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SCIENCES HUMAINES 157 contribueront au renvoi d'Hubert Aquin de l'oNF». Comme quoi on peut aller loin dans l'inforrnation gratuite en partant de la vitesse interdite. Quantal'exactitude approximative decertains renseignements,Ie lecteur qui a deja lilIes Metamorphoses du cercle de Georges Poulet sera sans doute surpris de lire dans la «Presentation» que Ie meme critique aurait aussi ecrit Metamorphoses du siecIe [sic] et peut-etre rassure, quand meme, que «l'ouvrage ne figure pas dans les lectures aquinieIU1eS». II reste que la somme d'information juste et pertinente recueiIlie avec tant de soin merite sans doute l'indulgence pour Ie reste, plus confusou superflu. (GILLES DE LA FONTAINE) Suzanne Legault et Marie-France Silver, Vierges foLIes, vierges sages. Kaleidoscope de femmes canadiennes dans ['univers du legendaire Saint-Boniface, Les Editions des Plaines, 279 p. Les femmes de Iettres. Ecriture feminine ou specificite genenque? s.la dir. de Benoit Melan<;on et Pierre Popovic Montreal, Centre universitaire de lecture sociopoetique de l'epistolaire et des correspondances (CULSEC), Universite de Montreal, 1994, 162 p. Le roman quebecois-au feminin (1980-1995), s.la dir. de Gabrielle Pascal Montreal, Tryptique, 195 p . Guylaine Poissant, Portraits de femmes du nord ontarien Ottawa, Le Nordir, 171 p. Ces quatre ouvrages presentent chacun a leur maniere une galerie de portraits de femmes. Tantot atravers Ie discours epistolaire et Ie mode romanesque, tantot grace aun examen ~e la vie quotidienne d'm) groupe de femmes d'une petite municipalite isolee ou encore au moyen d'un parcours varie du cote de l'histoire et du conte, ces etudes inscrivent Ie feminin au CCEUT de la reflexion litteraire ou socio-culturelle. C'est Ia tout ce qu'elles ont en conunun. Suzanne Legault et Marie-France Silver offrent aux lecteurs de Vierges folles, vierges sages un repertoire de noms et de figures feminines sorties des registres historiques, artistiques, litteraires (ecrivaines et personnages de fiction) ou legendaires. Le livre se divise en trois parties: on y retrouve d'abord une quinzaine de vignettes des «ancestrales» ou pionnieres, en deuxieme lieu, onze fragments sur des femmes dites «d'art et de parole» et,finalement, une derniere section plus abondante consacree aux «fiIles de songes)} classees a partir de stereotypes traditiormels -(1'adolescente, l'amoureuse, la vieille femme, etc.). La preoccupation feministe des auteures qui ont prepare ce «kaleidoscope de femmes canadiennes», soit 158 LETTRES CANADIENNES 1995 celle de degager des figures feminines qui ont marque les cultures ,quebecoise et canadienne, est certes fort louable; cependant, I'articulation du projet ne lui rend guere honneur. D'une part, ce petit melange descriptif n'ajoute pratiquement rien al'etat des connaissances sur 1a question, et de I'autre, son utilite pratique demeure assez discutable. On se demande en effet aqui ce catalogue servira, bien que, comme l'indiquent Legault et Silver dans Ia preface, il «s'adresse aux lectrices et aux lecteurs qui, n'etant ill historiens ni specialistes de litterature au de folklore, 's'interessent neanmoins al'apport des femmes dans la culture canadielU1e et quebecoise » . Or, 1a nature superficielle et fort reduite (au niveau de l'inforrnation ) de chaque rubrique, une certaine complaisance dans l'anecdotique, l'absence totale d'analyses et de references contextuelles ne risquent pas de transformer cet ouvrage en texte de reference. ,Ala limite, tout au plus serti ! aconfirmer pour de jeunes etudiantes I'existence de modeles feminins qui ont marque I'histoire. Meme si d'emblee les auteures nient toute intention erudite, il faut deplorer l'usage systematiquede sources secondaires plutOt que des textes originaux ainsi que 1a pauvrete de 1a bibliographie qui accompagne Ie recueil. Par ailleurs, les criteres de selection des figures retenues me paraissent extremement vagues et justifient mal I'assernblage du corpus. Legault et Silver reunissent tour a tour des commentaires biographiques, historiques, cultureIs et litteraires sur des heromes celebres Oll inconnues, fictives ou reelles, tirees de la grande et de 1a petite histoire, de Ia culture populaire, de la litterature ou de la legende. En soi, cela ne devrait pas faire probleme, mais ceia ne suffit pas non plus aCONerer a l'ouvrage de Legault et Silver suffisamment de poids. Le personnage de legende (revenante, deesse, sorciere) et celui de la fiction (Donalda, Maria Chapdelaine, Ia