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526 LETTERS IN CANADA 1983 tache bibliographique des recherches indispensables 11 la composition de ce texte. Sans vouloir recuser la competence de ceux qui ont recense les titres, ['on remarque des lacunes et des omissions qui donnent prise 11 la critique. La liste des auteurs et des titres absents depasse les limites de ce travail mais atitre indicatif nous les divisons en deux categories tout en fournissant trois exemples de chacune. La premiere consiste des ouvrages des auteurs cites qui ne figurent pas dans Ie texte, II ['instar ceux de J. Rabamananjara: L'Evantaildes reves (1939 et 1942), Auxconfins de la nuit et Sur les marches du soir (1942), Rites millenaires (1961), Les Dieux malgaches (1942, 1945, 1947, 1964); de B. Dadie: Assemien Dehyle, roi du Sanwi (1936 et 1937), Les Belles Histoires de Kacou Ananze, l'araignee (1963?); et de F.D. Sissoko: Les Jeux du destin (1970), La Passion de Djime (1956), Sagesse noire, sentences et proverbes malinkes (1955), Au dessous des nuages (1970). La deuxieme comporte ['oubli et des auteurs et de leurs ceuvres: J. Mathieu (Zalre): La Consultation du midi (1955), Les Hommes de l'aube (1956), Deux chOmeurs (1957); R.A. Koffi (Cote d'Ivoire): Les Dernieres Paroles de Koime (1961), Le Trone d'or (1969); Alpha I. Sow (Guinee): C'est simple (1964), Chroniques et recits du Fouta-Djalon (1968), La Femme, la vache et fa [oi (1966). A ['appui de ces exemples qui ne constituent qu'une fraction de ce qui manque, ['on pourrait reprocher a Kom d'avoir passe sous silence les conditions materielles entrees en jeu lors de la preparation du Dictionnaire . Un supplement nous semble approprie et meme essentiei. Ces demieres objections n'enlevent en rien Ie merite du Dictionnaire. Tout au contraire il marque de grands pas vers une appreciation critique et perspicace de la litterature negro-africaine. Le valeur bibliographique du Dictionnaire tout entier ainsi que la qualite intellectuelle d'un grand nombre des analyses rendent ce texte de references et de lectures indispensable it tous ceux qui travaillent serieusement dans ce domaine d'etudes. (SUZANNE CROSTA) Les Etudes sociales LlZETTE JALBERT ET JEAN FRANt;OIS LEONARD Cette annee la production quebecoise en sciences sociaJes est variee. Nous avons essaye de faire un choD< judicieux du point de vue des genres et des themes. Notre recension comprend donc:une anthologie de textes, une biographie, un compte-rendu de colloque scientifique, un essai, un ouvrage de debat theorique et enfin trois analyses sociologiques abordant des questions chaudes (luttes urbaines, segregation des femmes, regionalisme ). Espaceregional etnation publie chez Boreal Express (217, $7.95) estIe titre LES ETUDES SOCIALES 527 evocateur de deux problematiques jusqu'ici concurrentes qui ont preside aux etudes sur Ie Quebec realisees par divers specialistes. Un collectif d'auteurs compose de G. Boismenu, G. Bourque, R. Denis, J. Duchastel, L. Jalbert, D. Salee se propose d'entamer la discussion au sujet de ces differentes approches en critiquant la maniere dont elles ont I'une et I'autre obscurci la realite sociale. Premierement, I'approche nationaliste, en postulant que Ie Quebec est en soi une societe globale distincte, fait jouer les references al'ensemble canadien comme repoussoir, contournantartificiellementI 'histoiredu rattachement, meme force, duQuebecau reste du Canada. Elle fait en sorte d'instituer une separation etanche entre ces deux societes, cloture qui postule I'absence de clivages, I'homogeneite de I'une et de I'autre. Deuxiemement, Ie cadre d'analyse qui met de I'avant la vision d'un Canada en tant qu'espace multiregional a ete accapare generalement par les ideologues du federalisme. Vu sous cet angle de la complementarite, Ie Canada se presentealors dans!'imaginaire de ces derniers comme une entite sans ruptures profondes OU I'unite du pays peut etre prise pour acquise et la centralite assumee par l'Etat federal, veneree. Voulant rompre avec la facticit" de I'opposition region/nation qui sous-tend ces demarches, les auteurs d' Espace regional et nation tentent d'initier 'une approche nouvelle qui prend en compte !'insertion objective de "I'espace regional" quebecois dans la realite canadienne ambiante et qui con~oit l'Etat du Quebec comme une des pieces importantes de I'Etat federatif canadien.' Les membres du collectifinsistent pour dire qu'il n'y a pas lieu dans leur espritde nier I'irnportance de la question nationale meme si pourleur part, ils