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HUMANITIES 261 montrealaise. En fait, se sont-ils integres ? Maureen Slattery nous presente un papier sur «Les Irlandais catholiques du Montreal ». Cette etude n'en est pas vraiment une. On ne sait pas tres bien comment ces trois paroisses de catholiques irlandais qui sont la a tel moment en sont arrivees a devenir ce qu'elles sont. Plus grave: l'ecriture est loin d'etre a la hauteur des attentes. Les phrases fran<;aises sont souvent calquees sur les phrases anglaises. Des mots anglais sont traduits tels quels en fran<;ais alors que, d'une langue a l'autre, ils veulent dire tout autre chose. Comment a-ton pu laisser passer ce texte sans Ie reecrire? Trois articles sur les protestants. Un premier de Gregory Baum sur les«Tendances radicales du protestantisme a Montreal», un deuxieme de Janice Harvey sur «Les protestants et les origines des servies sociaux protestants de Montreal », un troisieme de Roger Magnuson qui pose cette question: «Les ecoles protestantes sont-elles confessionnelles?» C'est dans ce dernier ecrit que nous apprenons ce que nous savions deja un peu, que nos bonnes ecoles catholiques canadiennes-fran<;aises de Montreal , avec leur rigidite religieuse, ont tout simplement invite les diverses ethnies qui n'etaient ni catholiques ni protestantes ou protestantes de langue fran<;aise a se diriger vers les ecoles protestantes anglaises. Ces ecoles protestantes anglaises ont vite compris que pour servir les diverses communautes de montreal, il fallait oublier la religion au profit d'une morale seculiere. Dixit l'auteur: [L]e regime pedagogique de l'ecole protestante est essentiellement seculier dans son contenu et dans sa perspective. » Je m'arrete en terminant sur un article de Guy Menard qui se trouve dans la cinquieme partie du livre et dont Ie sous-titre est: «Refiexions sur la presence du sacre dans la vie montrealaise contemporaine ». En citant Malraux, Roger Caillois, Le Breton et d'autres savants, I'auteur essaie de nous faire croire que Ie beat des tam-tams du parc Jeanne-Mance, les dimanches apres-midis, est probablement «une experience du sacre» et que les punks des Foufounes electriques representent une forme d'ordalie moderne. Grand bien lui fasse! Enfin, chers lecteurs, saviez-vous qu'il y a aujourd'hui au dela de 800 sectes de toutes sortes a Montreal? Ainsi dit Richard Bergeron et je Ie crois sur parole. (ADRIEN THERIO) Dictionnaire des reuvres litteraires du Quebec, tome VI. 1976-80, sous la direction de Gilles Dorion Saint-Laurent, Fides, LIII-1088 p. Parution majeure de l'annee 1994, Ie Dictionnaire des (Euures litteraires du Quebec (DOLQ) s'ajoute aux cinq volumes publies depuis 1978 et, comme toujours, fournit aux chercheurs, professeurs, etudiants et amateurs de litterature quebecoise une source indispensable de renseignements et 262 LETTERS IN CANADA 1994 d'incidences. Rendant hommage a l'initiateur du DOLQ, Maurice Lemire, Ie volume, dirige par son proche collaborateur, Gilles Dorion, presente pres de 800 articles portant sur plus de 1000 ouvrages. La bibliographie, elle, depasse les 6000 entrees. Dans l'avant-propos, la redaction estime que Ie «dictionnaire [...] provoque la recherche en lui ouvrant, par l'analyse des reuvres et leur riche accompagnement bibliographique et critique, des avenues, parfois neuves, a une exploration plus approfondie ». Le recenseur ne peut qU'etre d'accord, tout en interrogeant tel ou tel article et en indiquant c:;a et la des failles, des coquilles et des erreurs. Tel que c'etait Ie cas pour les volumes precedents, Ie tome VI contient une ample introduction qui dessine les contextes litteraire et sociopolitique , et resume les traits principaux des publications dans les divers genres