Abstract

Dans son roman Le Mal de peau, Monique Ilboudo entremêle dans la narration les itinéraires respectifs d’une mère meurtrie par un viol et de sa fille métisse en quête de son identité. Ce roman qui signe l’acte de naissance de la littérature dite féminine au Burkina Faso est ici analysé du point de vue des modalités de l’irruption de la figure féminine dans la fiction. Ma réflexion interroge les paradigmes de la représentation des femmes, à partir des questions du sexe et de la couleur de peau. Plus exactement, il s’agit de mettre en évidence d’un point de vue diachronique les tribulations de femmes dont l’autonomie se trouve a priori rendue inopérante par les avatars de la colonisation et le chaos post-colonial. Mais bien plus qu’une lecture du statut subalterne de la femme dans la fiction, mon analyse s’appuie sur les thèses de Paul Ricœur sur les identités narratives, la mémoire et l’oubli, afin de suggérer l’émergence dans ce roman d’une nouvelle posture féminine. L’ultime objectif de cet article est de montrer qu’en dépit de son apparente impuissance, le personnage féminin dans le roman étudié échappe au stéréotype et réussit à se constituer en sujet de pouvoir.

pdf