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182 LETTERS IN CANADA 1987 Denis Dumas. Nos fa~ons de parler: les prononciations en fran~ais quebecois Presses de l'Universite du Quebec. 155 Claude Tousignant. La Variation sociolinguistique: modele quebecois et methode d'analyse Presses de l'Universite du Quebec. 248 La question que pose Denis Dumas en guise d'ouverture a son livre en est une des plus pertinentes: '0'abord, existe-t-il une langue quebecoise?' Parle-t-on fram;ais beIge en Belgique? Fran<,;ais fran<,;ais en France? Qu'on donne sa preference a 'la langue quebecoise,' au 'quebecois' ou, comme Ie fait Dumas, au 'fran<,;ais quebecois,' la question fondamentale demeure: peut-on suffisamment analyser, classifier, et clarifier toutes les caracteristiques particulieres des varietes de fran<,;ais utilisees au Quebec pour se defaire des complexes et des prejuges linguistiques qui subsistent chez nous? Peut-on mettre en place suffisamment de vertebres pour donner une colonne vertebrale a cette 'langue desossee' que Ie Frere Untel avait vouee a l'anatheme en 196o? Deux ouvrages viennent ajouter leur contribution a cette entreprise. Deux livres bien differents mais qui ont aussi beaucoup en commun au niveau des objectifs globaux et de la portee de leurs donnees. Celui de Tousignant est 'scientifique' par son approche et sa methode, 'microscopique ' par son sujet (les variphones du /R/), et son champ d'investigation (geographique: Montreal; et temporel: 1971): en d'autres termes, il s'adresse au specialiste et au 'chercheur-etudiant' comme Ie precise lui-meme l'auteur. Celui de Dumas, par contre, pourrait etre qualifie d'ouvrage de vulgarisation et il porte sur les principales caracteristiques des prononciations trouvees au Quebec en tenant compte des deux dimensions, la diachronique et la synchronique. Mais, par-dela ces differences, les deux auteurs se rejoignent par leurs objectifs generaux qui peuvent se resumer comme suit: decrire aussi precisement que possible les phenomenes observes; etablir les regles - si elles existent - qui president a l'utilisation des variations; preciser les parametres sociolinguistiques qui s'y appliquent. Dans Ie cas de Dumas, il faut ajouter Ie recours a la dimension historique dans Ie but de fournir des criteres objectifs permettant de comprendre la raison d'etre de certains phenomenes, particulierement de ceux qui sont souvent entaches de prejuges sociaux. Et, par-dessus tout, il y a, bien sUr, cet autre point de convergence entre les deux auteurs: tous deux traitent de questions de prononciation. Comme Ie fait remarquer Dumas dans son'Avertissement,' lorsqu'on se pose la question de la specificite du fran<,;ais quebecois, on a trop souvent tendance a ne penser qu'a l'aspect lexical. L'aspect phonologique, lui, n'est Ie plus souvent considere que du point de vue normatif dans la HUMANITIES 183 mesure ou, au depart, les specialistes s'accordent pour dire que Ie fran~ais quebecois et Ie fran~ais standard partagent Ie meme systeme. Or, les recherches des deux auteurs semblent permettre de tirer certaines conclusions generales: les variations de prononciation~ qu'on retrouve au Quebec repondent a des regles identifiables et previsibles, certaines d'ordre linguistique (evolution de la langue, phenomenes d'articulation, facteurs geographiques), d'autres d'ordre sociolinguistique (niveaux de langue, facteurs socio-economiques et culturels). Le plan de Nos fafons de parlerest simple: l'auteur consacre un chapitre a chacun des sept phenomenes majeurs associes a la prononciation du fran~ais quebecois: la transformation de t et den ts et ds devant iet u; les differentes prononciations de l'orthographe oi; l'utilisation de formes fortes de pronoms la OU aucune forme equivalente n'existe en fran~ais standard (ex. 