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216 LETTERS IN CANADA 1988 neo-Quebecois (Mallet, Kattam, Jonassaint, Caccia, Micone, Alonzo, D'Alfonso, Robin, Laferriere) qui confirme I'attitude d'ouverture envers Ie pluriel dont temoignait deja. I'avertissement liminaire. La Conclusion, sous-titre 'Ia pluralite des centres,' distingue 'trois moments dans la constitution et dans l'eclatement de la litterature quebecoise contemporaine ': I'esthetique de la fondation (annees 1960); celIe de la transgression (1968) jusqu'a. la fin des annees 1970); celIe de la ritualisation. Nepveu revient ainsi a. sa notion du rituel comme mise en forme de I'energie, mise en forme dont I'une des manifestations est I'ecriture litteraire. Bien qu'il ne s'agisse pas des rites au sens traditionnel mais au sens post-moderne dont nous donnions ci-dessus la definition selon Nepveu, cette valorisation du rituel ne convaincra pas tout Ie monde. Mais meme ceux qui ne partagent pas cet article de foi et d'espoir trouveront dans L'Ecologie du reel un des plus importants recueils d'essais litteraires quebecois, une excellente lecture, dans une perspective post-moderniste, de Saint-Denys Garneau, de la litterature de la Revolution tranquille, et de celIe des annees 1970 et 1980. (NEIL B. BISHOP) Lucien Parizeau. Paiples autour d'un langage L'Hexagone. 'Essais litteraires.' 138. $16.95 Essai litteraire au plein sens du mot, c'est-a.-dire longuement muri, intensement personnel, formellement seduisant, Periples autour d'un langage vaut aussi pour la penetration de vue que porte I'auteur sur la poesie d'Alain. Grandbois. Plaisir du texte! Car, s'y conjoignent une pensee analytique nuancee et une langue riche et deliee. L'etude de Parizeau n'obeit a. aucun moule preetabli, ne se soumet a. aucune grille preexistante. Les balises ne manquent pas pour autant. Nourri de la culture de la Grece ancienne, l'auteur a. maintes reprises, tout particulierement dans la premiere partie de son ouvrage CLes voix du coeur') fera appel a. certains mythes et heros de l'antiquite pour fin d'illustration d'un comportement ou d'une attitude. Cependant, la culture grecque se manifeste bien autrement que par la presence de ces emprunts, car c'est la pensee entiere de Parizeau qui se trouve, dirait-on, sans trop d'exageration, fa<.;onnee par I'esprit de la culture grecque. Par exemple, la sage et sereine acceptation de Ia mort comme 'processus' qu'expriment les propos qui suivent, et que Ie critique oppose a. la vision grandoisienne, ressortit a. une pensee imbue de philosophie grecque: "'sa propre mort,'" c'est Ie terme et I'objet d'un deroulement, la mort patiemment acceptee comme compagne discrete de la vie, I'une devant rejoindre I'autre dans I'unite de I'accomplissement total. C'est done a. partir de ce lieu culturel a. la sagesse milIenaire que Ie critique amorce son dialogue avec Ia poesie de celui dont il fut Ie premier HUMANITIES 217 editeur. Les sujets qui n'ont jamais cesse de nourrir Ia poesle de Grandbois sont examines avec rigueur et presentes sous un jour souvent neuf. Je pense en particulier a ces grands sujets entre tous que sont pour Ie poNe Ie temps, I'amour et la mort, l'un a I'autre inextricablement lies. La mort, bien que combattue vigoureusement comme une ennemie a abattre, manifeste neanmoins sa presence au coeur meme de l'amour Ie plus passionne par l'entremise, par exemple, de la si minime soit-elle premiere trahison, annonciatrice deja de l'abandon definitif. Chez Grandbois, l'avenir (la mort a venir) investit Ie present: 'La conscience du temps detruit ce qui pourrait etre "par ce qui n'est pas encore.'" L'analyse du Iangage poetique de Grandbois a laquelle Ie critique consacre Ia seconde partie ('Les voies du Iangage'), s'accompagne d'une refIexion sur la nature de l'art en general et sur la poesie en particulier. De cette meditation se degage une vue sur Ia poesie qui, parbien des egards, I'apparente a ce que propose Julia Kristeva dans La Revolution du langage poetique (1974). En effet, Parizeau rappelle qu'il s'est produit sous la pression des Surrealistes, inspires par I'auteur d'Igitur, une crise du Iangage telle que la poesie s'en est trouvee compiNement transformee. De clarte, elle devient 'nuit au fond de l'arne et des visceres' et, pour se dire, elle voile I'expression, cultive I'ombre, seme l'ambiguHe. Si Grandbois, par certains aspects de son langage - hermetisme, disontinuite, disjonction - prolonge Ies effets de cette revolution, presque tout, precise Parizeau, Ie separe des Surrealistes car ceux-ci privilegiaient dans leur poesie Ie reve et Ia deraison au mepris du beau tandis que Grandbois se soucie d'art et croit a Ia beaute. Cependant, pour ce qui est de l'expression, ce souci, cette croyance n'empechent pas Ie poete de vaciller parfois entre 'Ies vertus de l'ecriture traditionnelle et Ia tentation Mallarmeenne' et de passer ainsi du 'clair-obscur' de Ia poesie a 'Ia Iumiere sans pitie de la prose.' 