croient indispensable de reintroduire, apres I'avoir epoussetee, la question regionale. Cette derniere ayant "te trop longtemps recuperee a des fins politiques - reference ici faite, entre autres, ala problematique, tant honnie au Quebec, d" une province comme les autres.' Comprendre Ie Quebec, cela consiste, selon eux, a rearticuler ces deux dimensions et a concevoir I'effet de balancier entre les tendances a I'unite et al'eclatement comme fondateur de notre realite sociopolitique. L'ouvrage est peu volumineux mais neanmoins assez dense sur Ie plan analytique. L'article introductif de D. Salee se presente sous la forme d'un bilan des discours sociologiques. Cest ala fois une critique et une mise en perspective des themes qui seront developpes par la suite. D'abord, par G. Boismenu dont I'apport est d'abord et avant tout une reflexion d'ordre tMorique sur I'Etat federalif. Vient ensuite, celui de L. Jalbert qui pose elle aussi des jalons conceptuels pour I'analyse de la question regionale et procede a deux etudes-cas: Ie Quebec et I'Alberta. Pour leur part, G. Bourque et J. Duchastel procedent a une reinterpretation historique a partir du concept de blocs sociaux pour analyser la superstructure etatique. L'ensemble de ces contributions est soumis ala critique de R. 528 LETI1lRS IN CANADA 1983 Denis, lequel ajoute egalement des elements pour I'analyse dans une optique classiste. Suivent ensuite les repliques des auteurs precedents. Cette derniere section - interpellation-contribution-reponse - fait partie d'une structure qu'on a voulu donner au recueil dans Ie but d'ouvrir Ie debat. On peut dire qu'au-dela de la discussion deja amorcee au sein de I'ouvrage meme, celui-ci a suscite passablement de commentaires a I'exterieur. La problematique des auteurs semble inquieter ceux qui pensent que la reintroduction de la question regionale dans l'analyse du Quebec n'est qU'une astuce pour mettre la question nationale au rancart, d'autant que: (1) depuis Ie Referendum, Ie discours nationaliste tire de l'aile et que certains pourraient bien vouloir en profiter pour mettre autre chose a la place; (2) Ie livre n'etant qu'une premiere mise en place encore tres fragmentaire, comme les auteurs l'admettent volontiers, les articulations achevees auxquelles on pourrait s'attendresont encore largement en friche. Vingt ans apres les premiers appels actifs lances par l'Etat quebE'cois pour mobiliser et susciter un consensus populaire sur la modernisation necessaire de son appareil administratif et de ses modes de gestion, Jacques Godbout tente de faire Ie pOint sur I'un des principaux ferments de cette transformation de la societe quebecoise: la participation des usagers au fonctionnement des appareils de service. Dans La PartiCipation contre la democratie, (Editions Saint-Martin, '90, $9.00), Jacques Godbout part de cinq analyses empiriques pour reflechir sur les transformations sociales reelles qu'ont produites I'introduction de la participation des usagers dans Ie mode de fonctionnement d'organisations de services aussi variees que Ie Bureau d'amenagement de l'Est du Quebec (BAEQ), les organisations populaires, les Centres locaux de services communautaires (CLSC), la Communaute urbaine de Quebec et la Confederation des syndicats nationaux (CSN). Sociologue de formation, Godbout s'attache a isoler la participation comme variable independante pour tenter de fa~on 'scientifique' d'en faire ressortir les constantes et les lois sociales qui se degagent de son application dans Ie fonctionnement democratique des organisations. La participation est done con~ue comme 'independante du contexte et meme de la classe sociale et des ideologies des acteurs' (p 15), et c'est ce qui Ie justifie d'etudier des organisations qui n'ont, a priori, que peu de points de ressemblances. La question centrale a laquelle s'attaque Jacques Godbout c'est de savoir si la participation des usagers beneiicie, enrichit et meme va 'au-dela' du mode de fonctionnement de la democratie representative traditionnelle, base essentiellement sur Ie pouvoir, la legitimite et la representativite des elus et des gouvernants. A cette question, il donne une reponse globale sans en tirer de conclusion formelle: 'J'ai dli admettre LES ETUDES SOCIALES 529 que la participation, dans les faits, n'etait pas, Ie plus souvent, un supplement de democratie, au contraire elle se revelait enetre Ie substitut, une maniere de se passer des mecanismes democratiques pour ceux que Ie jeu democratique derange dans leur travail' (p 7). II s'attaque ainsi