Abstract

Sous l’éclairage de l’éthique de la responsabilité d’Emmanuel Levinas et des études récentes centrées sur le lien entre l’esthétique et l’éthique de Colin Davis, Michele Aaron et Sam B. Girgus, cette étude analyse deux films français contemporains dont les protagonistes sont des social serial killers. Elle est des nôtres de Siegrid Alnoy et Le Couperet de Constantin Costa-Gavras interrogent l’agencivité de leurs protagonistes criminels autant que celle des spectateurs. Le premier film offre une rencontre visuelle avec l’altérité à travers Christine Blanc, un personnage déroutant et étranger. L’esthétique du film, surtout le décadrage, la discontinuité narrative et la primauté des gros plans, illustre comment l’indifférence humaine engendre l’aliénation individuelle et la déshumanisation collective. Ce film montre, au niveau thématique comme visuel, la transformation de l’héroïne à l’identité problématique en un sujet éthique qui, finalement, cherche sa rédemption. La comparaison entre l’adaptation cinématographique de Costa-Gavras et le roman de Donald E. Westlake, The Ax, montre comment les ajouts cinématographiques créent un surplus de signification éthique. Le cinéaste traduit visuellement le manque d’éthique générale dans une société ouroborique où l’altéricide devient principe de survie. Une question se pose: comment exercer notre propre agencivité spectatorielle devant de tels spectacles?

pdf

Share