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126 LETTRES CANADIENNES 1995 collectionner les perles qui emaillaient Ie discours oHidel. II en resulte une sorte d'humour qu'accentue une langue souvent tres familiere. On s'interroge donc sur Ie serieux du propos. Par ailleurs, une abondance de statistiques nous ramene ala realite de l'epoque. Il pourrait donc s'agir simplement 9.'un procede pedagogique destine aagrementer une matiere parfois aride. . Mais 1adistance ironique qu'il garde par rapport aux evenements indique pIus. C'est en effet la consecration historique qui est remise en jeu. Lahaise abat des idoles: merne Groulx est remis en question. Lahaise montre que Ie fameux maitre s'est contente de demi-mesures et s'est refugie dans l'ambigulte . Achaque page, il indique toujours Ie lieu d'OU il parle. En tant que Quebecois de la fin du xxe siecle, il se preoccupe plus de liquidation que de comprehension. C'est un passe revolu avec lequel i1 a rompu, comme s'il etait possible de se liberer de son passe. Meme s'iJ ne parvient pas aabolir Ie rapport au present, l/historien doit s'efforcer de comprendre ses personnages et tenter d'expliquer comment ils en sont arrives apenser de telle fac;on au aprendre telle position. Dans La fin d'un Quebec traditionnel, Ie rapport au present est tellement explicite qu'il ne permet pas de se replonger vraiment dans Ie passe. (MAURICE LEMIRE) MontreaI1642-1992. Le grand passage, s.la dir. de Benoit Melan<;on et Pierre Popovic Montreal, XYZ editeur, colI. Theorie et litterature, 1994, 229 p. Leopold Lamontagne, Kingston: 5011 heritage franrais Vanier, Les Editions L'Interligne, 239 p., 20$. L'ouvrage publie sous 1a direction de BenoH Melanc;on et Pierre Popovic, Montreal 1642-1992, constitue les actes du coUoque international du meme nom qui s'est tenu ala Maison de 1a culture Cote-des-Neiges en 1992. Les auteurs y reflechissent sur la nature de la ville nord-americaine telle qu'elle est representee dans la litterature. Ils s'interessent avant tout aMontreal, ville marquee atravers les ages ala fois par I'Amerique et par l'Europe. L'ouvrage est d'ailleurs structure en ce sens afin de refleter, dans ses cinq parties (« Paris», « Paralleles », «Passages», «Montrea1», « Les Ameriques» )I Ie «passage» d'une ville d'abord batie sur Ie modele de1a capitale franc;aise, et qui, petit apetit, s'eloigne de celle-d pour se rapprocher du modele americain. Tout d'abord,Michel Conde etStephane Vachon abordent la villede Paris comme objet imaginaire principal dans la litteraturedes XVlII e et XIX e siecles et comme representation d'une civilisation urbaine en plein essor. Puis Madeleine Frederic, Gilles Marcotte et Pierre Popovic etablissent des paralleles entre les litteratures de I'Ancien et du Nouveau Monde dans leur evocation des divers aspects de la ville. La troisieme partie tient lieu de SCIENCES HUMAINES 127 charniere puisqu'Alain Medam, Monique LaRue et Pierre Nepveu examinent ce moment fatidique dans Ie recit au la ville n/est plus ce qu'elle etait et n'est pas encore ce qu'elle sera. Dans la quatrieme partie, Patrick Coleman, Yannick Resch etSimon Harel traitent du phenomene de rejet de l'espace urbain, rejet de ses racines et de l'angoisse qu'll a Ie pouvoir de generer sur la collectivite, tel un corps malade et contagieux. Loin d'etre totalement negatifsJ ces sentiments d'alienation sont Ie prelude aux efforts de domestication de l'animal urbain, aI'assainissernent et ala reappropriation de son corps comme lieu bienveillant. La derniere partie de I'ouvrage s'ouvre sur Ie territoire plus large des Ameriques, constitue de villes plurieUes qui se ressemblent et ou la nostalgie du passe cotoie un engouement pour la modernite. Estela Cedola, Maria do Carmo Alves de Campos, FlavioAguiar et Jean-Franc;ois Chassaysoulignent, dans Ie portrait litleraire des villes americaines, l'importance des lieux interchangeables, chaque ville se definissant maintenant par rapport al'autre. Les villes deviennent une image globale issue de l'imaginaire collectif, alors que les differences s'effacent et que la memoire culturelle urbaine S'eteint sous Ie frottement des cultures. Le titre de l/ouvrage prete quelque peu aconfusion. S/il est vrai que l'on cite Montreal dans la grande rnajorite des articles,1a representation de cette ville en particulier dans 1a litterature n'est pas forcernent l'objet d'etude central de ce