au pouvoir des technocrates, des bureaucrates et, regie generale, atout Ie courant neo-corporatiste au sens fran~ais du terme qui s'est structure par et atravers Ie developpement de I'appareil gouvernemental quebecois. Cette reponse n'est pas une mise ill'index du processus participatif, mais une constatation que son utilisation s'est plus limitee apromouvoir les interets des 'classes sociales montantes' que des usagers-citoyens. II conclut d'ailleurs son livre en precisant bien que 'Ie pouvoir des usagers contient la base d'une transformation radicale du fonctionnement des organisations modernes qui sont au cceur de la societe actuelle' (p 177). L'originalite de ce livre tient tant dans son mode d'approche empiriste, qui tranche d'avec la production theorico-structurelle de bon nombre de sociologues de la derniere decennie, que dans son mode d'interrogation des phenomenes sociaux recents. Ce dernier ouvre la porte ade nombreux debats, notamment sur I'association des organisations de services a la sphere de la production, sur la dichotomie entre producteurs et consommateurs, entre usagers-citoyens et travailleurs-producteurs, sur I'auto-gestion et les alliances de classe qu'elle suppose, sur Ie caractere comparatif des appareils gouvernementaux et des appareils 'prives' et enfin sur Ie neo-professionnalisme et Ie corporatisme. Toutes questions qui obligent il redefinir les rapports relations-marchandes et relationspolitiques et qui font justement I'objet d'un second livre du meme auteur a paraitre sous peu. Chez VLB Editeur, 'La petite maison de la grande litterature: Georges Vincenthier vient de publier une Histaire des idees au Quebec (468, $19.95). Ce volumineux ouvrage contient une anthologie de textes produits au cours de la periode qui va de l'Insurrection de 1837 au Referendum de 1980. Dans une breve introduction qui precede la presentation des textes qui vont suivre, I'auteur nous devoile ses intentions. Ce n'est pas une histoire evenementielle qu'il nous propose - celle-Ia existe deja ailleurs - mais plutot un contact direct avec la pensee de ceux qui ont elabore et constitue de fait 'l'ideologie quebecoise.' Le choix des textes fondamentaux a ete fait dans Ie but 'd'illustrer les principales reactions de !'elite intellectuelle quebecoise face aux changements et transformations de notre societe: Vincenthier precise bien que les auteurs retenus ne sont que de simples points de repere historique, I'accent etant davantage mis sur leur production comme temoignage de 'Ia conscience qu'une collectivite a elaboree il travers ses penseurs successifs: A cet egard, on peut juger de cette assertion en constatant simplement qu'un certain nombre des textes presentes sont anonymes. L'interaction entre I'evenement et la pensee est ici mise au premier plan, et c'est de cette ebullition que vont 530 LE'ITERS IN CANADA 1983 naitre 'Ies differents courants de reflexion qui ont jalonne pres de cent cinquante ans d'histoire: Soixante textes sont regroupes en quinze chapitres qui peuvent etre encore repartis en trois grandes parties. La premiere partie, soit les cinq premiers chapitres, couvre les deux derniers tiers du XIX' sieele. S'y cotoient les idees liberales, democratiques et laiques des Patriotes et des intellectuels de l'Institut canadien avec les idees reactionnaires elericales. Ce combat se termine avec la victoire du conservatisme religieux. La deuxieme partie contient six chapitres. Elle marque l'entree dans Ie xx' sieele jusqu'a la Deuxieme Guerre. L'inquietude se manifeste finalement . Le nationalisme de Lionel Groulx marque profondement son epoque. Mais la crise amene des reponses dans l'ensemble droitieres, passeistes et populistes. Une troisieme partie porte surles evenements de I'apres-guerre. Sont livres au cours des quatre derniers chapitres des fragments des debats encore actuels vehicules par les revues Cite /ibre, Liberte, Parti pris. La pensee traditionnelle enfin eelate. Douze textes des annees 70 constituent enfin un chapitre-conelusion enorme de plus d'une centaine de pages. Pas de trame facilement perceptible a travers celte production: des reflexions 'desunanimisees: Sur Ie plan formel, Histoire des idees au Quebec est un tres beau livre, bien presente. Si l'auteur intervient peu, ille fait toujours efficacement. En plus de I'introduction deja mentionnee, notons que chaque chapitre est precede d'une synthese des idees elaborees dans Ie chapitre. De plus, au debut de chacun des 60 textes, on trouve une breve enumeration des themes developpes. En