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480 LEITERS IN CANADA 1984 certes inegal, comme c'est souvent Ie cas en pareille occasion, mais l'importance de tel ou tel article justifie a soi seule I'entreprise tout entiere. Avec 'La Metamorphose d'un ecrivain: Essai biographique,' Fran<;;ois Ricard ouvre en tres grand la serie des exposes. Son hypothese sur la crise profonde, provoquee chez Gabrielle Roy par la reussite meme et Ie succes de Bonheur d'occasion, puis la delivrance, inauguree par I'illumination de La Petite Pouled'Eau, me paraHune decouverte magistrale. Ricard a Ia modestie de Ia donner pour une 'explication en partie conjecturale,' mais je n'ai rien vu jusqu'a present d'aussi satisfaisant pour comprendre tout Ie phenomene Gabrielle Roy, et je suis convaincu qu'on ne cessera pas de sitot de se referer acette demonstration d'histoire litteraire. Viennent ensuite trois etudes sur Ies entours d'une meme reuvre: Carole Melan<;;on puis Antoine Sirois examinent Ia reception de Bonheur d'occasion au Canada fran<;;ais et au Canada anglais, cependant que Ben-Z. Shek, qui confronte ce roman a sa (ses) version(s) pour I'ecran grand ou petit, conclut franchement a Ia deformation ideologique et esthetique. Paul Socken (incidemment, l'organisateur du present numero) soumet Alexandre Chenevert a Ia grille du 'heros' selon Joseph Campbell (separation /initiation/retour). Puis Andre Brochu, s'attachant au scheme organisateur de La Montagne secrete, revalorise cette reuvre trop souvent mal comprise, en relevant Ia signification metaphorique d'une infinite de details qu'il met en relation entre eux en fonction de l'ensemble de Ia signification. Enfin Marie Francreur, scrutant Ie 'portrait de l'artiste en pedagogue,' montre que si Ces enfants de ma vie a pu couler de source, ce recueil est surtout Ie resultat de l'art Ie plus fin. Mis a part un conte inedit, L'Empereur de bois, de Gabrielle Roy, les autres textes du numero sont de l'ordre de la chronique generale et de l'information. Telleestnotamment, parIrmaLarouche, cette 'Presentation du Fonds Gabrielle Roy, 1909-1983,' a Ia Bibliotheque nationale du Canada. Quant aI'article de Paula Gilbert Lewis, qui fait etat en style indirect d'une interview de Gabrielle Roy, ce me semble de tous les actes ici rassembles Ie plus faible et Ie plus banal. Je me demande pourquoi on a pris la peine de traduire en fran<.;ais et d'imprimer ce texte - qui etait deja accessible ailleurs en anglais - alors que, un peu plus loin dans Ie present numero d' Etudes litteraires, l"Essai bibliographique: cinq ans d'etude sur Gabrielle Roy, 1979-1984' de Richard Chadbourne Ie critique vertement. (OJEAN ROBIDOUX) Jacques Godbout. Le Murmure marchand Boreal Express. 'Papiers colles.' 155 Le Murmure marchand est un bon livre offrant de la matiere a reflexion dans un style agreable et percutant. La these de base (et que l'auteur HUMANITIES 481 espere erronee), c'est que 'Ie chant des marchandises, ou meme la publicite "societale", [sont] anotre civilisation ce que la pensee philosophique etait anos aines.... ny a dans les objets et leur aura publicitaire une odeur de mort culturelle' (pp 7-8). Le probleme c'est non pas Ie caractere materialiste de la societe contemporaine, mais la publicite qui s'y est greffee, surtout la publicite televisee. Le 'murmure marchand' est cette publicite dont la 'domination' sur nous empeche desormais de raisonner entre citoyens car 'la propagande (publicitaire) dicte jusqu'aux debats de societe' (p 8). Le theme de la publicite n'est absent d'aucune des cinq parties du livre, mais Ie titre 'Ie murmure marchand' est aussi celui de la premiere partie qui porte Ie sous-titre, 'Quelques notes prises devant Ie petit ecran.' Ces 'notes' sont riches en idees et en aper<;us qui aideront chacun(e) amieux comprendre, avoir sous un jour different, et revelateur, sa vie quotidienne . Si Godbout adopte une perspective de Quebecois et met l'accent sur des aspects specifiquement quebecois des problemes abordes, ceux-ci concement tout l'Occident. Par cette fonction de demystification, de clarification de notre vie quotidienne, Le Murmure marchand se situe dans la lignee d'ouvrages tels que Mythologies de Roland Barthes. Sa perspective specifiquement quebecoise vaudra aux lecteurs d'autres cultures une meilleure connaissance de la civilisation quebecoise. Le lecteur