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SCIENCES HUMAINE5 183 Lue Noppen et Lucie K. Morisset, La presence anglicane aQuebec: Holy Trinity Cathedral (1796-1996) Sillery, Les Editions du Septentrion, 191 p. Voila ce que l'on peut appeler un bon et bel ouvrage, dans tous les sens du terme. Avec science, aisance et une profusion de documents iconographiques , Luc Noppen et Lucie K. Morisset amenent Ie lecteur a prendre connaissance de la presence anglicane a Quebec grace a l'histoire d1une eglise assez peu connue et qui demeure neanmoins la plus ancienne de la ville, Holy Trinity Cathedral. En premier lieu,Ie lecteur est convie a «]a visite du monument». 11 s'agit d'Wle tournee systematique du site, comprenant Ie presbytere et Ie Church Hall, completee par la visite de la cathedrale elle-meme, celle-ci etant programmee de fac;on a faire apprecier toutes ses valeurs architecturales et historiques, sans negliger Ie mobilier, les vitraux, les sculptures et les plaques commemoratives. Suivent, dans l'ordre, l'histoire de l'etablissement anglican dans la ville franc;aise et catholique, cene de la construction, a partir de 1800, de la cathedrale par Ie capitaine William Hall et Ie major William Robe, et, enfin, un compte rendu detaille des influences metropolitaines qui ont marque cette 02uvre digne et austere. L'ouvrage se termine par la pn§sentation de quelques architectures de l'Eglise d 1 Angleterre dans la vieille capitale. Outre l'analyse des valeurs historiques et arcrutectW"ales de la cathedrale et de ses dependances, les auteurs mettent l'accent sur deux aspects en particulier. D'abord,la c'omplexite de l'etablissement anglican dans la ville de Quebec. On y apprend avec beaucoup de nuances que Ia difficulte ne vint pas tant de l'opposition des catholiques largement dominants dans l'agglomeration, mais bien des Eglises dissidentes de Grande Bretagne (methodiste, baptiste et presbyterienne) qui, directement ou parpoliticiens interposes,.contesterent les pretentions de Jacob Mountain, «fondateur de l'Eglise d'Angleterre dans les Canada», d'imposer la suprematie de son Eglise. Le second aspect a trait a la composition architecturale classique de I'eglise, laquelle est analysee en regard de la tradition classique fran<;aise qui a d'abord marque la colonie et, ensuite, par rapport aux mocleles paladiens d'Angleterre, principalement la celebre eglise londonieIUle St. Martin in the Fields, de l'architecte James Gibbs. C'est la un domaine de connaissance que Noppen affectionne et il se permet quelques digressions poW" souligner la perennite de la tradition c1assique dans sa borme ville, notamment enmontrant commentIa maison urbaine de la Nouvelle-France s'est transformee avec la venue des Britanniques, mais en conservant Ie meme langage classique. Par c~ntre, les auteurs ne font qu'effleurer une question qui, selon nous, est centrale concernant cette cathedrale anglicane: son implantation 184 LETTRES CANADIENNES 1995 particuliere dans 1a trame urbaine du Vieux-Quebec. Celle-ci a quelque chose d'incongrue: l'eglise tourne en effet Ie dos ala p]ace d'Armes, et son imposante fa<;ade principale donne sur une rue secondaire, la rue des Jardins. Non seulement cette position inhabituelle cree-t-elle un certain malaise sur Ie plan visueL mais elle contredit une tradition fondamentale de la ville preindustrielle. La place publique, qu'elle se nomme place Royale, place d'Armes ou place du marche, est l'equipement urbain par excellence de ce type de ville, et les institutions dominantes y ont pignon sur rue. Dans l'arrondissement historique du Vieux-Quebec, c'est Ie cas, notamment, de l'eglise Notre-Dame-des-Victoires a1a place Royale et de la cathedrale catholique Notre-Dame devant la place de l'Hotel-de-Vil1e. N'est-ce pas aussi Ie cas, aLondres, de ceUe eglise St. Martin in the Fields face au square Trafalgar? Pourquoi Jacob Mountain, qui a consacre sa vie avouloir affirmer la presence de l'Eglise d'Angleterre, n'a-t-il pas tire ce profit d'un environnement aussi prestigieux que celui de la place d'Arrnes, porteur d'une valeur symbolique unique, et offrant, au surplus, une vue panoran:lique sur Ie grand fleuve? Seion Noppen et Morisset, ce sont les vestiges de l'eglise et du couvent des Recollets,lesquels occupaient Ie site avant d'etre incendies en 1796, qui auraient force ou favorise ceUe implantation particuliere de la cathedrale britannique. Peut-etre, rnais pour bien debattre de cette question, il aurait fallu presenter une succession de plans historiques de cette partie de la ville, de fa~on aen cerner l'evolution morphologique. Or, dans tout l'ou- -vrage, il n'y a pas un seul plan d'ensemble du secteur, ni ancien ni actuel, cornmesi ce monument ne faisait pas partie integrante du tissu urbain. Sans doute Ie lecteur peut-il, grace aux photographies historiques et actuelles des Heux et du plan en relief de Duberger, se faire une certaine idee de cette evolution, mais cela ne remplace pas les plans urbains. Ce sont les plans qui donnent la forme a1a ville, et l'architecture «monumentale» n'est pas dissociable de ceUe forme, comme l'a bien demontre AIdo Rossi. Ce sont les plans de ville qui permettent egalement aux lecteurs de situer les batiments dans l'espace; sans plan, adefaut d'etre sur place, ceux qui ne sont pas familiers avec Ie Vieux-Quebec auront de la difficu1te asaisir Ie dialogue de1acathedrale Holy Trinityavec son environnement. Dommage, car c'est ce qui distingue l'architecture urbaine de l'architecture. (JEANCLAUDE MARSAN) Gaston Roberge, Autour de Marcelle Ferron Quebec, Le Loup de Gouttiere, 104 p. Des lieux de memoire. ldentite et culture modernes all Quebec 1930-1960, s.la dir. de Marie Carani Ottawa, Les Presses de l'Universite d'Ottawa, 240 p. ...

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