terminant, il n'est pas inutile de souligner que Georges Vincenthier nous avait deja offert, en 1979, un ouvrage d'analyses et d'essais portant sur la meme periode; Une idtiologie qutibticoise se voulait et demeure, d'apres notre auteur, une introduction ala presente anthologie. Logement et luttes urbaines aMontreal (1963- I 976) (Cahiers de Recherche, Faculte de I'Amenagement, Universite du Quebec a Montreal, }22, $12.00) constitue un condense de la these de doctorat de Pierre Hamel. A I'image des autres grandes villes nord-americaines, Montreal a ete Ie lieu de differentes mobilisations d'organisations populaires depuis vingt ans. Celles-d se sont concentrees sur les prindpaux enjeux urbains: transport, defense des droits sodaux, qualite de vie, et, bien sur, logement. Pierre Hamel tente de cerner I'apport politique reel des mobilisations populaires ala lumiere d'une longue reflexion sur la crise urbaine, Ie role de l'Etat et celui des intellectuels. Son texte examine dans-une premiere partie differents elements de problematiques. Resituant historiquement I'emergence des comites de dtoyens a Montreal et leur evolution jusqu'a la disparition du Front d'action politique (FRAP), Hamel questionne de fa<;on globale 'I'articulation des lultes aux rapports de elasses et a un contenu social qu'on peut LES ETUDES SOCIALES 531 caracteriser d"'urbain'" (p 20), interrogation qui tente de cemer les portees et les limites des lultes urbaines dans Ie capitalisme avance. Ce qui permet aI'auteur d'aborder un second volet de sa problematique sur la portee pratique de ces lultes dans la definition d'un projet socialiste au Quebec. II s'agit d'un probleme central de strategie, largement present au cceur des discussions et des actions portees par les militant(e)s tout au long des innombrables mobilisations qui ont marque la scene urbaine montrealaise. L'ensemble de celte theorisation sera confrontee it une analyse empirique dans la seconde partie du livre. Apres avoir examine une centaine de revendications populaires sur Ie logement, Hamelselectionne treize cas d'etude categorises en trois types: des revendications sur les demolitions (incluant les evictions et les expropriations), d'autres sur les renovations, et une troisieme categorie sur les conditions de logement, toutes revendications qui ont donne lieu it un discours ecrit suffisamment dense pour permettre al'auteur d'en etudier Ie contenu et la portee reels. De I'ensemble de ces etudes de cas, il en tire quelques conclusions importantes. La premiere, c'est que 'Ie logement ne doit plus etre apprehende simplement comme une marchandise, mais comme etant un element central du systeme urbain et, par Ie fait meme, susceptible de generer des enjeux politiques importants' (p 307). Celte apprehension differente de la·place particuliere du logement dans la dynamique sociopolitique pourrait permettre de moduler les interventions rnilitantes sur des bases strategiques nouvelles. Car Ie bilan que Pierre Hamel fait de la portee reelle des lultes sur Ie logement est un bilan qu'il qualifie lui-meme de mitige. Sielles ont permis d'ameliorer les droits des locataires et meme de stopper certaines demolitions ou de contrecarrer Ie processus de deterioration urbaine, elles se sont toutefois situees 'sur un terrain exclusivement defensif ... et leur impact [aJeu peu de poids it I'egard de la forme et de l'ampleur du redeveloppement urbain de Montreal' (p 308). Ce constat n'est pas catastrophique pour l'auteur. Car si les effets reels des luttes sur Ie logement son plutot minces, les effets politiques de celles-ci sur les militant(e)s sont beaucoup plus importants. Elles leur auront permis de reconnaitre Ie caractere de classe de l'Etat, de ses programmes, de ses interventions, tout en leur permeltant de participerit et de construire des formes de democratisation directe selon des modeles originaux, a I'exterieur des cadres institutionnels. II faut reconnaitre qu'au Quebec, lieu par excellence des consensus imposes, ces resultats sont tout de meme porteurs d'espoirs differents. Une bieninteressante etude de la fonction publique canadienne, menee avec une grande rigueur scientifique, vient de paraitre chez Boreal Express: L'Administration contre les femmes (168, $12.95). L'auteure Carole Simard, professeure de science politique a I'UQAM, en est it ses premieres armes; toutefois, I'importance strategique du sujet qu'elle aborde, 532 LETTERS IN CANADA 1983 ainsi que la maitrise dans I'analyse et la qualite d'ecriture dont elle fait preuve, laissent it penser