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  • Partir pour la famille. Fécondité, grossesse et accouchement au Québec, 1900–1950 by Suzanne Marchand
  • Denyse Baillargeon
Suzanne Marchand, Partir pour la famille. Fécondité, grossesse et accouchement au Québec, 1900–1950 (Québec: Septentrion 2012)

Cet ouvrage de Suzanne Marchand constitue en quelque sorte une synthèse des connaissances au sujet des croyances, rites et pratiques populaires entourant la fécondité, la grossesse, l’accouchement et les soins aux bébés qui avaient cours dans la société québécoise dans la première moitié du xxe siècle. Fondé essentiellement sur des témoignages dénichés dans une large variété de fonds d’archives, mais aussi sur des extraits d’entrevues réalisées par différents chercheurs (ethnologues, sociologues, historiens) et ayant ser vi à illustrer leurs analyses, le livre se divise en neuf chapitres qui s’attardent successivement au désir d’enfants, à la contraception et à la stérilité (chapitres 1 à 3), aux usages et conventions entourant la période de la gestation et aux espoirs qu’elle suscite (chapitres 4 et 5), avant finalement d’aborder la naissance, tant du point de vue de la mère que de l’enfant (chapitres 6 et 7) et le difficile passage que constituaient les premiers mois de la vie pour le nouveau-né (chapitres 8 et 9). Chacun de ces thèmes fait l’objet d’une brève mise en contexte, statistique ou autres, mais très clairement, l’objectif poursuivi par l’auteur était surtout de décrire les pratiques et les croyances populaires en laissant le plus possible la parole aux témoins de l’époque, comme l’attestent les très nombreuses citations, souvent à la suite, qui jalonnent le texte.

L’une des forces de cette étude est donc d’accorder une large place aux [End Page 243] différentes convictions, perceptions ou coutumes, parfois contradictoires, en rapport avec la maternité, dévoilant leur richesse, tout en abordant des questions plus délicates comme la contraception – y compris l’avortement –, la stérilité, de même que la mortalité maternelle et infantile, brisant ainsi l’image idyllique de la famille nombreuse et heureuse d’autrefois. Il reste cependant que du point de vue de l’histoire sociale, le texte fait trop souvent l’économie d’une véritable analyse de ces différentes pratiques et croyances qui aiderait à les comprendre et à les interpréter. Ainsi, pour ne donner que quelques exemples, le texte ne questionne pas les raisons qui amènent à systématiquement remettre en cause la capacité des femmes à concevoir en cas d’infertilité du couple (81), le fait qu’une grossesse difficile était interprétée comme le signe que la mère donnerait naissance à une fille (136) ou qu’ il existait des recettes pour concevoir des garçons, mais, apparemment, pas pour concevoir des filles (145 et ss). Chacune à leur manière, ces différentes convictions témoignent du faible statut des femmes dans la société québécoise de la première moitié du xxe siècle, sans que cela soit relevé par l’auteur.

Cette absence d ’analyse va en quelque sorte de pair avec l ’absence d’un questionnement précis qui aurait pu guider la recherche. Plutôt, l’étude a été orientée par une longue liste d’interrogations énumérées à la page 17, mais qui, en raison même de leur foisonnement, ne débouchent pas sur une véritable problématique. Essentiellement descriptif, l’ouvrage ne soutient donc pas une thèse clairement définie qui viendrait en structurer le propos. L’auteur ne situe pas non plus son travail dans l ’historiographie, l ’énumération d’auteurs (voir p. 15–16) ne pouvant tenir lieu d’un véritable état de la question. Comme mentionné plus haut, pour faire ce vaste tour d’horizon, Marchand est allée puiser dans différents fonds d’archives et différentes études, mais sans donner une idée claire du nombre de témoignages finalement utilisés, de leur répartition dans le temps ou entre les sexes (on devine qu’il...

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