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Reviewed by:
  • The One Best Way? Breastfeeding History, Politics, and Policy in Canada
  • Caroline Durand
The One Best Way? Breastfeeding History, Politics, and Policy in CanadaTasnim Nathoo et Aleck Ostry. Waterloo : Wilfrid Laurier University Press, 2009, 262 pages, 29,95 $.

Qu’est-ce qui encourage les femmes à allaiter et comment l’État pourrait-il mieux les soutenir dans ce choix ? Dans The One Best Way? Breastfeeding History, Politics, and Policy in Canada, Tasnim Nathoo et Aleck Ostry s’intéressent à ces questions sous une perspective historique et évaluent l’efficacité de différentes politiques canadiennes dans le domaine. Ils expliquent que la décision d’allaiter, loin de se limiter à un choix individuel, est soumise à de nombreuses contraintes sociales, culturelles, économiques et matérielles. Les auteurs démontrent que la plupart des mesures mises en place pour favoriser l’allaitement ont trop mis l’accent sur l’éducation des femmes, alors qu’il y avait beaucoup d’efforts à faire pour transformer le contexte dans lequel elles allaitent.

Les auteurs structurent leur propos autour de quatre axes interreliés : l’évolution des pratiques, les discours scientifiques et médicaux, la commercialisation de substituts du lait maternel et les mesures prises par le gouvernement fédéral en faveur de l’allaitement. L’ouvrage suit une division chronologique correspondant aux principales tendances qui, en matière d’allaitement, permettent de définir quatre grandes périodes. La première période couvre les années 1850 à 1920 et correspond au passage de l’ère préindustrielle, où la vaste majorité des enfants sont nourris au sein, à l’ère industrielle, où un nombre croissant de mères ont recours au biberon. La deuxième période est celle des années 1920 à 1960, où l’allaitement décline au profit des formules prescrites par les médecins ou disponibles sur le marché. La troisième partie aborde la résurgence de l’allaitement dans les années 1960 et 1970, ainsi que le soutien important accordé par l’État à cette pratique dans les années 1980. Enfin, la quatrième partie analyse les questions qui se posent aujourd’hui, en faisant la critique des politiques actuelles dans le domaine et en proposant quelques pistes pour les améliorer. [End Page 611]

Tasnim Nathoo et Aleck Ostry effectuent une excellente synthèse de différents ouvrages traitant de l’histoire sociale, de l’histoire des femmes et de l’histoire de la santé pour montrer que les premiers discours qui faisaient la promotion de l’allaitement, souvent moralisateurs et nationalistes, n’étaient pas appuyés par des mesures telles que des allocations pour les mères allaitantes ou des congés de maternité. Ils utilisent le même type de sources pour expliquer la situation paradoxale qui s’installe entre 1920 et 1960 : si les médecins et les pédiatres continuent de prôner l’allaitement, ils font aussi en sorte que, à l’hôpital, dans les cliniques et dans les dépôts de lait maternel, le biberon devienne la norme, participant ainsi à la hausse de sa popularité. D’autres éléments contribuent aussi à promouvoir l’utilisation du biberon, dont l’abondante publicité pour les formules, la nouvelle image paternelle qui apparaît et la pudeur qui caractérise l’époque. De plus, la croissance rapide du nombre d’accouchements qui se déroulent à l’hôpital, où la préférence pour le biberon est alors claire, semble avoir fortement contribué à ce changement. À la fin de la période 1920–1960, il n’y a plus que le quart des mères canadiennes qui allaitent, ce qui constitue un creux historique pour cette pratique. Les auteurs démontrent ainsi, statistiques à l’appui, que l’éducation peut avoir des effets contraires aux objectifs visés lorsqu’elle véhicule des discours contradictoires, et qu’elle a aussi peu d’influence sur certaines conditions matérielles et sociales.

Les années 1960 à 2000 sont marquées par une forte hausse de l’allaitement : en 2003, environ 85 % des femmes allaitent au Canada. Ce retour est provoqué par plusieurs changements sociaux simultanés, dont la montée du féminisme, qui permet aux...

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