qu'elle ne s'arretera pas la. Le titre de I'ouvrage emprunte une formule choc qui decrit pourtant et malheureusement d'entree de jeu la situation peu enviable encore faile aux femmes fonctionnaires au niveau federal. On aurait pourtant pu croire que ce haut lieu de I'administration d'Etat, regie depuis presque Ie debut du siecJe par les regles supposement impartiales du systeme du merite, etait de ce fait, hypothetiquement du moins, 'it I'abri des discriminations qui sevissent dans les entreprises privees: N'oublions pas que ce constat negatif etabli ala suite d'analyses de donnees statistiques et de recoupements de resultats d'enquetes precedentes est loin d'etre rassurant e1ant donne que I'administration federale avec ses 300.000 employes dont go.ooo sontdes femmes represente Ie plusgros employeurcanadienquant au nombre de femmes. Le travail de Carole Simard contient quatre chapitres. Au cours du premier, elle recapitule les modifications apportees au cadre juridique. Elle constate que celles-d, bien qu'ayant attenue les effets les plus discriminants a I'endroit des femmes, n'ont rien change aleur condition generale. II subsiste toujours des desavantages importants que I'on commence a bien connaitre en termes de remuneration, de statut professionneI. d'ecart entre Ie nombre de femmes et Ie niveau de responsabilite, etc. C'est donc dire que I'evolution des lois n'a pas ete accompagnee de celle des pratiques d'emploi qui dissimulent toujours des attitudes et des valeurs discriminantes aI'egard des femmes relatives a I'embauche, aux promotions, ala formation. La regIe du merite n'a donc pu contourner Ie favoritisme au niveau de I'application de la loi. Une analyse detaillee de cette reglementation est I'objet du second chapitre. Plus epineux, si c'est possible, sera la matiere traitee au chapitre suivant puisqu'il s'agit de demontrer que 'dans Ie secteur public canadien, la norme syndicale sert aussi de relais important dans la reproduction de ce processus: Carole Simard finit par demontrer la pertinence de son hypothese selon laquelle 'Ie syndicalisme, compte tenu de la division sexuelle des taches dans I'organisation, enterine, lorsqu'il ne les amplifie pas, les rapports de domination entre les hommes et les femmes: La structure dualiste qui preside au partage des taches et des avantages entre les hommes et les femmes aura-t-elle ete ebranlee par les mesures de rattrapage adoptees recemment par Ie gouvernement federal? Un bilan des programmes d'egalite des chances est amorce au dernier chapitre. Les resultats, nous dit I'auteure, restent minimes car Ie profil occupationnel des femmes est demeure Ie meme. Les femmes, au cours des annees, ont acquis Ie droit de travailler, elles sont egalement plus nombreuses depuis quelques annees a etre engagees et promues dans Ie secteur public federal. Mais, Ie phenomene de concentration des femmes fonctionnaires dans la categorie 'soutien adminis- LES ETUDES SOCIALES 533 trati£' demeure; on les retrouve aussi, en particulier, dans les categories occupationnelles - infirmieres, enseignantes - mais elles demeurent toujours quasi absentes des postes de la categorie 'haute direction: specialement dans les prestigieux ministeres avocation economique et technique. Un phenomene iI souligner, l'augmentation du nombre et de la proportion des femmes cadres. Seulement, ces progres confines a un seul secteur laissent songeuses et I'on peut, a juste titre, s'interroger, comme Ie fait Carole Simard, pour savoir si de telles ameliorations au compte-goutte ne seraient pas une sorte d'opium qu'utiliserait Ie pouvoir politique pour endormir la contestation feministe et syndicale. La presence de ces 'femmes alibis' dont Ie role,bien involontairement certes, sert illegitimer les efforts du pouvoir, compensent Ie fait dominant de la feminisation/devalorisation par Ie bas de la fonction publique, la 'femme commis' restant la figure de proue. Depuis Ie milieu des annees '950, les problemes de developpement economique et d'amenagement du territoire des regions du Quebec ont fait I'objet de plus;eurs recherches et programmes d'intervention, tant de la partdu gouvernement federal que provincial. Differentes operations de planification et de nombreuses structures institutionnelles ont ete creees pour tenter de faire 'decoller' des regions aux territoires immenses, aux richesses naturelles importantes, mais aux populations par trop eparses. Dans Les Regions ptiriphtiriques (Presses de l'Universite Laval, 253, $13.95), Clermont Dugas tente de faire Ie point