'nous autres,' 'vous autres'); la chute ou Ie redoublement du phoneme /l/ dans certaines conditions associees a l'emploi des articles definis et des pronoms-objets; l'ouverture des phonemes Ii/, Iyl et lui; la diphtongaison; et enfin, Ie traitement du phoneme Ia!. Dans chaque cas, Dumas tente d'abord de preciser les circonstances specifiques dans lesquelles Ie phenomene se produit de fa~on a en tirer les regles q~i president a divers comportements linguistiques. Dans chaque cas, l'auteur en arrive a la conclusion qu'aucun de ces phenomenes ne se produit a l'aveuglette. Ensuite, l'auteur remonte aux sources historiques du phenomene etudie ou, Ie cas echeant, il presente une theorie pouvant permettre de l'expliquer (comme dans Ie cas, par exemple, de Itsl et Idz/). Pour finir, il cherche a preciser dans quelle mesure chaque phenomene se rattache a la specificite du fran~ais quebecois dans son ensemble ou denote des conditions geographiques ou sociales particulieres. Dans la plupart des cas, I'analyse de Dumas est grandement redevable . des recherches anterieures sur divers aspects des prononciations quebecoises depuis vingt ans. Loin de s'en cacher, l'auteur termine chaque chapitre par une bibliographie critique selective qui peut s'averer tres utile. Ce.ci ne l'empeche pas de jeter parfois un eclairage assez nouveau, du moins pour Ie non-specialiste, sur certains traits moins bien connus, tel, par exemple, la signification de l'emploi de 'nous autres,' 'vous autres,' 'eux autres.' Dans la mesure ou cet ouvrage s'adresse a un public de non-specialistes, cette synthese est des pluspertinentes. Meme si, de l'aveu meme de l'auteur, (cf 'Post-scriptum') certaines variations de prononciation n'ont pas ete etudiees, il n'en reste pas moins que l'importance du livre est capitale puisqu'il met a la portee d'un public assez large (enseignants, specialistes en communication, etc) une mine d'informations qui lui permettront d'acquerir une bonne comprehension des traits phonologiques caracteristiques du fran~ais quebecois. (11 peut etre utile de noter en passant que Dumas emploie tres peu de vocabulaire technique et de symboles phonetiques.) . 184 LETTERS IN CANADA 1987 Pour sa part, Ie livre de Tousignant cache derriere un titre suggerant un sujet de grande ampleur, une realite tout autre puisque, comme indique plus haut, cette recherche se limite aux variations du /RJ tirees d'un corpus oral recueilli par Sankoff et Cedergren, en 1971, a partir d'entrevues avec plus d'une centaine d'habitants de Montreal representant divers groupes d'ages, de sexe et de niveaux socio-economiques. Quoique divise en cinqchapitres, Ie livre a essentiellementtrois parties: la premiere (1) enonce les 'concepts de base' qui ont preside a cette recherche; la deuxieme (2 et 3) presente les rapports entre les variations du IR/ observees et un certain nombre de facteurs sociolinguistiques: l'age, Ie sexe, la scolarite, la participation au marche linguistique, Ie lieu de residence, l'origine des parents et l'occupation du pere; la troisieme partie (4 et 5) se livre a une etude phonologique des variations du /RJ. Une ponne partie des conclusions atteintes par Tousignant n'interesseront que les phoneticiens. On doit peut-etre reprocher a l'auteur de n'avoir pas suffisamment distingue entre les conclusions d'envergure et d'innombrables mini:'conclusions portant sur des aspects tres restreints des phenomenes observes. Vne fois Ie compte rendu des recherches termine, aucune synthese (ou conclusion generale) n'est presentee qui puisse permettre au lecteur de degager une perspective plus large sur l'ensemble des phenomenes observes. Avec raison, Tousignant souligne les circonstances particulieres qui font du Montreal des annees 60 un endroit privilegie pour ce genre d'analyse, surtout dans sa dimension sociolj.nguistique. La conclusion la plus importante pour Ie lecteur qui s'interesse aux questions d'ensemble, est sans doute qu'il y a eu, a Montreal, une evolution des varietes de /RJ utilisees au cours des