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GERARD BESSETTE Romancier(s) quebecois Apres avoir relu en entier Ie present article, je me suis rendu compte qu'il se divisait en deux volets distincts. Le premier - assez general - gravite autour du roman quebi'cois des quarante dernieres annees; Ie deuxiemememoriaHsant - concerne mon ceuvre. I Dans sa lettre d'invitation OU il m'annon~ait ce numero festoyant du University of Toronto Quarterly, son sympathique associate editor declarait d'abord que sa venerable revue s'interessait surtout au 'developpement du genre romanesque entre 1930 et 1980 vu de !'interieur par Ie romancier : Puis il posait la question suivante: 'Est-ce que les conditions necessaires ala creation romanesque se sont amelionees pendant ces cinquante annees? Se sont-elle degradees?' Les circonstances collectives (psycho-sociales) propices ala creation et ala publication me semblent s'etre ameliorees chez nous au cours du dernier demi-siecle. Le rejet du catholicisme par la grande majorite des createurs quebecois a surement exerce une influence benefique. Chez les plus vieux - ceux de rna generation - Ie catholicisme a constitue un puissant pole encombrant dont il s'agissait de se liberer. Ce pole a perdu de sa force chez la generation qui a vu Ie jour dans les annees trente et quarante pour disparaitre tout afait - en autant qu'on puisse juger - chez les plus jeunes. Si bien que, a la suite de la flambee separatiste - je dis bien: separatiste et non pas souveraineuse-associante - qui avait galva- [lise la plupart des jeunes intellectuels - createurs ou non -!'intelligentsia recente s'est trouvee comme desamorcee et flottante a la suite de la victoire-surprise de Rene Levesque. Toutefois, camme ce changement de regime a suivi de pres Ie coming of age litteraire de la premiere fournee :egepienne, dont maint observateur a affirme qU'elle "tait illettree (illet- :risme qu'elle semble d'ailleurs partager avec une grande partie de la eunesse occidentale et surement canadian), ne nous etonnons pas que la 'eleve de la generation des Marie-Claire Blais-Rejean Ducharme-Victor- .evy Beaulieu-Gilbert La Rocque ne se soit pas encore manifestee. Parallelement it la quasi-disparition du catholicisme, la creation du :onseil des arts (du Canada) a, en aidant Ie monde de l'edition et des 44 GERARD BESSETTE ecrivains, joue un role de premiere importance et nettement positif. (Je dirai tantot un mot de ses effets secondaires: au sens pharmaceutique du terme.) Par c~ntre, il ne semble pas que ['evolution des idees, des partis ou des regimes politiques ait produit une incidence notable sur la production romanesque - bien que, naturellement, elle ait fait couler beaucoup d'encre journalistique et essayiste. L'amelioration du niveau de vie a constitue un autre facteur benefique. Elle a permis it un nombre accru de jeunes d'origine non-bourgeoise d'acceder it I'ecriture romanesque (ou it I'ecriture tout court). A ma connaissance nulle enquete n'a encore ete menee lit-dessus. Elle nous fournirait des renseignements precieux. Toutefois, les complexites socio-economico-politiques n'etant pas dans mes cordes, je me bornerai it un survol (subjectif) de I'etat du roman quebecois de ['apres-guerre. Les romanciers qui, independamment de leur age, appartiennent it une I generation litteraire anterieure it la mienne (Gabrielle Roy, Yves Theriault , Roger Lemelin) sont bien connus. Aussi n'en dirai-je qu'un mot. Les deux premiers gardent leur importance, alors que ['etoile de Lemelin - partiellement it cause de son silence romanesque - a notablement baisse. D'autre part, Trente arpents reste un monument de premiere grandeur - meme s'il a quelque peu vieilli - alors que Le Survenant et compagnie tendent a se perdre dans la grisaille du passe. Menaud est-il en train de subir Ie meme sort? je n'ose I'affirmer car il s'agit la d'un livre dont la notoriete m'a toujours confondu. Quant aux ecrivains de ma generation (litteraire) qui se sontfait un nom - en tant que romanciers - grosso modo en meme temps que moi (je pense a Anne Hebert, qui etait deja etablie comme poetesse, et it jacques Ferron, deja connu comme dramaturge), ils partagent avec moi la caracteristique d'etre des romanciers tardifs: Hebert a fait paraitre Les Chambres de boisa42 ans; Ferron a...

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