'Son ecriture, propose Parizeau, est a deux etages.' C'est, pour une bonne part, en sondant Ies failles et Ies faiblesses, en scrutantles craquelures quiforcent Ie passage entre les deux etages que Parizeau aborde Ie Iangage de Grandbois. Or, un langage, peut-on se demander, se revele-t-il mieux a ses defauts qu'a ses qualites? A lire Ie texte de Parizeau, on Ie croirait volontiers, car guide ainsi Ie lecteur re~oit I'impression de penetrer au coeur meme de la creation, Ia OU Ie poete se mesure a la matiere brute de I'expression. n s'agit la d'une forme de critique difficile a pratiquer. Pour Ie faire avec bonheur, nul doute que ceia requiert une longue familiarite avec Ie texte du poNe mais, aussi, quelque chose de plus, quelque chose qui touche au necessaire, a l'essentiel: une passion pour la langue. Reste enfin Ie delicat probleme d"appartenance' ou d"identite' qU'aborde Parizeau de fa~on circonspecte. Ce probleme, on peut mieux l'exprimer par les questions qui suivent: quelles traces Ies origines du poete, peuple et pays, ont-elles inscrites dans les poemes de Grandbois? 218 LETTERS IN CANADA 1988 ou encore dans quelle mesure ces origines ont-elles fa<.;onne les textes du poete? A l'exception de l'analogie que developpe Rene Garneau en 1956, Parizeau ne peut accepter les mises en rapport que l'on effectuera par la suite entre Ie continent americain et la poesie de Grandbois, car, selon lui, la geographie qui s'y deploie n'est d'aucun pays, mais d'un ailleurs produit de l'imaginaire, d'un 'reel au-dela du reel.' Et s'il fallait mettre au jour les traces d'une filiation dans la poesie de Grandbois, il y aurait sans doute lieu de tourner son regard vers cet autre territoire que constitue Ie Texte poetique, patiemment elabore par des generations de poetes parmi lesquels, l'on peut en etre sur, Grandbois a decouvert ses premiers modeles. Moderne, la conception de la poesie qU'emprunte Parizeau I'est incontestablement, comme I'est celle que pratique Grandbois. A l'aise avec Mallarme, il l'est toutefous beaucoup moins avec les Surrealistes, trop radicaux a ses yeux. Pourtant, ont-ils fait autre chose que de radicaliser la position de Mallarme? C'est que Parizeau ne peut pas admettre que la raison puisse abandonner son droit de regard. Aussi n'est-ce pas la la trace meme d'une difficile conciliation entre une pensee d'inspiration grecque fondee sur la clarte deja raison et une poetique qui la combat? (FRAN~OIS GALLAYS) Patricia Smart. Ecrire dans la maison du pere: L'Emergence du feminin dans la tradition litteraire du Quebec QuebedAmerique. 337. $23.95 broche Dans cette analyse qui porte sur plusieurs textes majeurs du XIxe et du xxe siecle, Patricia Smart offre une relecture remarquable des discours de I'homme et de la femme (et, par consequent, sur eux) dans la litterature quebecoise. L'element catalyseur de cette refiexion, ecrit l'auteure, ce fut que, commen<.;ant a lire des textes quebecois en tant que femme plut6t qu'en 'lecteur universel,' 'toute une triste cohorte de femmes tuees [lui] apparut.' L'ere du soup<.;on venait de s'ouvrir: si tout l'edifice, toute la Maison du pere s'etait elevee sur Ie refus, la reification ou Ie meurtre de la femme? Et si, parallelement a la voix de I'homme, il y avait une voix de femme que I'institution aurait sans cesse tue? Angelinede Montbrun, Ie premier des textes etudies, illustre magnifiquement cette question. Car, de constater Smart, 'Ia reponse critique au roman est en elle-meme un exemple de la fa<.;on dont l'appareil culturel de la societe patriarcale peut vider l'ecriture des femmes de son contenu subversif.' En considerant la parole d'Angeline comme 'angelique' (Casgrain), 'malsaine' (Le Moine) ou 'nefaste' (Ethier Blais), nul n'a vraiment fait apparaitre comment Ie 'je' feminin accede a la parole. A cette fin, Ie recours aux formesepistolaires ou du journal intime est tres ...

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