livre - bien que Montreal soit largernent utilisee pour illustrer un sujet plus large. C'est plutot la ville rnetropole dont on il est question et de son passage dans la Iitterature, de l'Ancien au Nouveau monde, et jusqu/au monde contemporain. L'ouvrage est adrnirablement structure de fac;on amontrer ce «passage»I tache qui n'etait pas evidente etant donne la variete des articles et l'etendue de leur portee. *** Abordant une autre ville nord-americaine, mais de maruere toute differente , Leopold Lamontagne depeint avec vivacite tout un segment de notre histoire. Kingston, son heritage fran~ais est une etude qui se lit comme un roman. C'est d'ailleurs dans un style plus litteraire que scientifique qu'll retrace l'histoire de la francophonie apartir de 1673, alors que Kingston prenait naissance al'embouchure de 1a riviere Cataracoui dans Ie HautCanada . Les deux premiers chapitres retracent l'histoire des francophones dans une region tour atour sous dominance franc;aise (1673-1758), puis anglaise (1759-1867) apres la chute du fort Frontenac. 'Le troisieme chapitre est entierement consacre au role qu'ont joue nornbre de femmes francophones dans Ie developpement de I'ancien Kingston. Peut-etre peut-on deplorer que, parmi ces femmes, les deux seules qui ne soient pas religieuses, Mme Lamothe-Cadillac et Mile Madeleine de Roybon d'Allonne, n'aient eu 128 LETTRES CANADIENNES 1995 d'autre contribution al'histoire de leur ville que leur vie amoureuse et leur deboires financiers! Ces faits divers, doit-on toutefois l'avoue~, sont des plus divertissants pour Ie lecteur. Les deux derniers chapitres, portant sur rere contemporaine, adoptent un autre ton puisqu'ils sont ecrits ala premiere personne. Ce changement de mode narratif a pour effet de diviser quelque peu Ie livre en deux mouvements (avant et apres 1948), sans toutefois gener la progression du lecteur. Tout au contraire, ce «je» des plus heureux revele un temoignage de premier ordre et confere au texte un aspect anecdotique vivant que les !ivres d'histoire peuvent rarement se permettre d'adopter. Ce changement dans Ia narration marque I'arrivee de . Leopold Lamontagne au Royal MilitaryCollege of Canada en 1948. Apartir de cette date, l'auteur est profondement implique dans Ie processus d'affumation de la communaute francophone de Kingston. Les efforts visaient aregrouper unepopulation fran\aise dispersee. Mentionnons la creation du journal L'Appel en 1958 qui etablit un premier lien culturel francophone, la construction de l'eglise de Saint-Fran<;;ois d'Assise de Kingston en 1961, qui permet aux francophones de se retrouver au sein d'une meme paroisse, et la creation de plusieurs ecoles fran<;;aises qui contribue ala resistance a l'assimilation. Dans sa conclusion, Leopold Lamontagne reussit Ie tour de force de resumer en seulement trois pages, et de fa\on pourtant extremementclaire, l'enorme contributiondes francophones aKingston pendant pres de quatre siecles. En bref, un livre passionnant et d'autant plus captivant qu'il nous renseigne de maniere tres eclairee sur un aspect de notre patrimoine francophone. (VERONIQUE PONCE) Jacques Pelletier, Le poids de I'histoire: litterature, ideologies, societe du Quebec moderne Quebec, Nuit blanche editeur, 346 p. .Depuis quelques annees, Ie vent des discours critiques et theoriques a change. Saturees par les methodes formalistes qui font abstraction du contexte socio-historique dans lequel une CEuvre s'inscrit, de plus en plus de recherches se situent dans des courants privilegiant l'histoire litteraire, l'institution et Ie discours sociaL Tout se passe comme si la lecture irnmanente des textes, longtemps pratiquee, nous ramenait par 1a force des choses an~exarniner les conditions d'emergence de la litterature. C'est dans cette perspective que l'essai de Jacques Pelletier, Le poids de l'histoire, fruit de vint-cinq ans de recherche, constitue une contribution importante. Ayant comme but de degager les rapports entre la litterature, les ideoll?gies et la societe, I'auteur presente des analyses eclairantes de plusieurs phenomenes importants dans l'evolution dela societe quebecoise en les inserant dans un·cadre conceptuel rigoureux et coherent. Visant la periode des armees 1930 jusqu'a la fin des annees 198o,l'auteur en examine les «moments forts»: 1a Crise des annees 1930,le dupiessisme, ...

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