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482 LETTERS IN CANADA 1984 angoissantes pour convaincre les spectateurs que 'la bonne nouvelle se loge dans Ie message publicitaire' (p 26-7). Les autres parties du livre elargissent la perspective tout en posant des problematiques semblables. 'Des dieux pour nous regit' pose bien les problemes lies al'informatisation des societes contemporaines, dont Ie principal est la possibilite de domination que procure aux Etats-Unis et ses compagnies 'trans-nationales' leur quasi-monopole des banques de donnees. On ne sera pas toujours d'accord avec Godbout, mais on aura grace a lui repense et mieux compris Ie point en question. Fort discutables sont sa condamnation en bloc des hommes d'affaires comme son approbation de l'emploi, par Ie cineaste Cemino, d'une 'metaphore' raciste au depens de tous les Vietnamiens. nest agreable de voir Godbout plus approbateur que d'habitude sur l'evolution de la societe quebecoise depuis vingt ans, et plus optimiste (quoique sagement prudent) quant al'avenir de celIe-ci. n dit ou II en est quant a I'autonomie de la collectivite quebecoise comme des individus, et conseille aux intellectuels favorables a la souverainete quebecoise d'adopter un autre langage tenant mieux compte de leur peuple compris dans sa realite. Changement de cap qui, anotre sens, ne saurait se faire qu'en apprenant a ecouterle peuple et en reconnaissant qu'll a lui aussi ses idees et ses intellectuels. Salutaire le~on ainduire de ce livre qui nous en donne beaucoup directement, et nous en suggere bien d'autres. (NEIL B. BISHOP) Gilles Archambault. Le Regard oblique Boreal Express. 'Papiers colles.' 175 Ce livre rassemble des chroniques parues dans Le Livre d'ici. Des chroniques lues ades moments differents dans un periodique peuvent souffrir d'~tre ainsi rassembIes, car leur repetition multiple et rapprochee peut les priver d'une partie de leur charme et de leur inter~t originaux. Le lecteur, en toute justice, tiendra compte de cetle transformation du mode de presentation qui desavantage sans doute les textes du Regard oblique. Comme Ie titre Ie suggere, ces soixante-seize textes d'environ une page chacun constituent autantde coups d'rell sur divers aspects de la vie litleraire quebecoise. Un leitmotiv: Ie mal qu'auraient les ecrivains quebecois atrouver editeur, puis (surtout) ase faire verser par celui-ci des droits d'auteur qui, m~me per~us, sont d'une modestie qui elle-m~me fait probleme. II y a aussi Ie probleme (dont decoule Ie precedent) de trouver les lecteurs. 0'autres themes frequents sontl'angoisse de la mort; et l'abus des ecrlvains et de leurs reuvres par d'autres participants au phenomEme litteraire: editeurs (encore!) beneficiant de subventions HUMANITIES 483 qu'ils auraient trop tendance agaspiller en vin~es sur la Cote d'Azur; et professeurs qui tireraient parfois plus de benefices financiers d'une reuvre litteraire (grace aux bourses de recherche) que n'en re<;oit son auteur(e). Celui du Regard oblique a beau assaisonner ces doleances d'humour et d'ironie, il ne reussit pas aeviter de susciter une impression d'excessif apitoiement sur son propre sort: il ne parvient pas afaire pleinement partager par Ie lecteur ses plaintes quant ala condition des ecrivain(e)s du Quebec. Une raison de cet echec partiel est l'inexactitude de certains propos: il est inexact et injuste de traiter a plusieurs reprises les universitaires de n'etre que des profiteurs (aux travaux ne portant que sur virgules et accents circonflexes) des ecrivains et de leurs reuvres: inexact d'affirmer que Ie trait fondamental necessaire au critique soit la mechancete; inexact de laisser entendre que seuls editeurs et universitaires beneficient des subventions qu'accorde la societe quebecoise asa litterature. La preuve en est un autre leitmotiv du livre, celui de l'ecrivain aux prises avec des demandes de bourse, theme (pour desagreables que soient ces formulaires aremplir) qui montre bien que les auteurs aussi ont acces aux bourses. Ce qui n'empechera pas jusqu'aux amateurs d'opera de trouver matiere areflexion dans l'affirmation selon laquelle 'une seule representation de l'Opera du Quebec permettrait a mille ecrivains de manger tous les midis pendant un an' (p 171). Certaines contradictions