pendant ces cinq annees combien fructueuses. Qu'il s'agisse de fiction, de poesie, de theatre ou d'essai, les principaux responsables (respectivement: Aurelien Boivin, Roger Chamberland, Gilles Girard et Gilles Dorion) soulignent l'emergence du discours feministe/feminin et sa signification. La section sur la fiction note, aussi, l'importance grandissante des recueils de textes brefs (y compris la science-fiction et Ie fantastique), mais peche par un trop fort accent sur la thematique au detriment des formes, sans deceler suffisamment ce qui est nouveau dans ce domaine. En poesie, l'on designe la crise des approches formaliste et engagee, et Ie poids plus lourd du prive et du corps comme declencheurs de l'ecriture. La section sur Ie theatre, la plus perspicace, resume au debut ainsi les enjeux: «L'ecriture dramatique s'incarne dans les multiples modalites du discours theatral et couvre toute la gamme chromatique de la typologie des genres.» En plus de l'evident jaillissement de textes et de productions de femmes, l'on note l'importance des monologues, du theatre experimental et de l'improvisation. (L'on voit ici, et ailleurs dans Ie dictionnaire, un elargissement de la definition d'« reuvre» qui comprend ici des «textes» non publies, des productions collectives, des films et des periodiques.) La derniere partie, «1'essai et la prose d'idees», relevantl'importance des ecrits marques par Ie nationalisme, signale la valeur symbolique des deux poles temporels du dictionnaire: 1976, annee de la premiere victoire electorale du Parti quebecois, et 1980, cene de la defaite de son referendum sur la souverainete-association. Est aussi indique justement l'apport profond et prophetique de l'anthropologue Remi Savard (Le rire precoIombien dans Ie Quebec d'aujourd'huO, qui «annonce les revendications des Autochtones qui se cristalliseront lors de la crise d'Okaen 1990 [...] ». L'introduction, donc, propose beaucoup de matiere a reflexion. Comment signaler les meilleurs articles parmi les quelque 800 entrees sans etre injuste? Poser la question c'est y repondre. Neanmoins, nommons-en quelques-uns qui nous ont impressionne Ie plus: Les An- HUMANITIES 263 thropoiaes (Agnes Whitfield) - (ou l'on aurait da quand meme commenter Ie fleuve «Kebekoua», evoque en fin de volume); Blocs erratiques et Defense et illustration de la langue quebecoise (Christian Vandendorpe); Bloody Mary (Louise Dupre); Les Celebrations (Helene Beauchamp); Ces enfants de ma vie (Marguerite Courchesne) - (rnais l'appeler «roman» sans elaborer davantage fait probleme); «Creation collective» (Joanne Champigny ); Dictionnaire de la langue quebecoise (Claude Verreault); Les Enfantames (Jacques Michon) - (il Ymanque neanmoins un commentaire sur Ie symbolisme politique du couple Vincent Falardeau/Alberta Turnstiff et l'ironie qui frappe ce dernier nom); L'Euguelionne (Francine BelleIsle ) - (toutefois l'on se demande pourquoi l'on cite si longuement une recension anonyme qui descend Ie livre en des termes extremement injurieux ); Les Fees ont soif, La Nef des sorcieres et Mon oncle Antoine (Gilles Girard; bien que ce texte-ci soit accompagne d'une photo tiree du film montrant Ie jeune Benoit avec son oncle en trameau, il n'y aucune reference a la force symbolique du geste de ce dernier, se levant et arrachant les renes aux mains du vieil ivrogne); Maternative (Lori SaintMartin ); Parti pris: ideologies... (Jacques Pelletier); Pelagie-Ia-Charrette (James de Finney) - (pourtant I'on n'y trouve pas de commentaire sur la langue dialectale); Le Pique-nique sur l'Acropole (Janet Paterson); Le Romancierfictif (Andree Mercier); Rue Saint-Denis (Michel Lord), article exemplaire qui mele theorie (des genres) et analyse litteraire, et fait des comparaisons entre Ie