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  • Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie / Writing Women and Critical Dialogues : Subjectivity, Gender and Irony by Françoise Lionnet
  • Nadège Veldwachter
Françoise Lionnet. Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie / Writing Women and Critical Dialogues : Subjectivity, Gender and Irony. La Pelouse, Trou d’Eau Douce, Ile Maurice: L’Atelier d’écriture, 2012. Pp 314. ISBN 99903-36-68-7.

Cette collection d’essais rassemblant textes français et anglais est l’un des deux volumes qui retracent l’évolution de la pensée critique de Françoise Lionnet, l’une des chercheuses les plus respectées dans les études francophones, au cours de ces vingt dernières années.

L’intention derrière ce recueil est formulée sans ambages. Il s’agit d’ « un effort de réévaluation de l’histoire littéraire et de ses lacunes » (19). Pour ce faire, Lionnet déploie une méthodologie exemplaire résolument ancrée dans l’interdisciplinaire. Le livre, divisé en deux parties, suit une chronologie et une thématique distinctes.

La première partie allant de 1991 à 2001 s’ouvre sur la dénonciation de la « misogynie ordinaire » (19) qui imprègne la tradition poétique des pontes de la littérature française et francophone : Breton, Senghor, Césaire, de Chazal et Maunick. Lionnet déplore le poids patrimonial d’une littérature où la femme est réduite à un ‘signe’ métaphorique vidé de toute subjectivité. Les trois chapitres suivants sont dédiés, respectivement, à Humbert, Devi et Collen, auteures mauriciennes, qui répondent à ce discours masculin. « Le principe organisateur de l’auto-portrait » (61) dans À l’autre bout de moi d’Humbert fait naître un dialogue innovant avec Nietzsche où psychanalyse et philosophie informent le concept de fragmentation identitaire ; plus avant, le contexte de la condition ouvrière féminine des années 1980 dans There is a Tide de Collen révèle l’éclatement [End Page 170] culturel des nouvelles nations postmodernes à la merci de modes de consommation mondiaux qui ne laissent guère de fonctionnalité à l’expression du ‘local’.

Couvrant la période de 2002 à 2012, la deuxième partie élabore une topologie fertile pour soulever et éclairer les interrogations autour du concept de littérature-monde en français. La multiplicité des sujets abordés donne à la fois une vision globale et comparative de la littérature fran-cophone dans toute sa richesse intertextuelle.

Prenant une position adverse aux préceptes du mouvement de la littérature-monde, Lionnet adopte trois axes de démonstration. Les relations translinguistique et transhistorique entre Maryse Condé et Emily Brontë ainsi qu’entre Marie-Thérèse Humbert et Jane Austen sont examinées à travers les réécritures ‘périphériques’ du canon anglais. Dans Le Dernier Frère d’Appanah, Lion-net révèle la résonance ‘multidirectionnelle’ des mémoires juive et mauricienne de la seconde guerre mondiale. L’auteur conclut sur les notions de mimétisme et d’ironie retracées dans l’hommage rendu à l’œuvre de Devi. C’est en vertu d’un chevillage narratologique assuré que l’argumentation convainc. Au lieu du racornissement critique d’une pensée de la francophonie soumise aux diktats du centre parisien, Lionnet offre une relecture de « codes et pratiques rhétoriques qui ont toujours été le sceau philologique […] de nombreux textes francophones» (176) chez des écrivains voyageurs des 17e et 18e siècles (Bernardin de Saint-Pierre). Ceci lui permet de dévoiler les formes déjà présentes, à l’époque moderne, de créolisation et mondialisation propices à l’avènement de ce qu’elle nomme la relation « transcoloniale » (183).

L’atout majeur de cet ouvrage est de faire (re)découvrir un critique incontournable des études postcoloniales dont l’œuvre explore et met en pratique les notions d’hybridité et cosmopolitisme littéraire dans un souci constant de renouvellement de sa pensée. [End Page 171]

Nadège Veldwachter
Purdue University
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