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  • Présentation
  • Guy Laforest (bio) and Simon Langlois (bio)

Les sociétés développées sont de plus en plus pluriculturelles dans les faits, qu’elles s’inspirent ou non du multiculturalisme ou de l’interculturalisme dans l’élaboration de leurs politiques publiques. Comment dès lors concilier les exigences du « vouloir vivre ensemble » et de la poursuite du bien commun, ainsi que celles de la nécessaire neutralité de l’État dans ses politiques vis-à-vis les valeurs religieuses et les normes sociales de plus en plus diversifiées ? Les accommodements raisonnables sont-ils la solution ? Sont-ils conciliables avec le modèle républicain et peuvent-ils satisfaire les attentes des individus qui les demandent ? Le républicanisme doit-il être pensé à nouveaux frais ? C’est à l’examen de ces questions et des enjeux nouveaux que posent la laïcité et le républicanisme dans les sociétés européennes et nord-américaines qu’a été consacré un colloque organisé par la Faculté des sciences sociales et la Faculté de philosophie de l’Université Laval (Québec) en collaboration avec la Société Tocqueville et le Groupe de recherche sur les sociétés plurinationales (Montréal), tenu à Québec les 5 et 6 octobre 2012. Le présent numéro de The Tocqueville Review/La revue Tocqueville publie les travaux de ce colloque. [End Page 11]

Le Canada – et le Québec en particulier – offrent deux terrains privilégiés pour l’étude de ces questions. Le multiculturalisme a été mis en avant d’abord au Canada dans les années 1970, tandis que le Québec, de son côté, a graduellement développé une approche interculturelle dans les années 1990 avant d’être le lieu d’un important débat de société sur les accommodements raisonnables. Le multiculturalisme canadien et les accommodements raisonnables québécois sont souvent évoqués dans la littérature sur les questions identitaires en lien avec l’immigration internationale. Toutefois, ces politiques et les réalités sociales auxquelles elles répondent ne sont pas très bien documentées ni bien connues. Le présent numéro de The Tocqueville Review/La revue Tocqueville comblera cette lacune.

Au sens courant, la laïcité désigne la séparation entre l’Église et l’État. Celle-ci s’est faite assez brutalement en France alors qu’elle s’est affirmée par aménagement graduel au Canada – et particulièrement au Québec, comme le montre le texte de Yvan Lamonde – et qu’elle a été l’objet de négociations aux États-Unis où T. Jefferson et d’autres ont contribué à mettre en place les conditions politiques qui ont rendu possible une cohabitation pacifique entre différents groupements religieux. Pour fixer les idées, rappelons la définition que donne Micheline Milot de la laïcité. « […] la laïcité correspond à un aménagement du politique où la liberté de conscience se trouve, conformément à une volonté d’égale justice pour tous, garantie juridiquement par un État neutre à l’égard des différentes conceptions de la vie bonne qui coexistent dans la société » (Milot, 2002, p. 34). Cette définition peut être objet de débats, comme le montre la littérature sur le sujet. Dans le texte qu’elle a donné pour ce numéro, Milot précise que la laïcité est cependant une notion plus complexe et elle distingue deux conceptions idéal-typiques de la laïcité, par-delà les cas de figure très diversifiés rencontrés dans les différentes sociétés.

La première tendance accorde une importance majeure à la régulation politique. « L’exercice des droits fondamentaux doit répondre aux exigences d’une stricte neutralité de toutes les institutions publiques et, dans ces institutions, d’une neutralité « apparente » des individus qui y travaillent ou sont demandeurs de services ». Milot montre que cette conception s’appuie sur un certain nombre de craintes tels que l’enfermement dans le communautarisme, [End Page 12] l’érosion des valeurs communes et la menace pesant sur les acquis de la démocratie.

L’autre conception de l’État...

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