nouvelliste Andre Carpentier et des praticiens du realisme magique; Ruptures et constantes (Rejean Beaudoin); Schabatt 70-77 (Eva Kushner); Le Semestre et Serge d'entre les morts (Andre Vanasse) - (mais Ie role central de Colette dans la psychologie du narrateur est sous-estime et il n'y a aucune explication du sens du titre); Le Sourd dans la ville (Nicole Bourbonnais); La Terre promise... (Jean Morency); Les Tetes de pioche (Marie-Josee Des Rivieres);« Theatre experimental» (Bernard Andres); Le Theatre quebecois. Instrument de contestation... (Pierre Gobin); et La Vie en prose (Gilles Perron). II y a certaines failles generales qu'il faut tout de meme signaler. 0'abord, I'on ne saisit pas toujours ce qui regit la longueur des textes. Comparez par exemple la brievete des articles sur Les Anthropoi'des et Le Semestre avec ceux traitant de Aqui Ie p'tit CCEur apres neufheures et demie?, La Baie des Jacques, Broue (Ie plus long de tous), Il n'y a pas de pays sans grand-pere et Le Petit Livre bleu de Felix - tous bien plus amples; ou l'espace , consacre aRomans du pays... en comparaison de celui, reduit, du Romancier fictif. De plus, «ecrivains etrangers» (Kattan, Bosco, Alice Parizeau, etc.) devrait se lire «ecrivains d'origine etrangere ». L'article d'Aurelien Boivin sur Le Mythe de Maria Chapdelaine est, anotre avis, tres chiche en traitant de l'importance de cet essai. Et peut nous chaut que «Ie parti pris des auteurs [ait] choque en particulier Lydia Hernon, la fille de l'ecrivain». 264 LETTERS IN CANADA 1994 Enfin, Ie resume non nuance de Marcel Voisin de certaines idees de Pierre Vadeboncamr concernant « la puissance hypocrite et les multiples traquenards de l'imperialisme americain, ennemi numero un de la culture et de la langue quebecoises », qui trouverait« trop de complaisances dans Ie reste du Canada», sonne faux vu l'empressement du gouvernment pequiste , soutenu par M. VadeboncCEur, a faire la cour aux politiques et gens d'affaires des Etats-Unis. 11 y a aussi un manque de coherence en ce qui concerne l'emploi des majuscules. L'on trouve, par exemple, La Barre du Jour et Voix et Images, Agriculture et Colonisation..., etc., mais aussi Revue d'histoire de l'Amerique fran(:aise (p. XLV), La Vie en rose (p. xv); Le Vrai monde (p. 418), mais aussi La Douce Paysanne (p. 91); «Protestants» (p. XXVI) et «Musulmans» (p. 718); «Andre BROCHU» (fonte trop grande, p. 852), etc. De plus, aquelques reprises, il est fait mention d'un auteur dans un texte sans que l'on trouve la reference dans la bibliographie (ex.: Mgr Paul Gregoire [po 324], Eva Kushner [po 631]), qui, apropos, n'enseigne plus al'Universite McGill [po 1060]) depuis un bon moment, et Emile Seutin [po 231]). De meme, il y a une reference aune revue designee par l'acronyme «RACAR» (p. 611) sans que l'on puisse savoir de laquelle il s'agit (cf p. XLV). 11 Ya aussi manque de consistance dans Ie maniement des accents pour les auteurs etrangers. Ainsi Julio Corhizar est indique correctement tandis qu'il manque les accents a «Garcia Marquez» (p. 712). Une ultime remarque generale. Quoiqu'il soit souvent question dans la bibliographie d'etudes ou de revues de langue anglaise, ce n'est jamais Ie cas d'ouvrages de reference tels que les Oxford Companion to Canadian Literature et Oxford Companion to Canadian Theatre, et Ie Dictionary ofLiterary Biography (tomes 53 et 68), publie aux Etats-Unis, lesquels contiennent tous des articles de fond. 11 semble qu'il y ait plus de coquilles et d'erreurs dans ce tome que dans les precedents. En voici donc une liste supplementaire: «Anne-Claire Poirier » (passim: pas de trait d'union); «5pirales» (p. XV: pas de «s»);«Mireille Dansereau tourne L'Hommea tout faire» (p. LII: il s'agit de Micheline Lanctot); la traductrice