Combats liberaux au tournant du xxe siecle, and: La fin d'un Québec traditionnel, 1914–1939 by Robert Lahaise (review)

124 LETTRES CANADIENNES 1995 Combats Iiberaux all tOllrnant dll xxe sieele, s. la dir. d'Yvan Lamonde Montreal, Fides, 287 p. Robert Lahaise, La fin d'un Quebec traditionnel, 1914-1939, tome I. Histoire. «Du Canada aNotre Etat fran~ais» Montreal, I'Hexagone, 1994, 238 p. Le volume d'Yvan Lamonde que publient les Editions Fides contient les actes d'un coUoque tenu al'Universite McGill en novembre 1994. II pourrait etre Ie pendant des Ultramontains canadiens, publie sous 1a direction de Nive Voisine et Jean Hamelin en 1985, si Ie mouvement liberal avait un poids equivalent. Les organisateurs du colloque avaient l'intention avouee de detruire Ie mythe de l'age d'or de l'ultramontanisme au Quebec pendant Ie dermer tiers du XIX e siecle. Ils entendaient montrer que I'opposition liberale avait ete plus vive quejamais. Mais}'ouvrage n'a pas la meme homogeneite que celu! de Voisine et Hamelin, car les participants aun colloquejouissent d'une marge de llberte dans Ie choix de leur sujet et dans la fa~on de Ie traiter. Aussi ne traite-t-il pas tous les aspects de la question avec Ie meme bonheur. Nous permet-il de nous rendre compte de l'ampIeur du mouvement ? Jusqu'a 1a victoire de Laurier en 1896, on a nettement l'impression que Ie Iiberalisrne est l/affaire de quelques individus, comrne Joseph Doutre, Ie senateur Thibaudeau, Honore Beaugrand, Louis Frechette, qui realisent que Ie discours social ne leur est guere favorable et qui tachent d/agir sans trop eveiller d/opposition. C'est pourquoi ils sont accuses de trarner des complots ensOlls-main. HonoreMercier l'a bien compris, lui qui remporte les elections de 1886, non pas sous I'etiquette liberale, mais SOllS celle d/union nationale. Laurier aussi n'a cesse, comme Ie montre bien Real Belanger, dans «Le liberalisme de Wilfrid Laurier: evolution et contenu (1841-1919)>>, de dissiper les craintes des clericaux depuis son fameux discours de 1877et de se dissocier des republicains fran~ais dans les annees 1880. Arthur Buies est un de ces individus casseur de vitre, qui jette sa gourme dans les anTIees 18601. comme Ie rnontre Francis Parmentier, mais qui s'aper~oit assez rapidement qu/il fait Ie vide aut~ur de lui. Meme sill conserve son franc parler au cours des annees qui suivent, il ne millte pas activement au sein d'un parti. II pourra ainsi ecrire, lors de sa destitution en 1892, quIll n'a jamais fait de politique. On pourrait croire que Buies, au .contraire de ce que pretend Parmentier, s'est peu apeu adapte au milieu pour survivre. Sa trajectoire montrerait Ie contraire de ce que veut prouver I'ensemble du livre. La communication de Christine Gariepy sur les «Ruines clericaIes» est tu1e interessante etude litb~raire, mais elle a Ie tort de masquer I'offensive 1a plus virulente des liberaux radicaux cantre Ie clericalisme, celie de Canada-Revue. Aristide Filiatreaultet Marc Sauvalle saisissentl'occasion du SCIENCES HUMAINES 125 scandale Guyhot pour laisser tomber Ie masque et attaquer le clerge a visage decouvert. Leur offensive extreme departage les moderes des radicaux . Il aurait ete interessant de rnesurer les consequences de cette crise sur l'avenir du parti. La communication d'Annette Hayward nous oblige anous questionner sur I'extension que l'on a donnee au mot liberalisme. En effet, il faut beaucoup de bOlUle volonte pour assoder les «parisanistes» aux liberaux. Le mouvement contre Ie regionalisrne n'avait rien de politique. Pourquoi I'avoir prefere a Frechette qui a professe haut et fort son liberalisme pendant toute la periode. La publication de Satires et Polemiques de Louis Frechette rendait 1a participation de Jacques Blais ace colloque incontournable. Les recherches qu'll a faites pour son edition critique en font certainement Ie specialiste du liberalisme tel qu'il S'exprime dans les journaux. En tout cas, il y avait certainement plus adire du liberalisme de Frechette que de celui de Paul Morin. Ce collectif eclaire un certain nornbre d'aspects nouveaux du liberalisme au Quebec,commeceux devoilespar Pierre Hebert et Roger Lemoyne, mais il n'a pas ete conc;u en fonction des dernieres recherches sur Ie sujet. Les contributions fort...