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Reviewed by:
  • Maryse Condé : Mythe, parabole et complexité by Deborah M. Hess
  • Mohit Chandna
Hess, Deborah M. Maryse Condé : Mythe, parabole et complexité. Paris: L’Harmattan, 2011. ISBN 9782296553576. 197 p.

Maryse Condé: Mythe, parabole et complexité fait partie d’une nouvelle vague d’œuvres critiques consacrées à Maryse Condé. Deborah M. Hess, professeur de littératures française et francophone à Drew University (USA), analyse l’œuvre de Condé sous l’optique de ce que Hess appelle une poétique de la complexité. Maryse Condé: Mythe, parabole et complexité pourrait servir d’introduction à ceux qui veulent s’initier aux enjeux littéraires des Antilles et promet aussi d’être un outil important pour les chercheurs travaillant sur la romancière guadeloupéenne. Cette étude porte principalement sur les romans et ses récits, mais comme elle évoque également les essais importants de Condé, elle nous permet de voir l’évolution qui a eu lieu chez l’auteure pendant sa carrière.

Cette étude prend son point de départ dans le “déterminisme philosophique et mathématique” (43) qui existait avant la deuxième moitié du dixneuvième siècle et qui pensait pouvoir tout ordonner et expliquer. Les mathématiques, par exemple, cherchaient toujours “la prédictibilité” et étaient basées sur “la notion qu’il existait des solutions à tout problème, que le monde était au fond compréhensible” (44). Mais cette confiance a commencé à chanceler lorsque vers 1860 on a “constaté qu’un domaine toujours plus étendu échappait à l’analyse scientifique et mathématique” et qu’il y avait parfois “un élément d’incertitude” (44) qui entrait dans les résultats. [End Page 254]

À partir de cette époque les scientifiques modernes “ont cherché la régularité, même dans un état apparemment désordonné” (44). Les découvertes dans des domaines tels que l’informatique et la mécanique quantique nous ont four-ni des outils pour analyser ces systèmes complexes et l’incohérence dans leurs composants. Selon Hess, étant donné que la littérature antillaise fait preuve des “aspects que nous attribuons généralement au désordre et à l’incohérence” (45) cette littérature se prête à des modèles qu’on utilise pour analyser la complexité.

Cette étude est divisée en deux parties dont la première, composée de trois chapitres, établit la définition de ce que veut dire la complexité. Le premier chapitre expose des facteurs tels que “l’instabilité climatique et volcanique, les codes raciaux” (22) et la multiplicité de l’identité guadeloupéenne pour établir la présence “d’une complexité culturelle” (22) aux Antilles. Le deuxième chapitre a pour but de présenter le choc culturel qu’a dû vivre Condé lors de son arrivée à Paris pendant les années cinquante. C’est le troisième chapitre, “La Complexité littéraire,” qui énonce les cinq caractéristiques principales définissant ces systèmes complexes. La fragmentation, l’indéterminisme, la présence de facteurs multiples, la non-linéarité et l’évolution dynamique du système—la définition de ces cinq traits forme le noyau de cette étude et pose la fondation de la deuxième partie de ce livre où, à travers ses analyses littéraires, Hess situe l’œuvre de Condé dans la “poétique de la complexité.”

Chaque chapitre de cette deuxième partie est dédié à découvrir un composant différent de la complexité chez Condé– le renversement identitaire (chapitre 1); le croisement de plusieurs traditions radicalement différentes (chapitre 2); la fragmentation littéraire (chapitre 3); la complexité identitaire et la structure narrative et discursive (chapitre 4); l’effondrement des structures sociales (chapitre 5); les bords infinis ou la disparation des limites (chapitre 6) et les éléments qui évoquent le mythe sacré chez Condé (chapitre 7). La particularité de cette étude réside dans l’interaction que Hess arrive à établir entre ces éléments et la préoccupation centrale de Condé qui est l’articulation d’une identité dans le contexte antillais. Plus précisément comment articuler une “réalité fortement perturbée” (58) qui ne témoigne pas de structure ni de...

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