Sagouine) ne delimitent certainement pas Ie territoire (physique, langagier, culturel) de la merne fa<;on que l'ecrivaine (Laure Conan), l'exploratrice (Lillian Alling), la religieuse fondatrice (Marie de I'Incarnation) au la militante (Marie Gerin-Lajoie, Emily Murphy), etres de chair et d'action qui mettent en place ades epoques differentes un certain discours social qui concerne autant les hornmes que les femmes. En ce sens, il faudrait nuancer davantage Ie recit que I'on articule autour de ces portraits reunis sans rime ni raison. Ainsi, comment rassembler dans la -meme foulee des figures aussi contradictoires que celles de Laure Conan, Marie Gerin-Lajoie, Emily Carr, Mary Pickford et La Bolduc comme les auteures Ie font dans la deuxieme partie sous la denomination de «femmes d'artet de paroles» sans merne un commentaire justificatif queIque peu eIabon !? Finalement I'interet du livre est sans doute d'effacer les frontieres entre des cultures distinctes et les discours qui les parlent et de nous faire decouvrir certains aspects des traditions amerindiennes et Inuit. Portraits defemmes du nord ontarien presente un tout autre type d'eventail. Dans cette monographie des femmes d'une comrnunaute francophone du nord-est ontarien, Guylaine Poissant traite, cornme son introduction l'an- SCIENCES HUMAINES 159 nonce,. des «rapports sociaux entre les hommes et les femmes de cette communaute ainsi que des contraintes economiques et sodaIes a1a fois communes atoutes les femmes et particulieres acelles de certaines COffimunautes du Nord». Ce travail rigoureux et detaille couvre done plusieurs dornaines de la vie quotidienne de ces femmes en region doublement inferiorisees par Ie sexe et l'appartenance aun peuple devalorise, objet de discrimination socio-economique. De fac;on generale, l'auteUIe s'inb~resse aux questions de langue, de religion, de travail et de culture pour deerire la condition de ces femmes en milieu rninoritaire et eloigne, et plus specifiquement au role de la farnille, de la tr~dition et du clerge dans cet lUlivers feminin,. a l'influence de l'environnement geographique et physique sur les aspirations des unes et des autres,. al'education et ala formation professionnelle des jeunes filles,. et surtout aux obligations, domestiques ou autres, avec lesquelles ces femmes doivent composer et, par ricochet, aux loisirs qu'eties organisent pour s'en liberer. Poissant revient aplusieurs reprises sur cette notion de temps fondarnentale pour expliquer Ie rapport des femmes a elles-memes et aux autres (pretre, patron, mari, enfant,. ami5). Elle precise que l'element Ie plus important pour sa recherche, et j'ajouterais Ie plus original,. demeure cette relation au temps, la conscience que les femmes en ont, «son appropriation, son partage et Ie contrale qu'elles en ant et, enfin,. leurs aspirations face au temps». Seion Poissant, Ie temps des femmes se voit marginalise aplus d'un titre dans l'economie capitaliste qui etablit un ordre base SUI Ie priorite du temps de travail marchand. «Le decoupage des temps individuels et leur hierarchisatioTI, ecrit cette derniere, c:reent egalement des inegalites relativement ala duree, au contenu et ala maitrise du temps». Ironiquement, meme en travaillant un plus grand nombre d'heures et en gagnant de meilleurs salaires que leurs maris, les femmes de Hearst continuent de croire que ceux-ci travaillent plus et plus fort qu'elles et que leur propre travail est en general moins important. L'etude realisee par Guylaine Poissant est extremement utile pour comprende la rnentalite et Ie fOTIctionnement d'an groupe de femmes rninoritaires. En ce qui touche la methodologie, l'essayiste a ehoisi de donner la parole aux femmes et a utilise pour les fins de son analyse une suited'entrevuesmenees aupres d/individus de differents milieux aquielle a de plus distribue lUl questionnaire. Les donnees recoltees s'averent fort interessantes, mais nous n'y arrivons malheureusement qu'en tout dermer lieu, soit dans la quatdeme et derniere partie. Poissant se consacre assez longuement pendant les trois premiers chapitres a definir Ie cadre theorique, apreciser son appareil methodologique, enfin areconstituer un historique fort developpe de laville. De plus, les recapi~lations du premier chapitre sur l'institution patriarcale reprennent llil certain nombre de cliches de la theorie ferniniste et auraientpu etre resumees davantage. Bref, l'analyse de la situation des femmes qui constitue 1a partie 1a plus . 