In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Space and Time in Ancient Greek Narrative by Alex C. Purves
  • Louis L’Allier
Alex C. Purves. Space and Time in Ancient Greek Narrative. Cambridge: Cambridge University Press, 2010. Pp. XI + 273. US $85. ISBN 9780521190985.

L’étude brève mais profonde de Purves analyse les relations entre les thèmes du chemin, de l’espace et du temps dans la littérature grecque. Comme en témoigne le titre gagnant du dernier Goncourt, cette matière, riche et touffue transgresse les genres et les époques, et se prête bien à une étude diachronique comme celle de Purves.

Son travail repose sur un classement de la représentation de l’espace en deux catégories. Cette représentation peut être d’abord « cartographique » (ou « proto-cartographique »), si l’espace est envisagé de façon synoptique et que l’auteur embrasse l’ensemble et le détail d’un seul coup d’œil, généralement grâce à l’inspiration des Muses; d’un autre côté, elle peut être « anti-cartographique », lorsque l’espace est un trajet que l’on découvre à mesure que la marche ou la navigation progresse.

À partir de ces prémisses, l’auteure analyse le spectre de la littérature grecque entre ces pôles que sont, d’un côté, l’Iliade et l’Odyssée et de l’autre l’Anabase et l’Économique de Xénophon. Elle conclut qu’en dernière analyse, seule la dernière œuvre offre une vision synoptique du monde, libérée de toute assistance divine. Ainsi, la venue de la prose annonce un nouveau paradigme où l’écriture synoptique de la Muse est remplacée par le chemin de la prose, une prose à travers laquelle le lecteur va d’un mot à l’autre, sans savoir ce qui l’attend au prochain détour, ou bien découvre le monde jusque dans ses moindres détails.

L’ouvrage est divisé en six chapitres :

  1. 1. The Eusynoptic Iliad: Visualizing Space and Movement in the Poem

  2. 2. Paths and Measures: Epic Space and the Odyssey

  3. 3. The World in the Hand: Anaximander, Pherecydes, and the Invention of Cartography

  4. 4. Map and Narrative: Herodotus’s Histories

  5. 5. Losing the Way Home: Xenophon’s Anabasis

  6. 6. Finding (Things at) Home: Xenophon’s Oeconomicus.

L’introduction, rappelle l’importance des nombres, ou plutôt celle de leur indicibilité qui se manifeste par l’impossibilité pour l’auteur, qu’il soit [End Page 439] poète, conteur ou historien, de connaître à la fois l’ensemble et le détail, ou encore l’individu et le nombre total. Ceci est illustré, entre autres, par la description de la Pythie que fait Hérodote dans les Histoires (I, 47). De par son inspiration divine, celle-ci connaît l’ensemble et le détail, elle sait même compter les grains de sable, tandis qu’Hérodote lui-même peine à mesurer la Mer Noire empiriquement. Dans un deuxième temps, Purves se demande à la suite d’Aristote (Rhétorique 3.12.1414a–b) comment la trame littéraire se compare à un territoire et comment la forme et le style poétique se rattachent à un objet qui possède des dimensions physiques.

Purves en vient à formuler trois questions qui lui serviront de fil directeur :

  1. 1. Comment l’Iliade peut-elle être perçue de façon synoptique, à la façon des Muses ?

  2. 2. Comment pouvons-nous envisager la littérature comme si elle avait une forme perceptible par « l’œil de la pensée » ?

  3. 3. Comment ces interrogations s’insèrent-elles dans une relation diachronique entre l’espace et la trame narrative ?

Les deux premiers chapitres se concentrent sur l’Iliade et l’Odyssée. Purves explique d’abord comment l’Iliade offre une vue synoptique (ou protocartographique) du monde. À travers des exemples qui vont de l’évocation du catalogue des vaisseaux jusqu’à celle du bouclier d’Achille, l’auteure nous rappelle que la présence constante de la Muse permet au poète de percevoir l’ensemble et le détail du panorama. Il en est tout autrement de l’Odyssée qui ne présente pas un monde clos et...

pdf

Share