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  • Le grand glossaire du français de France ou répertoire des mots, sens et expressions de la vie quotidienne qui font défaut au français du Québec
  • Yannick Portebois (bio)
Jean Forest, Le grand glossaire du français de France ou répertoire des mots, sens et expressions de la vie quotidienne qui font défaut au français du Québec, Montréal, Triptyque, 2010, 461 p., 35$

Prendre le pouls du français parlé au Québec, avancer un diagnostic linguistique et proposer un remède pour remettre le patient examiné sur ses pieds – ou pour lui rendre sa langue – est une activité à laquelle se livrent les commentateurs depuis plus d’un siècle et demi (si l’on choisit pour date de départ la publication de l’un des tout premiers ouvrages de correction linguistique destinés aux Canadiens-français, le Manuel des difficultés, de Thomas Maguire, paru en 1840). Les perspectives ont varié, oscillant entre divers degrés d’endogénisme ou d’exogénisme, selon les cas, les auteurs, les questions étudiées, les périodes de l’histoire collective ou les pressions politiques. De toutes ces entreprises de rénovation, de nettoyage, de remise dans le droit chemin linguistique, que reste-t-il ? L’impact de ces ouvrages sur la langue en usage au Québec n’a pas été vraiment « mesuré », parce qu’il serait difficile de le faire avec précision. Les commentaires sur la qualité de la langue se fondent la plupart du temps sur des sources écrites ou médiatiques d’une part, ou sur l’évaluation que l’on fait de la langue parlée au Québec (avec tous les aléas socio-politiques et culturels que cela comporte) d’autre part. Critiquez, critiquez, il en restera toujours quelque chose, a-t-on cependant envie d’écrire : nombre de commentateurs semblent s’entendre pour voir s’affirmer un sentiment linguistique qui irait au delà de la culpabilité ou de l’indifférence, et qui pourrait se traduire par un renouvellement de l’usage du français parlé au Québec. L’ouvrage de Jean Forest pourrait appartenir à cette catégorie de livres ouvrant la porte aux changements que certains estiment absolument nécessaires pour que les Québécois ne versent pas dans le « créole ». Forest critique, mais il propose aussi des solutions, choisies par ses soins, et c’est ce que contient le Grand glossaire du français de France : mots, sens et expressions qui font défaut au français [End Page 509] du Québec. La matière traitée appartient à tous les niveaux de langue, du français populaire à certains termes techniques (voir les explications données à partir de la page 15), et cette matière est distribuée en trois colonnes suivant l’ordre alphabétique : la première colonne recense les expressions et les mots venus de France et qui manqueraient au français des Québécois ; la deuxième colonne offre l’équivalent en anglais ; la troisième colonne, celle de laquelle il faut se préoccuper, donne en « français du Québec » ces expressions et ces mots. Une entreprise de cette nature peut être intéressante à plusieurs égards sur le plan méta-linguistique, en ce qu’elle révèle du recensement des usages linguistiques de plusieurs sociétés données (France, États-Unis, Québec dans le cas présent), de l’évaluation qui est faite de l’excellence d’une langue par rapport à une autre, et des faiblesses perçues/constatées d’une langue par rapport à une autre. Les choix effectués dans le Grand glossaire (tant pour les entrées françaises que québécoises) laissent parfois perplexe, en partie parce que la méthode qui a présidé au choix n’est pas clairement expliquée. On passera ici sous silence les mots venus directement de l’anglais, « scotch tape » par exemple, mot qui figure aussi dans le Grand glossaire des anglicismes du Québec, du même auteur et paru en 2008. De ces mots, il n’y a gu...

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