160 LETTRES CANADIENNES 1995 stimulante de la recherche, bien qu'elle couvre un tiers du volume, vient tout de meme un peu tard pour Ie lecteur legerement agace par l'aspect didactique, voire scolaire, de l'etude qui semble avoir un peu trop conserve Ie caractere de la these. Dans Le roman quebecois au jeminin (1980-1995), on passe au domaine de la critique litteraire. Gabrielle Pascal y a reuni une serie de lectures presentees lars du coUoque du meme titre qui a eu lieu a l'Universite McGill en 1995. Le principal interet de ce recueil est sans doute de cemer un genre narratif (Ie roman), une periode (les quinze dernieres annees), un discours (l'ecriture au feminin). Rien n'est jamais acquis pour l'ecriture au feminin et il demeure fondamental que la critique continue de s'en occuper. L'ouvrage offre un regard critique sur des productions lith~raires recentes et aussi sur des auteures encorepeu travaillees ou mal connues. Ainsi, y trouvera-t-on des comrnentaires qui vont de l'ceuvre de Marie-Claire Blais acelies de Josee Yvon et d'Anne Hebert aPauline Harvey pour ne menrionner que ces exemples. Le livre contient cinq parties regroupees autour de paradigmes thematiques qui ont longtemps domine les ecrits de femmes et qui traversent encore ces recits marques du genre feminin. La premiere et la plus importante, quantitativement tout au moins puisqu'elle contient la moitie des etudes, p9rte sur la question de l'identite alors que les quatre autres volets sont regroupes autour des motifs du corps, de l'enfance et de 1a passion, sous-divisions plus ou moins aleatoires, car d'autres categories thematiques (Ie rapport mere/fille par exernple) recoupent egalement l'ensemble des textes etudies. La premiere partie du recueil intitulee « L'identite» temoigne d'une quete inscrite dans Ie travail d'ecriture de nombre d'ecrivaines qui sernblent poser la problematique de la parole identitaire au cceur de l'ecrit: (langage et sexualite lesbienne (Bourgeois et Paul), l'ecriture de l'exil (Lequin et _ Verthuy), rnerveilleux et transgression (Pascal), genericite (Smart), Ie discours de l'histoire (Neuville). De l'identite, on passe aux corps dits, interdits, effaces, refoules, violentes, aimes aussi: cris du corps/abjection (Bordeleau) relation mere-pere/enfant (Tanguay, Fremont, Desjardins, Samt-Martin), l'abstraction corporelle (Marcotte), Ie corps cornme lieu de resistance (Brassard). Il faut signaler dans ce contexte la contribution de Lori Saint-Martin qui traite de la violence et de la loi matriarcale qui conditionnent l'interpretation du recit et du corps feminin dans LJ obeissance de Suzanne Jacob. Le langage du corps desirant debouchera ason tour sur celui de la passion, excessive au bloquee: politique de la jouissance (Bertrand), inceste et violence (Smith). L'ensemble de ces commentaires, s'ils nous informent sur quelques parutions plus ou moinsrecentes, nous renseignent egalement sur Ie lieu qu'occupe Ie feminin (fiction/critique) dans l'espace de la societe quebecoise et sur la perception qu'en ant certaines ecrivaines. Nea.nrnoins, quelques rernarques d'ordre theorique SCIENCES HUMAINES 161 auraient ete sOlihaitables, ne serait-ce que dans une preface plus explicite sur Ie contexte de production des reuvres en question. Vexamen d'un groupe de correspondances a par contre dorme lieu a quelques considerations theoriques (narratologie, poetique, stylistique, psychanalyse, etc.) SUI Ie genre epistolaire tel que pratique par des«femmes de lettres». Benoit Melan<;on et Pierre Popovic ant reuni, adeux exceptionspr:es, les versions remaniees des communications presentees au colloque «Ecriturefeminine ou specificite generique? Le cas des femmes de lettres», organise al'Universite de Montreal en avril 1994. Dans Lesfemmes de lettres,le lecteur trouvera des commentairessur des textes epistolaires du XVl e au xxe siecles (Epistres de Marguerite Briet, recits epistolaires d'emigration , La Princesse de Cleves, lettres de MIle de Lespinasse, les correspondances Flaubert-Colet, Marie de l'Incarnation et son fils, Gabrielle Roy et sa sreur, Collette Audry, Ie Journal de Catherine Pozzi). Ce parcours dans Ie temps et }'espace montre bien aquel point Ie contexte socio-historique conditionne les differentes fonctions litteraires, aux niveaux formaliste et semantique, du mode epistolaire. Ainsi, les lectures critiques variees de ces textes proposent tour atour de s'attarder ala transgression et au renversement ideologiques au moyen de l'imitation et de l'argumentation (Beaulieu ), aune veritable poetique de l'heterogene et de la discontinuite, jugee propre aune forme de I'ecriture