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Book Reviews131 Reviews Pre-Revolutionary French Literature James, Geneviève, ed. De l'écriture mystique auféminin. Laval : Les Presses de l'Université de Laval, 2005. Ppl67. ISBN 2-7475-8814-9. $25.00 Can (Paper). Ce volume tiré des actes de deux colloques, l'un ayant eu lieu aux ÉtatsUnis et l'autre en France, confirme l'intérêt grandissant pour la créativité littéraire des femmes mystiques, comme le prouve également la publication récente des carnets intimes d'Ursula de Jésus, mystique africaine du dix-septième siècle (U ofNew Mexico P, 2004), ou encore la correspondance de Madame Guyon, autre mystique du dix-septième siècle (Honoré Champion, 2005). Si ce volume est particulièrement intéressant, c'est grâce à son approche transculturelle (Europe, Amérique,Antilles) et à laperspective multidisciplinaire qui s'ytrouve. Il s'inscrit sous le fil conducteur de « mysticité », défini comme pratique dévotionnelle intuitive et intense, plutôt que de « mysticisme », terme plus restrictif et connoté. Ainsi on y trouve non seulement des cas de mystiques classiques comme St Thérèse d'Avila, mais aussi des laïques dévotes en quête de spiritualité ou encore des femmes accusées de sorcellerie. Organisé de façon plus ou moins chronologique, le volume débute sur deux femmes littéraires dévotes de l'Ancien régime, Catherine d'Amboise et Marguerite de Navarre qui, à la lumière des essais de François Paré et Catherine Müller, méritentunerelecture. Uinfluence de lalittérature courtoise, celle dunéo-platonisme ou même celle de la mystique rhénane n'a pas empêché ces deux femmes de développerune spiritualité profondément originale : Catherine d'Amboise àtravers le magnifique concept de « miséricorde » et la reine de Navarre à travers la voix divine « insupportable » et « nompareille » (44). Cependant, c'est en confrontant ces femmes à l'hagiographie de Huysmans sur une sainte du Moyen Age que l'on saisit mieux la force du vécu de l'expérience mystique. Dans son commentaire sur Huysmans, Imane Hakam montre que l'écrivain, conscient de l'inexprimable de l'extase mystique, parvient à faire du corps souffrant de la sainte « le manuscrit d'une réparation victimaire, à la fois jouissance comme preuve d'amour et exaltation de la conscience du sujet » (11). La force d'un langage incarné ou performant est aussi le propos des essais par Mercedes Allendesalazar et Raymond Brodeur. Tous deux présentent deux femmes qui se donnent à entendre plutôt qu'à lire. Vouloir, comme Marie de l'Incarnation, que« ses paroles sonnent » (69) ou s'adresser, comme le fait Ste Thérèse à ses religieuses, avec « une éloquence de capitaine haranguant ses troupes » (52), c'est montrer que la force acquise passe par une souffrance telle que, pour paraphraser Ste Thérèse, on est mort, mais sans être vaincu. Les trois autres essais dans ce volume donnent à voir des mystiques qui s'éloignent de la mystique chrétienne traditionnelle. Ainsi est le portrait fictif des sorcières brossé par Maryse Condé dans Moi, Tituba sorcière... Noire de 1 32Women in French Studies Salem. Comme le fait remarquer Pascale de Souza, dans le contexte antillais, les femmes aux capacités spirituelles ne se consacrent pas à la souffrance et au sacrifice pour le salut du monde mais utilisent plutôt leurs pouvoirs étranges — guérir ou se métamorphoser— à des fins bénéfiques. Aussi peut-on se demander si leur absence dans la littérature masculine des Antilles est indicative de l'ambivalence face à celles qui passent pour sorcières auxyeux des maîtres blancs etpourmystiquesauxyeuxdesesclaves. Depuistoujours, l'institutiondeL'Église s'est méfiée des femmes mystiques, ce que laisse entrevoir le cas de Madeleine, femme du début du vingtième siècle dont les visions ont été acceptées puis rejetées par l'église. Forcée de se tourner vers l'ésotérisme chrétien pour continuer à combattre la franc-maçonnerie, Madeleine finit à l'hôpital psychiatrique après s'être proclamée « Roi du monde » (163). Comme le montrent bien JeanPierre Laurant et Jacques Maître, l'histoire...

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