genent - pourquoi parler tantot du mal qu'aurait l'ecrivain(e) ase faire imprimer pour ensuite laisser entendre qu"au Quebec tout manuscrit peut devenir livre' (p 73)? Presenter les editeurs sous un jour invariablement noir aboutit aune esquisse partiale, parce que partielle: il faudrait reconnaitre aussi Ie bien qu'il y a adire du monde de I'edition au Quebec, et qui est considerable. Le plus regrettable c'est que l'auteur, malgre quelques fantaisies amusantes quant aux moyens d'ameliorer Ie sort de l'ecrivain(e) quebecois(e), n'offre pas une seule suggestion serieuse ace propos. Archambault reussit a corriger en partie cette impression d'autoapitoiement interminable par une belle capacite de se moquer de luimeme , dose d'ironie qu'il prescrit avec raison atout ecrivain. Exemple appreciable de ce talent: 'Marie-Claire Blais a son nom dans Ie petit Larousse. Le mien figure dans l'annuaire telephonique parce que je n'ai pas les moyens de m'offrir un numero confidentiel' (P48). Archambault critique ses confreres de se plaindre d'un metier choisi librement. Helas, les repetitions multiples de remarques auto-devalorisantes donnent l'impression que l'auteur espere ... desesperement qu'on lui dise Ie contraire. Soit. Mais l'une des sources d'un de ces problemes - la difficulte atrouver des lecteurs - ne residerait-elle pas dans son attitude plutot meprisante envers ceux qu'il appelle avec condescendance 'Ie bon peuple'? Rejeter la litterature engagee (p 16) est une chose; regarder de haut ses concitoyens en est une autre, bien regrettable. Comme l'est aussi la juxtaposition de louables critiques d'une certaine francophobie quebecoise; et, d'une part, Ie fait de ne placer en exergue des parties de son ouvrage que des extraits d'auteurs fran~ais (c.f. l'impression que suscitent les ironies sur Ie 'bon peuple' quebecois) ainsi que, d'autre part, un anti-feminisme aussi sterile que mesquin. Enfin, supportons de bonne grace une pointe parfois justifiee: Ie lecteur est defini comme 'un ~tre qui manque d'imagination, car autrement il s'ecrirait lui-meme ses propres fictions' (p 57). Le Regard oblique fournira aux enseignants des pages temoignant d'un style c1assique, fin, intelligemment ironique souvent, pages dont la brievete permettra leur etude complete en une seance tout en en faisant d'utiles passages a. resumer, Ie tout par des classes de niveau intermediaire. (NEIL B. BISHOP) Jean-Louis Major. Entre l'ecriture et la parole Hurtubise HMH, collection I Constantes.' 372. J.-1. Major est I'auteur de nombreux travaux; son Anne Hebert ou le miracle de la parole, par exemple, est une etude tres estimee de la poesie hebertienne. Une phrase d'Entre l'ecriture et la parole resume ses positions vis-a.-vis du genre humain: 'Notre civilisation a besoin d'une guerre' (p 252). L'auteur precise la visee de cette guerre: 'Se laver de la moisissure. A n'importe quel prix,' logique proche d'une certaine 'solution finale' d'antan, etendue ici a. l'ensemble de l'espece. La misanthropie est ici absolue, vu la destruction quasi totale que provoquerait, dans 'notre civilisation,' toute guerre (ce qui rend naive Ia phrase pourtant brutale, 'Que de vies une guerre ferait naitre enfin'). Cette misanthropie va de pair avec une repugnance pour plusieurs aspects de la societe contemporaine - la manipulation des medias et esprits, les politiciens demagogues ... Si beaucoup d'humanistes partagent ces reserves, ils ne pourront suivre Major dans d'autres refus, nes d'un elitisme qui rejette: 'la foule,' toute activite ou entreprise de groupe, la democratie a. l'occidentale, voire la societe entiere, semble-t-il. La plupart des lecteurs feront leurs les critiques qu'adresse Major aux totalitarismes (ceux de gauche etant beaucoup plus vises, au depens de l'equilibre, que ceux de droite); nombre de Iecteurs partageront Ia conception farouchement individualiste que Major se fait de I'ecriture et de Ia pensee. Presque tous regretteront, qu'ayant rejete Ies exces du collectivisme, ce livre bascule dans l'autre extreme, au point de vouloir (paradoxalement) Ia disparition collective de l'humanite. II y a quand meme, pour ameliorer la vie, des alternatives au suicide; l'une d'elles se nomme fraternite. ...

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