sur Ie developpement de celles-ci, image d'un 'Quebec en miettes: Son ouvrage est divise en trois parties qui traitent successivement des differences inter-regionales au niveau de I'organisation du territoire, des tentatives de developpement qui s'y sont produites et d'une reflexion plus large sur la problematique du developpement regional. Les cinq regions etudiees sont l'Est du Quebec, Ie Saguenay-Lac St-Jean, I'AbitibiTemiscamingue , la Cote-Nord et la Baie James. Dans une premiere partie l'auteur examine les elements majeurs de specificite et de differenciation des regions en cause. Choisissant une approche sectorielle, il fait une coupe horizontale de cette peripherie quebi'coise pour nous livrer une mine de renseignements factuels, rarement synthetises, sur Ie profil reel de ces regions: on passe systematiquement a travers les conditions climatiques, les caracteristiques des boises et leurs impacts socio-economiques, pour examiner les problemes d'etalement spatial, etce qu'ils impliquent de difficulte pour la creation ou l'emergence de poles de croissance structures. On y brosse aussi un portrait socio-economique qui tente de donner l'heure juste sur l'etat de I'industrie et de la main-d'reuvre de cette peripherie. Ce vaste profil, qui agrege l'essentiel des elements constitutifs de l'hinterland montrealais, permet iI Clermont Dugas d'examiner les 534 LETTERS IN CANADA 1983 principales operations de mise en valeur du territoire, region par region. Le principal inter~t de cette seconde partie reside surtout dans I'analyse de regions qui ont He fort peu Hudiees auparavant, si ce n'est sous forme journalistique. Car si personne ne peutfaire I'economie du BAEQ etde I'Est du Quebec pour s'introduire aux realites de I'amenagement du territoire, plus rares sont celles qui vont examiner de maniere un peu plus approfondie ce que la Cote-Nord, la Baie James ou meme I'AbitibiTemiscamingue peuvent reveler d'enseignements pour comprendre Ie Quebec des regions. De ce point de vue Ie livre de Clermont Dugas prend une dimension particuliere et permet d'aborder I'essentiel de la mise en valeur de toutes les regions peripheriques, sans sous-estimer!'importance des informations factuelles. Cela lui permet de terminer son livre sur une analyse socio-politique de la portee et des limites de la planification. Valorisant l'esprit communautaire et cooperatif, iI fait un large tour d'horizon des strategies politiques d'intervention dans les regions, passant en revue Ie regne des vingt dernieres annees de la c1asse liberale-unioniste-pequiste. Son constat terminal est quelque peu pessimiste puisqu'il constate que 'Ie cooperatisme s'est developpe, mais a He incapable d'arracher l'economie de I'emprise des puissances capitalistes exterieures' (p 238). A I'heure du dernier Livre blanc sur 'Le Quebec des regions' on peut se demander, suite acette lecture, si Ie Quebec n'a pas perdu sans remission la bataille de celles-ci. Le dernier ouvrage ne sous la plume du politologue Denis Moniere de I'Universite de Montreal s'intitule Andre Laurendeau elle deslin d'un peuple (Quebec-Amerique, 350, $18.95). II s'agit d'un gros bouquin qui raconte de maniere a Ie faire revivre Ie cheminement intellectuel, politique, affectif d'un des hommes publics les plus prestigieux du Quebec. line faut pourtant pas s'attendre a trouver une biographie au sens etroit et traditionnel du terme. L'objectif de Denis Moniere est plus ambitieux, comme Ie sous-titre du livre nous Ie laisse d'ores et deja entrevoir. Suivre les traces d'un personnage comme Andre Laurendeau, engage dans tous les combats de son epoque, c'est a n'en pas douter, 'entreprendre un voyage dans I'histoire de son pays.' Moniere pose donc comme exigence premiere de son travail de biographe I'interaction constante entre !'individu et son milieu, ce qu'il realise d'ailleurs avec experience et intelligence. Dire que Ie destin d'Andre Laurendeau est 'indissociable de celui du peuple quebecois,' ce n'est pourtant pas oublier que !'individu mediatise toujours la culture de son temps, comme nous Ie rappelle justement Moniere. C'est d'ailleurs avec un interet particulierement grand que l'on suivra Andre Laurendeau dans son itineraire lorsque celui-ci I'amenera ii prendre distance par rapport a I'ideologie ambiante. On peut donner comme exemple d'une telle distanciation Ie moment ou Andre Laurendeau, confronte aI'effervescence intellectuelle parisienne ii l'occasion d'un sejour d'etudes, commencera a mettre en question ouvertement l'association par trop familiere