Abstract

Jusqu'en 1950, les sages-femmes furent porteuses, comme la société et le corps médical, d'une conception doloriste de l'accouchement qui infantilisait les femmes et les maintenait dans un contexte de peur alimenté par l'ignorance. La préparation psycho-prophylactique à l'accouchement, qui se développe en France à partir de 1952, modifie profondément le rôle de ces sages-femmes. Autant qu'obstétriciennes, elles deviennent enseignantes et psychologues, pour élucider avec les futurs parents (père autant que mère) ce que l'accouchement peut avoir de mystère inquiétant. Elles enseignent à la femme comment maîtriser son corps et mettre au monde son enfant sans être submergée par la douleur. Mais la méthode de l' « accouchement sans douleur » est contestée dans les années 1970. Depuis 1980, l'indolorisation se fait de plus en plus par l'anesthésie péridurale et la naissance est plus médicalisée, ce qui, à nouveau, relègue la sage-femme au rang d'auxiliaire du médecin et infantilise la femme en couches. Aujourd'hui, de plus en plus de sages-femmes cherchent une alternative et prônent le retour à des méthodes psycho-prophylactiques qui, sans sombrer dans le rejet de la science et de la modernité, permettraient à la femme et au couple de se réapproprier la naissance.

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