de L'Amer..., Barbara Godard, n'est pas mentionnee (p. 24); «la Dynastie des Forsyte» (p. 249: Forsythe); il manque Ie nom de famille (Doucette) de «L.E. » dans la bibliographie, p. 264); Ie titre du livre de Ben-Z. Shek est errone (p. 996); « au Saskatchewan» (p. 347: en); «sa fiction abimee» (p. 500), «[m]ais qU'est-ce qui s'abime et se met en abime [...]» (p. 501), devraient se lire« abymee »,« s'abyme» et« se met en abyme »; «auraient contruit» (p. 559), pour «construit »; «la grand courant» (p. 600: Ie); «Ie plaies» (p. 641: les); «Aline Ronfard» (p. 664: Alice); «apres que Jules se soit saoille et ait fait [...]» (p. 668: «se fut saOllle et eut fait... »); Le Quebec et ses historiens... (p. 672: aucune mention de la traduction); «Laura Riese» (p. 726: Laure); «apres qu'il a qUitte la maison» (p. 739: eut quitte); «Journal ofCanadian Ficton» (p. 772: Fiction);« Soucy theats the hunter's life [...]» (p. 841: treats);« Valentin Katiev» (p. 801 : HUMANITIES 265 Katalev); «Carlsen, Joan et Knud Larsen» (p. 985: Carlsen, J0m et Knut Larsen). . En depit de toutes ces erreurs-la, Ie tome six du DOLQ reste un outil de recherche inestimable. Et a propos: Ie University ofToronto Quarterly y est Cite a maintes reprises... (B.-Z. SHEK) Sherry Simon, Le trafic des langues: traduction et culture dans la litterature quebecoise Montreal, Boreal, 224 p. Le livre de Sherry Simon represente une contribution capitale aux debats actuels sur la traduction, Ie plurilinguisme, Ie multiculturalisme, I'alterite ainsi que I'esthetique postmoderne de l'hybride, du recydage et de la citation. Le concept de la traduction, tel qu'il est exploite dans cet ouvrage, s'articule au croisement des languesdans Ie champ litteraire par des strategies telles que Ie plurilinguisme, l'intertextualite et Ie personnage du traducteur. En etudiant la poesie Gacques Brault, A.M. Klein), Ie roman (Nicole Brossard, Jean Forest, Daniel Gagnon, Monique LaRue, Francine Noel, Jacques Poulin, Regine Robin) et Ie theatre (Marco Micone, Robert Lepage), l'auteure se propose «d'explorer la multiplicite inscrite au creur meme de certaines reuvres contemporaines, de faire entendre les diverses voix qui s'y expriment, de mettre en relief les structures textuelles qui donnent forme ala rencontre des paroles d'ailleurs et d'ici». L'analyse de ces textes met en evidence l'ambigulte profonde de la pratique du plurilinguisme dans la litterature. Comme Ie souligne Simon: Les pulsions qui nourrissent Ie trafic des langues sont toujours ambigues. L'heterogene linguistique est source d'exaltation comme elle est symptome de defaillance et de pauvrete culturelle. C'est dans la tension entre ces deux valences que se meut Ie texte plurilingue. Simon demontre avec finesse que jubilation et defaillance sont effectivement les deux versants de la mixite linguistique. Si la pluralite des langues peut produire une vision utopique et jubilatoire de Babel chez Klein et Brossard, elle est porteuse de faiblesse et de. blessure dans l'reuvre de Gagnon et de Forest. Dans Le desert mauve de Brossard, par exemple, la traduction devient Ie lieu meme du desir alors que dans La fiUe amarier de Gagnon, la langue batarde revele la difficulte de l'expression de soi. Ailleurs, notamment dans l'ecriture de Robin, Noel et LaRue, les deux pulsions traversent Ie meme texte revelant les forces antagoniques a l'reuvre dans la mise en place de l'heterogeneite linguistique et culturelle. A cet egard, Babel, prise deux est particulierement interessant pUisque les deux interpretations du babelisme, l'une joyeuse, l'autre tragique, sont incarnees par des personnages differents. Simon met en evidence que ces forces antagoniques sont ancrees, sur Ie ...

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