feminine (Paquin), au statut de la lettre fictionnelle dans Ie recit (Grutman), a [a predominance de I'alterite (la structure triangulaire, Kikman; l'ecriture, Fisher; Ie discours diaristique centre sur Ie narrataire, Beaudoin), aI'echange epistolaire comme construction du sujet (Michaud), ala lettre comme processus de deuil, presence/absence (Saint-Martin), enfin au hors-lieu, ala circonstance sOcio-historique meme (Gourdeau). Or, de ces neuf articles, seul celui de Ginette Michaud explore veritablement la question de la specificite generique apartir de la correspondance de Collette Audry qui tend adeplacer l'interrogation de depart: «Et si la question de la difference sexuelle ou de la specifite generique, remarque Michaud, n'etait seulement, tout compte fait, qu'une question-ecran (comrne on dit souvenir-ecran), masquantcelle infiniment plus fondamentale et difficile de ce quIll est possible de dire, des limites, toujours a deplacer, du dire lui-meme?) Elle nous invite achercher Ie feminin du cote de la tension langagiere, de l'ouverture, de l'audace et d'un sens absolu de l'invention communs a plus d'tme ecrivaine comme en font preuve les diverses interventions des conferenciers. Les organisateurs du collaque soulignent dans l'introduction la contradiction contenue implicitement dans Ie propos initial du colloque: difficulte d'une definition sexuelle en dehors d'une analyse d'ordre sociocritique; contradictions d'une theorie des genres prise entre un champ culturel et une critique litteraire soucieuse d'eviter toute categorisation generique aoutrance. On sentce malaise dans la majorite des reflexions critiques, car les auteurs semblent y privilegier 162 LETTRES CANADIENNES 1995 avant tout Ie lieu du genre plutot que celui desgenderstudies, n'arrivant que tres rarement ales rapprocher et ne touchant pratiquement jamais a la theorie feministe qui leur aurait ete neanmoins bien utile compte tenu de la question originale du titre. (CLAUDINE POTVIN) Norbert Spehner, Les fils de Jack rEventreur. Guide de lecture des romans de tueurs en serie Quebec, Nuit Blanche editeur, coIl. Etudes.paralitteraires, 355 p. Guimauve etfIeurs d'oranger. DeIly, s. la dir. de Julia Bettinotti et Pascale Noizet Quebec, Nuit blanche editeur, colI. Etudes paralitteraires, 201 p. Armes, [armes, charmes... SeriatiM et paralitterature, s. la dir. de Paul Bleton Quebec, Nuit Blanche editeur, coll. Etudes paralitteraires, 291 p. Les etudes sur la culture populaire nord-arnericaine tournent souvent au salmigondis, brassant tout Un attirail d'artefacts culturels, du jazz au jeans, des series televisees aux centres commerciaux, ainsi quien temoigne la recente Introduction to Theories of Popular Culture de Dominc Strinati chez Routledge. La critique proprement litteraire du domaine est presque exclusivementdomineepar les problematiques feministes. Globalement,la critique continentale - hors quelques poches de recherche fran<;aise - encore tristement delimitee par les balisages des diplomes et des concours nationaux, ne se penche qu'exceptionneUernent sur Ie phenomene. II est donc heureux que la jolie collection quebecoise «Etudes paralitteraires» sorte un bouquet d'etudes qui cernent bien les dimensions ecrites de la culture populaire, sans la denaturer.ni en faire un cheval de bataille, mais en y apportant les acquis des grandes theories du recit et de la semiotique. Dans la lignee des volumineux fcrits sur..., Norbert Spehner signe une nouvelle bibliographie: un recueil cornmente de quelque mille cinq cents entrees de la fiction sur Jack l'Eventreur et ses epigones. Un tel volume est Ie bienvenu, car si les romans de tueurs en serie atteignent depuis dix ans une popularite sans precedent pour Ie genre, popularite qui n'est que trop visible SUI les affiches des salles obscures, les etudes n/ont pas suivi et meme les sociologues ne semblent pas s'etre penches sur la preuve d'un certain malaise dans la civilisation Oacques La Mothe parlait apropos du roman policier d'Une «rupture dans Ie tissu socia!», mais Ia rnythocritique populaire est restee lettre morte). Dans un style qui n'est qu'a lui, c'est-adire emaille de jeux de mots sur une poly-isotopie de la dissection qui viendront detendre ou irriter selon qui lit (cela va du morceau de bravoure de la page 651 aux doubles sens mercuriels des entrees A336, A824 ou A79), Spehner rassemble en 355 pages, incluant un index, l'essentiel de ce qui est accessible ou important. 11 est dommage que l'ouvrage soit victime de ...

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