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Reviewed by:
  • Traduire et illustrer le roman au XVIIIe siècle ed. by Nathalie Ferrand
  • Christina Ionescu
Traduire et illustrer le roman au XVIIIe siècle. Sous la direction de Nathalie Ferrand. (SVEC, 2011:05). Oxford: Voltaire Foundation, 2011. xx + 386386 pp.

Fruit d'un colloque qui s'est tenu à Munich en 2007 et d'une journée d'étude qui a eu lieu à la Maison française d'Oxford en 2008, cet ample recueil s'interroge sur la production, la diffusion et la réception de la traduction illustrée entre l'âge classique et les Lumières. Les études de cas réunies, qui se distinguent par leur originalité et par leur qualité, forment un recueil cohérent et riche qui pose les jalons d'un sous-champ de recherche jusqu'ici inexploré et qui formule les enjeux d'une réflexion théorique des plus ponctuelles. Il s'agit d'études qui examinent, par le biais d'une approche du sujet véritablement comparatiste et interdisciplinaire, un ensemble de traductions illustrées bien distinct — le roman grec en France au dix-septième siècle; le roman français en Allemagne au dix-huitième siècle; le roman gothique anglais dans l'Hexagone postrévolutionnaire—, ou la traduction et l'illustration d'une oeuvre particulière: par exemple, Don Sylvio de Christoph Martin Wieland, premier roman moderne en langue allemande, adapté pour la France en texte et image; Gulliver's Travels, qui, fait curieux, ne fut illustré en Angleterre qu'à partir de la cinquième édition mais dont les traductions en français contiennent d'emblée des illustrations; la première traduction en anglais rehaussée d'images des Lettres d'une Péruvienne, best-seller européen des Lumières; les éditions ornées de figures de La Mouche du chevalier de Mouhy, corpus visuel où la combinaison de suite, de traduction et d'illustration est révélatrice de la réception du texte; La Découverte australe de Rétif, dont la gravure d'accompagnement traduit la culture visuelle de l'époque; et le Tableau de Paris de l'iconophobe Louis-Sébastien Mercier dans la transposition visuelle effectuée par le vignettiste suisse Balthasar Anton Dunker. Des découvertes étonnantes ponctuent le recueil: au dix-huitième siècle, l'Allemagne fut un centre important de la traduction illustrée des oeuvres venues de l'étranger (Nathalie Ferrand); la Houghton Library détient le seul exemplaire complet d'une édition vénitienne somptueusement illustrée de Cleveland (Philip Stewart); et c'est parfois en traduction qu'une oeuvre est accompagnée pour la première fois de gravures (Christophe Martin à propos de La Nouvelle Héloïse et Nicholas Cronk, de Tom Jones). Sont mis en évidence les réseaux européens de transfert culturel, le rôle de l'artiste comme médiateur d'un texte transposé dans de nouveaux espaces linguistiques, les stratégies éditoriales et commerciales employées dans la publication des traductions illustrées, les codes esthétiques qu'il faut maîtriser pour déchiffrer le visuel, ainsi que les rapports qui s'établissent entre le texte et l'image. À l'éditeur on doit reprocher de ne pas avoir pleinement saisi la valeur esthétique, argumentative et documentaire des illustrations (reproduites à la fin de chaque chapitre et souvent deux par page, même lorsqu'elles constituent des documents d'archives rarement ou jamais réédités). Une bibliographie utile et d'autres pièces (inventaire d'un [End Page 415] fond allemand, etc.) complètent le recueil. Cet ouvrage pionnier, qui fera certainement date dans la recherche sur le livre illustré de l'Ancien Régime, intéressera bibliothécaires et archivistes, bibliophiles et iconophiles, ainsi que chercheurs confirmés et doctorants.

Christina Ionescu
Mount Allison University
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