canadien anglais verra aussi comment au moins un Quebecois Ie voit: 'En quinze ans ... les Etats-Unis ont pris possession du territoire mental des Canadiens anglais' (p 17). Particulierement interessante est l'hypothese de Godbout sur les origines de cette domination publicitaire: elle serait nee Ie jour OU l'offre de marchandises a excede la demande, d'~ou la necessite, pour les societes manufacturieres, de creer chez les consommateurs un desir pour un produit dont ils n'avaient pas besoin. C'est ainsi que la lutte des classes se serait muee en tune course entre des consommateurs: qui pourra se procurer desormais Ie premier un bien dont tout Ie monde pouvait hier encore se passer' (p 15). Cette transformation de la lutte des classes est un phenomene politique, tout comme Ie fait de dicter les debats de societe ou de provoquer l'americanisation de toute la planete. Cette meme publicite transforme les cartes de credit en 'instrument dont la police des marchandises se servira pour assurer la circulation des objets obsoletes' (p 9). Pouvoir politique, pouvoir economique, pouvoir culturel, voila qui prouve que la publicite televisee est une super-puissance dont il est urgent de s'occuper afin d'en liberer les etres humains et la television elle-meme. Car Godbout precise que ce n'est pas la television qu'll faut rejeter - elle n'est, comme les 'telesclaves,' que la prisonniere de la publicite (p 42) - la preuve etant Ie fait que (selon Godbout), c'est en raison de la necessite de valoriser au maximum la publicite que la violence a envahi feuilletons et nouvelles televises, ces emissions se devant d'etre 482 LETTERS IN CANADA 1984 angoissantes pour convaincre les spectateurs que 'la bonne nouvelle se loge dans Ie message publicitaire' (p 26-7). Les autres parties du livre elargissent la perspective tout en posant des problematiques semblables. 'Des dieux pour nous regit' pose bien les problemes lies al'informatisation des societes contemporaines, dont Ie principal est la possibilite de domination que procure aux Etats-Unis et ses compagnies 'trans-nationales' leur quasi-monopole des banques de donnees. On ne sera pas toujours d'accord avec Godbout, mais on aura grace a lui repense et mieux compris Ie point en question. Fort discutables sont sa condamnation en bloc des hommes d'affaires comme son approbation de l'emploi, par Ie cineaste Cemino, d'une 'metaphore' raciste au depens de tous les Vietnamiens. nest agreable de voir Godbout plus approbateur que d'habitude sur l'evolution de la societe quebecoise depuis vingt ans, et plus optimiste (quoique sagement prudent) quant al'avenir de celIe-ci. n dit ou II en est quant a I'autonomie de la collectivite quebecoise comme des individus, et conseille aux intellectuels favorables a la souverainete quebecoise d'adopter un autre langage tenant mieux compte de leur peuple compris dans sa realite. Changement de cap qui, anotre sens, ne saurait se faire qu'en apprenant a ecouterle peuple et en reconnaissant qu'll a lui aussi ses idees et ses intellectuels. Salutaire le~on ainduire de ce livre qui nous en donne beaucoup directement, et nous en suggere bien d'autres. (NEIL B. BISHOP) Gilles Archambault. Le Regard oblique Boreal Express. 'Papiers colles.' 175 Ce livre rassemble des chroniques parues dans Le Livre d'ici. Des chroniques lues ades moments differents dans un periodique peuvent souffrir d'~tre ainsi rassembIes, car leur repetition multiple et rapprochee peut les priver d'une partie de leur charme et de leur inter~t originaux. Le lecteur, en toute justice, tiendra compte de cetle transformation du mode de presentation qui desavantage sans doute les textes du Regard oblique. Comme Ie titre Ie suggere, ces soixante-seize textes d'environ une page chacun constituent autantde coups d'rell sur divers aspects de la vie litleraire quebecoise. Un leitmotiv: Ie mal qu'auraient les ecrivains quebecois atrouver editeur, puis (surtout) ase faire verser par celui-ci des droits d'auteur qui, m~me per~us, sont d'une modestie qui elle-m~me fait probleme. II y a aussi Ie probleme (dont decoule Ie precedent) de trouver les lecteurs. 0'autres themes frequents sontl'angoisse de la mort; et l'abus des ecrlvains et de leurs reuvres par d'autres participants au phenomEme litteraire: editeurs (encore!) beneficiant de subventions ...

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