alors chez les intellectuels quebecois entre Ie projet nationaliste et les idees politiques de droite. Esprit critique et ouverture concrete sur Ie monde vont faire d'Andre Laurendeau une personnalite vehiculant une vision de la societe plus moderne et moins moralisatrice que son milieu en general l'y invitait. Modernite et originalite sans doute non etrangeres, avec une experience professionnelle plurielle qui l'amena ii circuler ii travers les differents reseaux intellectuels et politiques du Quebec comme du Canada. . Mais ce qui caracterise Ie plus Andre Laurendeau, comme nous Ie montre Denis Moniere, c'est cette combinaison, cetle tension dialectique, entre une pensee relativement avant-gardiste et des idees demeurant en continuite dynamique avec les valeurs de sa societe, en particulier, Ie nationalisme. En eHet, les exigences du nationalisme, nous dit l'auteur, sont au centre de l'univers ideologique d'Andre Laurendeau. Toute sa vie sera marquee par son engagement pour la cause nationale dont i1 semble avoir fait un imperatif, de ses premieres rencontres avec Ie chanoine Groulx et son experience etudiante au sein des Jeunes-Canada, en passant par sa participation active II la campagne anti-conscriptionniste de la Ligue de defense du Canada, son role au Bloc populaire, son travail de journaliste comme directeur de L'Action nationale et du Devoir, jusqu'll sa participation en tant que co-president de la Commission d'enquete sur Ie bilinguisme et Ie biculturalisme. Comme on peut s'en rendre compte II la lecture de cetle longue liste d'activites, la personnalite riche et complexe d'Andre Laurendeau s'est forgee tout autant au contact de la rt;;flexion et de l'analyse que de l'action. Peu d'intellectuels auront eu commelui la chance d'etrel'acteur d'un aussi grand nombre d'experiences cruciales pour l'avenir de notre peuple. De toutes celles-la, on retiendra bien sur la derniere, sa participation ii titre de co-president ii la Commission Laurendeau-Dunton, experience malheureusement inachevee que Denis Moniere discute assez abondamment dans son livre. La curiosite du lecteur sera sans doute piquee au moment d'aborder Ie chapitre 12. Ce chapitre, au titre un peu provocateur (,PeIerinage au vrai Canada'), est constitue d'extraits tires du journal qu'Andre Laurendeau a redige au cours des audiences pubIiques que la Commission d'enquete a tenues ii travers Ie Canada. Un certain pessimisme , au du mains une inquietude certaine sur l'avenir de l'unite du pays, perce ii plusieurs reprises tout au long de ces commentaires rediges sur Ie vif. Chacun tirera de ce temoignage, plus souvent excede que reconforte mais toujours lucide, la le,on qu'il juge appropriee. Denis Moniere pour sa part tente de rapprocher les reactions d'Andre Laurendeau d'une solution du type Parti quebecois. Cela toutefois n'entrave aucunement I'objectivite dont I'auteur fait preuve tout au long de son travail de recherche. Lors de son deuxieme colloque annuel, la jeune mais vigoureuse 536 LETTERS IN CANADA 1983 Association d'economie politique (AEP) a voulu 'explorercertainesdes nouvelles tendances au sein de l'economie des firmes multinationales.' Dans un livre appele Firmes multinationales et autonomie nationale, Ie sociologue Jorge Niosi reunit et presente les dix communications du colloque. (Editions Albert Saint-Martin, 238, $14.00). Elles ont ete ecrites par un large eventail de chercheur(e)s qui donnent une bonne idee de l'etat des connaissances des sciences humaines sur les firmes multinationales. A prime abord Ie titre surprend. II ne semble couvrir que I'une des quatre sections de l'ouvrage ou la politicologue Bonnie K. Campbell traite des multinationales de l'aluminium en Afrique, et Ie sociologue Michel Beaud analyse les rapports entre les firmes multinationales et la politique economique de la France. Mais !'idee de base du volume, c'est de montrer 'toute la puissance des firmes multinationales face ilia population, aux syndicats et aux gouvernements' (p 13). On comprend mieux ainsi que I'accent porte plus sur l'economie de ces firmes que sur les impacts strictement nationalitaires de leurs interventions. L'imagerie populaire prete aux fumes multinationales puissance financiere , versatilite geo-politique et utilisation de l'Etat iI des fins 'colonisatrices .' Cette image est en bonne partie confirmee par Ie tableau d'ensemble qui se degage du livre. Dans une premiere partie, on essaie d'y comprendre les mouvements d'expansion de ces firmes, tant aux Etats-Unis qu'au Canada ou en France. On