In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • The making of women trade unionists
  • Cécile Guillaume
Gill Kirton . - The making of women trade unionists, Aldershot, Ashgate, 2006, XVI-200 pages.

Cet ouvrage s'inscrit dans une tradition anglaise riche et stimulante de recherches sur « femmes et syndicalisme ». Il s'intéresse aux formes et supports de l'engagement syndical féminin, dans une perspective à la fois historique et sociologique. En s'appuyant sur une enquête qualitative, combinant analyse d'archives, entretiens semi-directifs et observation participante, l'auteure s'interroge sur les effets spécifiques des formations pour femmes (women-only courses) sur les « carrières » syndicales féminines et sur la fabrication d'une identité de genre « active », voire politisée (féministe), considérée comme le levier essentiel d'une participation syndicale soutenue. Au fil des huit chapitres qui composent le livre, l'auteure décrit et analyse les dispositifs de formation mis en place par deux syndicats, MSF (Manufacturing, Science and Finance) et TGWU (Transport and General Workers Union) en 1999-2000, et l'évolution des trajectoires syndicales des 29 stagiaires femmes, pour partie ré-interviewées en 2002.

Créées en 1932 au sein du Trade Union Confederation (TUC), les « women-only schools » se sont développées dans les années 1960 sous l'impulsion de syndicats féminins récemment affiliés au TUC et de certains syndicats masculins qui souhaitaient répondre aux critiques de leurs (rares) leaders féministes, mais en y accordant peu de moyens. C'est paradoxalement après l'élection de Margaret Thatcher, que l'offre de formation à destination des femmes s'est étoffée alors que le nombre de syndicalistes formés était en baisse suite aux nombreuses restructurations industrielles et que les entreprises rechignaient à appliquer le droit à la formation syndicale obtenu en 1978. Au départ, ces formations pour femmes avaient pour objectif non seulement de réduire le « déficit démocratique interne » induit par la sous-représentation des femmes dans le cadre d'un syndicalisme qui revendique sa tradition basiste (grassroots unionism), mais aussi de créer des espaces protégés pour l'acquisition des savoirfaire et de la confiance en soi (empowerment) nécessaires à la prise de mandat dans des syndicats à dominante masculine. Sous l'influence des féministes de la seconde vague, ces formations ont pris une dimension plus politique. D'autres objectifs sont venus s'ajouter : débattre de questions spécifiques aux femmes et faire valoir un point de vue féminin sur les revendications, faire vivre des groupes de pression interne en faveur de l'égalité et encourager les femmes à prendre des responsabilités, y compris en tant que formatrices. Depuis la charte de l'égalité adoptée par le TUC en 1979, de nombreux syndicats affiliés ont développé ce type de formations, aujourd'hui accepté comme une des formes légitimes et non temporaires de « separate organizing », mais avec une teneur plus ou moins féministe selon les syndicats et une visée complémentaire par rapport à d'autres formations syndicales. Les contenus sont d'ailleurs très proches des thèmes abordés dans d'autres sessions mixtes (négociation, attributions légales, recrutement, rôle et fonction des shop stewards), mais une des particularités de ces formations est de s'adresser aussi bien aux adhérentes qu'aux militantes d'entreprise, indépendamment de leur formation antérieure.

Du point de vue des trajectoires syndicales, l'auteure souligne la difficulté d'isoler l'effet de ces formations par rapport à d'autres déterminants de l'engagement syndical, en dehors d'une ébauche de conscience féministe et d'un attachement plus « fort » au syndicalisme (surtout exprimé par celles qui avaient choisi de suivre cette formation). Après la formation, deux types de trajectoires syndicales se [End Page 212] distinguent : certaines femmes, souvent adhérentes ou bénévoles, ont cessé leur activité syndicale ou ne se sont pas engagées dans une participation formelle ; d'autres, déjà militantes, ont continué leur activité syndicale et ont parfois pris davantage de responsabilités. Le premier cas de figure révèle que les charges familiales sont...

pdf

Share