consacree a Ie merite de questionner la pertinence merne d l« importer» dans une autre tradition un terme aussi occidentalise que peut l'etre 1a notion de kitsch. A noter aussi la presence inusitee de guatre auteurs guebecois (Michel Tremblay, Victor-Levy Beaulieu, Rejean Ducharme et SCIENCES HUMAINES 437 Marie-Claire Blais) et une importante sectionconsacn§e al'Amerique latme (une etude de type panoramique suivie de deux analyses pbnctuelles), terrain propice pour qui s'interesse au kitsch contemporain. L'ouvrage est precede d'une introduction d'Eva Le Grand qui problematise 1a notion de kitsch anotre epoque, apartir d'instruments theoriques qui s'inscrivent dans une filiation que l'on pourrait qualifier d'Europe centrale (Wedekind, Brach,Gombrowicz, Kunderaet5carpetta) et dont s'inspirentplusieurs des analyses qui suivent. 5i ce filon semble parfois limitatif, malgre sa reelle pertinence (Ie kitsch, comme nous Ie rappelle l'auteur, n'est-il pas ne en Europe centrale?), tllle bonne bibliographie indicative ajoutee ala fin du volume elargit de nouveau Ie cadre et nous propose d'autres pistes de lecture. Le caracterehybride de l'ouvrage comportem~anmoins des lacunes, dont 1a plus frappante est sans doute l'inegalite des textes: certains sont trop scolaires. On a parfois l'impression qu'ils procedent par «theorie et ilh,lstration », OU la theorie est donnee d'avance (soit dans l'absence d'une definition - et alors on suppose que tout Ie monde s'entend sur ce qu'est Ie kitsch- soit par definitions partielles) et OU l'analyse qui en decoule illustre trop bien Ie parti pris de depart. .Orl contrairement ace qu/on paurrait s'attendre, ce defaut n'est pas l'apanage des « jeunes chercheurs locaux »; il revientegalement chezcertains «chercheurs etrangers reconnus ». Apart I'introduction, qui propose des elements de definition, mais non une synthese conceptuelle du phenomene, et quelques textes qui interrogent des termes plus au mains equivalents dans d'autres cultures - Ie cursi espagnol (Santos) et Ie poshlost russe (Boym) -, la notion meme de kitsch n'est pas suffisamrnent problematisee. Dornmage, par exemple, que les termes ketaine ou cucul (Ie premier etant mentionne dans l'introduction) n'aient pas fait l'objet d/une enquete « philoIogique » de la part des auteurs qui se sont interesses ala litterature quebecoise. Mais surtout, l'ouvrage peche par un certain exces de zele qui recele une contradiction, peut-etre meme un effet d'aveuglement. Le presuppose du livre, que )'on trolive dans l'introduction, designe « Ie kitsch comme Ie denominatem commun de 1a civilisation de notre xxe sieele», enonce dont on peut mettre en doute Ie caractere universel. Face ace peril moderne et«postmoderne », les auteurs veulent «apporter un regard critique sur Ie kitsch, regard exempt de tout jugement de valeur (positif comme negatif) », tout en resistant aux «puissances ornnidevorantes du kitsch» (selon l'expression empruntee aVattimo). Apartles etudes de Zapata,et dans une moindre mesure Boym, presque tous les autres auteurs du volume precisent que les romanciers qu'ils ont choisis (et qui appartiennent, on s'en doute, a1a «grande litterature») resistent aux «seductions du kitsch »: en Ie dejouant, en Ie critiquant au en Ie parodiant. Mais on peut se demander aquel type de resistance s'exercent aleur tom les auteurs reunis autour de ce curieux «denominateur commun »: suffit-il de 1a designer chez des 438 LETTRES CANADIENNES 1996 romanciers conscients des effets nefastes du kitsch pour echapper automatiquement ases seductions? L'objectivite du regard critique est-il une garantie contre Ie kitsch ou ne s'agit-il pas parfois d'une pseudoobjectivite , qui serait alors un effet pervers du kitsch operant un retour du refoule chez les auteurs memes qui entendent Ie denoncer? Faut-il d'ailleurs necessairement resister aux pouvoirs de seduction du kitsch? N'est-il pas possible d'imaginer, meme chez les rornanciers les plus lucides convoques dans ce collectif, qu'une attitude critique vis-a-vis du phenomene kitsch peut aussi se doubler d'une certaine complaisance al'egard de ce qui nous fascine chez lui? On aurait souhaite des reponses aces questions ou du moins qu'elles soient J:!lieux mises en evidence, mais personne, semble-t-it ne veut succomber aux charmes du kitsch: ce qui est bien comprehensible, mais egalement un peu dommage. Car dans cette strategie de la resistance « a tout prix», c'est Ie pouvoir reel de seduction du kitsch qu'on finit par perdre de vue. (GILLES DUPUIS) . Collectif de I'atelier, Le travail de la fonne Montreal, XYZ editeur, colI. Travaux, 1995, 101 p. Sergio Kokis, Les langages de la creation Quebec, Nuit blanche editeur, call. Les conferences publiques de la CEFAN, 78 p. Monique LaRue, L'arpenteur et Ie navigateur Saint-Laurent, Fides, Centre d'etudes quebecoises, Universite de Montreal (clhuQ), 30 p. Le travail de la forme se divise en trois parties: un texte de Marielle SaintPierre intitule «Forme et alterite dans l'esthetique de Theodor Adorno », une reflexion theorique de Paul Chamberland sur les geogrammes et une bibliographie de plus de 700 entrees sur les themes « ecritures, esthetiques ettheories de la creation». Ehtdiante de maitrise al'UQAM, Marielle Saint-Pierre a condense deux chapitres de son memoire pour presenter la pensee adornienne sur Ie travail formel en creation. Saint-Pierre precise que c'est a travers des fragments qu'Adorno aborde les problemes souleves par l/art et la litb~rature modemes. II est question d'une esthetique de l'alterite, du processus createur comrne mode de connaissance, de Ia notion de mimesis conune saisie de l'insaisissable. Saint-Pierre refere abondamment aTheone esthetique et n'evite pas Ie piege du collage de citations. Elle met en relief Ie paradoxe que souleve Adorno concernant la modernite artistique au xxe siec1e: «L'art modeme, devenu de plus en plus autonome et conscient de ...

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