In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

42 LEITERS IN CANADA 1989 present-day concerns, will retum to their mythic roots for continuing inspiration. Poesie 1 /ROBERT YERGEAU Chaque fin de decennie tombe comme un couperet. Obligation morale des commentateurs: circonscrire l'episteme de la decennie qui s'acheve. L'entreprise constitue en soi une aporie: pusillanime est celui qui s'y soustrait; temeraire, celui qui s'avance plume premiere dans cette chausse-trappe; endoctrine, celui qui ressasse les poncifs que colporte avec force conviction chaque epoque. Pourtant, les articles et les livres, eux, s'accumulent, qui balisent deja le parcours de la decennie, qui ratissent le territoire eclate de la poesie. Dans son Introduction a Ia poesie quebecoise (Fides, Hurtubise HMH et Lemeac, coli. 'Bibliotheque quebecoise,' 295, $9.95), Jean Royer, ce zelateur de nos lettres, suggere, comme parametres pour lire les annees So, 'l'intime et le quotidien,' "'la seduction du romanesque,'" 'le langage et le reel,' 'le territoire interieur,' 'I'amour la mort,' '!'humour la colere' et 'le kaleidoscope,' cette derniere categorie regroupant les poetes venus d'horizons divers (Anthony Phelp, Mona Latif-Ghattas, Fulvio Caccia, etc). Pour sa part, Pierre Nepveu, dans L'Ecologie du reel (Boreal, 1988, 243, $22.95), propose l'Ere de la sensation vraie' ou se succedent des apen;us brillants sur la poesie des dix demieres annees, notamment 'la rarefaction ou la perte de substance,' la 'non-identite reprise a la fin sur le mode de la perte et du jeu, assumee simultanement comme catastrophe et comme valeur,' le 'rapport au monde comme interiorite enigmatique, comme depaysement devenu probleme.' Joseph Bonenfant, lui, soutient que 'L'experimentation langagiere est plus soucieuse de communication; des surfaces plus lisses permettent des chatoiements plus profonds; on est comme en train de depasser un manierisme forme! qui a perdu son attrait; le je de 1'enonciaton n'est plus honteux' ('L'emprise de trois poesies,' Voix et Images, n° 44, hiver 1990, 282-3). En ce qui nous concerne, la poesie qui nous interesse durant cette decennie nous apparait comme une suite de moments fragiles (Jacques Brault) et d'autoportraits (Marie Uguay), qui ne sont pas secoues par les grands frissons ideologiques et mystiques du Texte. Que de poemes et de discours a-t-on sacrifies sur l'autel du Texte, de la Modernite, du Genre! De plus, aux nouveaux maitres mots qui se sont imposes (I'intime, le reel), a une taxonomie debridee (texte, textualisation, ecriture, POESIE 43 ecritoire, fiction, recit) et a la surenchere taus azimuts de nouveaute (nouveau lyrisme, nouvelle subjectivite, nouvelle interiorite), nous preferons des poemes qui participent de notre epoque sans qu'il n'y paraisse parfois, qui ne sontni precedes ni suivis de la fanfare moderniste et qui representent peut-etre des failles, des fissures, des felures dans ce vaste horizon d'attente de la postmodernite. Ces poemes, nous les trouvons chez plusieurs auteurs, mais s'il faut en retenir deux (l'un consacre, !'autre a l'etre ...), nous nommerons Fernand Ouellette (Les Heures) et Yves Gosselin (Brescia, miracle de lajusticeamereI Connaisance de la mort, LeVieest un reve deja termine et Les Guerres sonteternelles). Nous avans parle deja de ces deux poetes (voir 'Letters in Canada 1987,' 52-3). Nous ajouterons toutefois ceci: la poesie d'Yves Gosselin est la plus exigeante qu'il m'ait ete donne de lire parmi toutes celles de la nouvelle generation. Si la litterature quebecoise des annees soixante articulait des pratiques d'ecriture sur le mode du commencement- mais d'un commencement problematique, d'un commencement porteur d'une fin, selon Nepveucertains poetes des annees 8o n'ont-ils pas cherche a 'apprendre a vivre' (Hugues Corriveau), 'en sachant que rien n'est fini' (Mario Cholette), du fait que tout le soit? En d'autres termes, certaines poesies (laissons tomber le singulier, toujours reducteur) n'ont-elles pas propose et ne continuent -elles pas de proposer la fin comme (re)commencement? Peut-etre s'agit-il d'une danse sur les ruines, mais certains des recueils que nous avons retenus pour notre chronique font preuve, a cet effet, d'une singuliere serenite. Ainsi, Andre Brochu cultive, dans Les Matins nus, le vent {Trois, call 'Topaze,' 79, $10), un ton primesautier, vi...

pdf

Share