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Reviewed by:
  • Les Écrivains devant la mort by Laurent Versini
  • Edward Ousselin
Les Écrivains devant la mort. Sous la direction de Laurent Versini. (Travaux de littérature, 25). Genève: Droz, 2012. 543 pp.

Le dernier volume de la collection publiée par l’ADIREL (Association pour la diffusion de la recherche littéraire) contient trente-huit articles consacrés aux diverses représentations littéraires de la mort, sujet paradoxal s’il en est, comme le signale Laurent Versini dans sa très courte introduction: ‘La mort est un sujet impossible pour un écrivain, qu’il s’agisse de celle d’autrui qu’il ne voit que de l’extérieur, ou de la sienne qui ne peut être une expérience’ (p. 8). Cette ‘impossibilité’ théorique n’empêche toutefois pas la thématique de la mort d’être amplement représentée à toutes les époques de la littérature, comme en témoigne cet ambitieux volume, dont les articles successifs donnent l’impression d’un intérêt continu de la part des auteurs, voire d’une fascination, du Moyen Âge jusqu’à nos jours. En effet, à la lecture des Écrivains devant la mort, l’affirmation suivante semble devoir s’appliquer à bien d’autres époques: ‘Omniprésente dans les œuvres littéraires et artistiques de la fin du Moyen Âge, la réflexion sur la mort occupe une place importante dans l’imaginaire des hommes du temps’ (Danielle Quéruel, p. 50). On trouvera des essais consacrés à des auteurs le plus souvent célèbres: Villon, Pascal, Racine, Montesquieu, Voltaire, Hugo, Verlaine, Péguy, Malraux, parmi d’autres. Cependant, certains auteurs mineurs font également l’objet d’études utiles. Par exemple, l’article de Françoise Susini Anastopoulos (‘Écritures de la fin: Georges Perros, L’Ardoise magique (1978) et Pierre-Albert Jourdan, L’Approche (1984)’) compare deux écrivains atteints de maladies incurables, qui ‘laissent derrière eux deux journaux d’agonie, le second avouant sa dette au premier’ (p. 470). Une autre étude comparative établit un contraste fructueux entre deux auteurs plus connus, Camus et Giono (‘La Mort noire de La Peste, la mort gaie du Hussard sur le toit’ de Jean Sarrochi). Pour sa part, Constantin Makris s’est penché sur le cas du mouvement surréaliste (‘Sur l’expérience ambiguë de la mort dans le surréalisme, quelques aperçus’), faisant ressortir, entre autres, la ‘passion du Mexique’ (pp. 439–41) qu’ont [End Page 284] éprouvée plusieurs surréalistes, fascinés par les manifestations culturelles, constantes et apparemment tranquilles, de la présence de la mort dans ce pays. C’est dans la production théâtrale que France Marchal-Ninosque (‘Mourir ou ne pas mourir sur la scène française du xviiie siècle’) examine l’évolution des représentations littéraires de la mort comme celle des codes de la tragédie: ‘Peut-être faut-il penser que la représentation de la mort avait été tellement galvaudée sur la scène du xviiie siècle qu’elle avait fini par perdre sa part de mystère insondable’ (p. 277). Constance Cagnat-Debœuf (‘“Ce triomphe d’amour”: la mort des Solitaires dans les mémoires de Port-Royal’) perçoit chez les mémorialistes de la célèbre abbaye le témoignage d’un ‘autre regard sur la mort’ (p. 139). Malgré ses dimensions considérables, Les Écrivains devant la mort ne peut prétendre à l’exhaustivité, et chaque lecteur regrettera sans doute l’absence de certains auteurs. Pour ma part, je m’étonne de ne trouver aucun article consacré à Marguerite Yourcenar. L’auteure du Coup de grâce, de L’Œuvre au noir, des Mémoires d’Hadrien aurait dû trouver sa place dans ce volume.

Edward Ousselin
Western Washington University
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