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Reviewed by:
  • Histoire des relations du travail dans la construction au Québec
  • Carol Jobin
Louis Delagrave, Histoire des relations du travail dans la construction au Québec (Québec: Presses de l’Université Laval 2009)

L’auteur est économiste de formation et occupe un poste de direction en recherche à la Commission de la construction du Québec (ccq) où il oeuvre depuis de nombreuses années. La publication de cette recherche est une initiative de cette institution et elle vise à souligner le 40e anniversaire du fameux Bill 290 (Loi sur les relations du travail dans l’industrie de la construction, 1968).

L’ouvrage expose l’évolution de ce régime particulier (sectoriel) de relations de travail et de conditions de travail et d’emploi (i.e. main-d’œuvre) en intégrant ses dimensions économiques, sociales et politiques depuis ses origines lointaines (début xixe siècle) jusqu’en 2008.

La présentation matérielle de cette publication est très réussie. On y retrouve nombre de photographies d ’archives et de reproductions de documents d’époques qui agrémentent la lecture du texte par ailleurs jalonné de soustitres qui soutiennent l’intérêt. En outre, l’ouvrage est parsemé de 44 tableaux statistiques et d’encadrés thématiques, tous fort pertinents. Précédé d’une table des matières très détaillée, l ’ouvrage se termine par une bibliographie assez exhaustive et un index des noms cités.

Fondamentalement, l ’exposé adopte une structure chronologique qui donne lieu à une périodisation conforme aux grands tournants de l ’évolution du régime. Le premier chapitre intitulé « Retour aux sources », remonte à l’apparition des premières associations syndicales puis met en évidence l’élaboration du régime fondateur que fut celui des décrets de convention collective (1934). L’analyse est pénétrante et doit beaucoup aux travaux de Gérard Hébert. On aborde ensuite le phénomène de la rivalité syndicale csn-ftq des années 1960, reflétant une concurrence pour l’emploi et une rivalité Montréal-régions, qui aboutit à l’adoption du Bill 290, une formule originale reconnaissant le pluralisme syndical et la négociation sectorielle.

Le second chapitre, « 1969–1975 : le Bill 290 à l’épreuve », nous fait revivre les premiers pas du régime marqués [End Page 284] par l’enjeu du placement syndical, la provincialisation des négociations, la « sentence Gold » (reconnaissant une forme d’ancienneté, sans lendemain), la création de la Commission de l’industrie de la construction (cic, organisme paritaire), la scission csn-CSD, le célèbre Bill 9 (validation rétroactive d’une convention collective non conforme à la loi), l’exacerbation des luttes intersyndicales avec, comme point d’orgue, le saccage de la Baie James. Le tout se termine avec la création de la Commission Cliche, le dépôt de son rapport et les suites législatives qui lui furent données [étatisation de la cic qui devient l’Office de la construction du Québec (ocq); création par voie législative d’une association patronale unique, l’Association des entrepreneurs en construction du Québec, un précédent qui, aujourd’hui, serait questionnable au plan des Chartes; tutelles syndicales; encadrement du délégué de chantier; etc.].

Le troisième chapitre s’ intitule opportunément « 1975–1985 : une industrie sous tutelle ». Cette période est notamment marquée par le blocage des négociations et, en conséquence, par des interventions gouvernementales répétées (décrets), par l’adoption d’un règlement de placement, par la scission Conseil provincial du Québec des métiers de la construction-ftq et par les problématiques du travail au noir et de l’artisan.

Le quatrième chapitre, « 1986–1992 : le pari de la maturité », moins dense et visant une période plus difficile à définir, s’intéresse à des projets qui, tout en mobilisant des énergies, ne connaîtront pas de résultats concluants, à savoir la déréglementation et la revendication d’un régime de sécurité du revenu. On note cependant une rentrée en grâce...

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