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296 LETTERS IN CANADA 1994 rapporte ala nature meme d'un livre qui se veut «actes d'un colloque ». Or, que se passe-t-il entre la tenue d'un colloque proprement dit et la publication de ses actes? D'emblee un autre evenement. Si un colloque est un lieu OU s'entrechoquent les idees, il est aussi un lieu de repetition; comment l'eviter? Plusieurs intervenants reprennent les fils du debat, d'autres se rangent derriere un «representant», surtout dans un colloque ou « (de gauche) », laissant ainsi Ie champ libre - ce que deplore Pelletier - a des revues comme Spirale et Vice versa, promoteurs tous azimuts des valeurs postmodemes et transculturelles. En reaction a ce nouveau corps de prescriptions symboliques et ideologiques, Godbout, Larose et Ricard «defend[raient] une option de nature a plaire aux nostalgiques de la culture traditionnelle, d'origine et de contenu essentiellement fran ». Mais Ie professeur de 1'UQAM cherchera a inoculer au professeur de 1'Universite de Montreal une dose de realisme social, en lui rappelant l'existence des «laisses-pour-compte des grandes villes, des banlieues ouvrieres, des quartiers d'immigres constitues en veritables ghettos. Cette France-la, on ne la rencontre pas a Saint-Germain-des-Pres ni dans l'ile Saint-Louis, ces lieux proteges, ces serres chaudes preferees des touristes culturels, mais partout ailleurs sur Ie territoire fran qui a produit historiquement une elite dirigeante assez inculte ». Cependant, que propose-t-il, lui? « L'important - ce qui s'impose de toute urgence -, c'est qu'il y ait remotivation, desir d'apprendre, volonte de connaitre plus et de consentir les efforts necessaires. Or cela n'est possible que si les connaissances proposees - et imposees - ont un rapport necessaire avec l'experience, avec ce que Larose appelle non sans meprise Ie (vecu >, et qui est Ie tissu, la fibre meme de nos vies.» Bien! Personne n'est contre la vertu. Mais encore? «Acquerir des connaissances, elargir les limites de son savoir, c'est accroitre son champ de conscience pour pouvoir etre en meilleure possession de sa vie et (gerer >mieux son rapport a autrui et au monde.» Denoncer ce que l'on considere comme un courant neo-conservateur , soit! Accuser Larose d'etre hautain, meprisant, arrogant, si l'on veut ! Cependant, que fait-on pour atteindre Ie nirvana pedagogique auquel nous convie Pelletier? Disons quelques mots sur les chapitres consacres a Jacques Godbout et a Denise Bombardier. Dans celui-Ia, Jacques Pelletier s'en prend tout ensemble a l'essayiste devoye par la societe marchande et au romancier qui aurait cultive peu a peu Ie desengagement et 1'irresponsabilite. De meme, note-t-il, «[l]e marxisme, notamment, semble Ie laisser assez froid », ce qui semble constituer, aux yeux de Pelletier, une heresie. Bref, 1'affaire serait entendue: «du liberalisme entreprenant au neo-conservatisme sceptique et resigne, la glissade n'a cesse de s'accomplir, culminant dans un rapport boudeur a l'epoque immediate et lourd de nostalgie pour l'univers precedant la barbarie contemporaine ». Quant au chapitre sur Denise Bombardier, il est sous-titre «en guise d'intermede ». Curieux effet de desamor scientifique? La verite de ce livre est litteraire [...].» En ce sens, 1'« oubli» de Pelletier marque peut-etre un malaise. Somme toute, ala lecture des Habits neufs de la droite culturelle, on voit bien qu'il y a, d'evidence, erreur sur la litterature. Pelletier voudrait qu'elle soit d'abord au service d'une cause; Larose, Godbout et Ricard veulent qU'elle soit d'abord au service d'elle-meme ou «contre ellememe », pour reprendre Ie titre d'un essai de Fran, l'etalement douloureux d'une impuissance a partidper a la chose tant decriee.» (, c'est-a.-dire la seule partie du Canada OU la minorite anglaise et immigres anglicises - represente une contradiction reelle et un deft constant pour la culture de la majorite.» Pour Ie reste,«Dne crise de province» ne nous instruit guere sur Ie Quebec et constitue une fin plutot terne a. un essai qui ne constitue pas la meilleure part de l'reuvre de Jean Larose. ENSEIGNER OU NE PAS ENSEIGNER? Decidement, l'enseignement de la litterature semble etre devenu Ie symbole d...

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