annees 60 (a en juger par les differences entre les varietes privilegiees par differents groupes d'age) et que cette evolution refiete les transfornlations sociales et religieuses profondes qui se sont produites au cours de ces annees. Les oeuvres de Dumas et de Tousignant se completent donc dans une certaine mesure. Comme essentiellement toutes les variations du /RJ se retrouvent au Quebec, il n'est pas question d'en faire un trait distinctif du 'fran«.;ais quebecois. Voila sans doute pourquoi Dumas n'a pas juge bon d',etudier ce phoneme dans son livre. Par contre, la conclusion de TOlisignant qui temoigne d'une evolutionimportante des variantes du /RJ privilegiees par les Montrealais des annees 60 (evolution qui a sans doute continue dans Ie meme sens apres 1971) jette un eclairage interessant sur Ie fran«.;ais quebecois de la meme fa«.;on que Ie fait Ie livre de Dumas. Dans la mesur,e ou la societe quebecois est en pleine evolution (niveau, de scolarite, conditions socio-e<;onomiques), Ie fran«.;ais quebecois se definit petit a petit en se fondant, d'une part sur tine meilleure connaissance de ses origines qui lui permettent de se debarrasser de ses complexes et, d'autre part, sur une meilleure definition de sa nature propre, fruit de HUMANITIES 185 l'alliage d'une langue et du patrimoine culturel qu'elle vehicule. (LOUIS B. MIGNAULT) Albert Laberge. La Scouine. Edition critique par Paul Wyczynski Collection Bibliotheque du Nouveau Monde. Presses de l'Universite de Montreal 1986. 299· $38.00 Claude-Henri Grignon. Un homme et son peche. Edition critique par Antoine Sirois et Yvette Francoli Collection Bibliotheque du Nouveau Monde. Presses de l'Universite de Montreal 1986. 257. $34.00 Launched in 1986, the Bibliotheque du Nouveau Monde has published, in addition to the two important novels of the land being reviewed here, Jacques Cartier's Relations and Arthur Buies's Chroniques I. Projected for this series of attractive leather-bound volumes, in the lineage of the Bibliotheque de laPleiade, and with the aim of grouping 'les textes fondamentaux de la litterature quebecoise,' are works by Paul-Emile Borduas, Alfred Desrochers, Louis Frechette, Alain Grandbois, and Germaine Guevremont, among others. Based on the sample under study, the research that has been invested in these critical editions on sources, genesis, variations, vocabulary, and language levels, etc, is most impressive. They will be of great usefulness for teachers of Quebec literature and bibliophiles alike. Albert Laberge and Claude-Henri Grignon are two novelists, shortstory writers, and literary commentators whose lives and creative activity intersect at numerous points, and would lend themselves to a fruitful comparative study. Both were rural-born, mostly self-taught, and had an early dream ofbeing writers'au vrai sens du mot,' as Laberge put it. Both were linked to the Ecole Litteraire de Montreal, and commented on the literature of their time mainly in newspapers and journals outside the consecrated cultural periodicals. The two also broke with the idealized image of the Quebec peasant (Laberge much more radically than Grignon), and pioneered in the use of French-Canadian popular speech, with its phonetic, syntactic, and morphological peculiarities, both in dialogue and narrative passages. Both were denounced as 'pornographers ' because of their treatment of sexuality, although close study of their treatment of this theme (Gabrielle Pascal has done so for Laberge) would ratherlead one to conclude thatthey were prudish and quite in line with the ambient dualism of their nmes. Both were victimsof censorship, Laberge unwillingly, and Grignon (allegedlybecause of pressing material need) reluctantly, agreeing to a bowdlerized edition ofhis novel for use as school prizes in 1935. (It is also true that Laberge wrote the preface and ...

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