y constate entre autres la dependance interactive entre Etats et entreprises multinationales et l'utilisation qui est faile de ces agregats financiers pour repondre ala crise ou pour mieux positionner les grandes puissances. Lorsqu'on aborde la deuxieme partie de I'ouvrage, consacree ill'agroalimentaire , c'est Ie constat que 'malgre leur presence importante au niveau mondial, les industries agro-alimentaires americaines realisent un pourcentage relativement modeste de leur chiffre d'affaires hors frontieres ' (pp 99-100). Cette analyse de Marion Leopold et Gerard Chersi pose aussi Ie probleme de I'arme alimentaire. Arme qui peut devenir decisive pour empecher I'auto-suffisance alimentaire des pays en voie de developpement. L'etude de cas de Susan Georges nous permet alors de constater Ie role hyper-actifjoue par l'Etatamericain dans la penetration et Ie controle des marches alimentaires de ces pays. La troisieme section examine les rapports entre les entreprises multinationales et les organisations syndicales, particulierement les tactiques et strategies adoptees, ou a adopter, par les centrales syndicales face aux entreprises transnationales autochtones ou etrangeres. II en ressort globalement I'inegalite profonde des rapports de force liee a la sectorialisation des positions adoptees par les centrales, fussent-elles internationales, et ala souplesse des multinationales qui selectionnent leurs aires d'investissement en tenant compte, entre autres, de la docilite de la main-d'ceuvre. La lecture de ce livre stimulant nous donne une idee assez precise des societes muitinationales, 'de leur pouvoir, de leurs RELIGION 537 strategies et de leurs modalites d'expansion' (pp 13-14). Peut-elle permettre 'une action efficace en vue de limiter leur emprise, de les contr6ler et, si possible, de les demembrer' (p 14)? Cela reste averifier. Religion H. -M AR TIN RUM 5 CHEI DT Publications in 1983 gave evidence of the breadth of approach to the multifaceted dimension of the human engagement called religion. One wishes at times that the definitions ofreligion were set more narrowly and were as precise as those of astronomy or geology appear to be. But since religion is perceived to encompass things of the heavens and of the earth, publication in this dimension is varied. Hence the reviewer's dilemma: should one review every book received and, as a consequence, subject the reader to a list of 'what came out in 1983' or should one be selective and indicate in some detail, with critical discussion, what was added to 'the state of the art in Canada' and, as a consequence, do some injustice to publishers who sent review copies of their books? With reluctance the latter course was chosen. But in order to signal the variety of works published during the last year and to honour the goodwill of Canadian publishers, the works received but not specifically discussed in this article will be listed. Three books bring together and expand in a slight degree material which has been heard, read, or seen before in other media: Roy Bonisteel, Man Alive: The Human Journey (Collins, 220, $18.95), Tom Harpur, Harpur's Heaven and Hell (Oxford, 248, $9.95 paper), and Gilles Langevin, SJ, ed, Les Premiers Chretiens (3 vols, Bellarmin/Cerf, 160, 150, 150, $6.95 each, paper). A strong contribution is made to historical illumination of the recent and not so recent past both in Canada and elsewhere, especially Europe, in Desmond Bowen, Paul Cardinal Cullen and the Shaping of Modern Irish Catholicism (Wilfrid Laurier University Press, 311, $15.00), Flore Dupriez, La Condition ftiminine et les peres de I'Eglise latine (Editions Paulines, 194, $10.00), James Martin Estes, Christian Magistrate and State Church: The Reforming Career of Johannes Brenz (University of Toronto Press, 190, $27.50), J.A.W. Gunn, Beyond Liberty and Property: The Process of Self-Recognition in Eighteenth-Century Political Thought (McGill-Queen's University Press, 331, $35.00), Ernilien Lamirande, Paulin de Milan et la 'Vita Ambrosii' (Theologie 30, Bellarrninl Desclee, 206, $15.00 paper), Laurie Stanley, The Well-Watered Garden: The Presbyterian Church in Cape Breton, 1798-1860 (University College of Cape Breton Press, 239, $25.00), Margaret Randall, Christians in the Nicaraguan Revolution, trans Mariana Valverde (New Star Books, 208, $7.95 paper), and W.K. Thomas, Down-to-Earth Cherub: The Life and Legend of Finlay Stewart (Welch, 270, $21.95). Three monographs deal with specific ...

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