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Reviewed by:
  • Mes loisirs, ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance (1753–1789)
  • Marie Lise Laquerre (bio)
Siméon-Prosper Hardy, Mes loisirs, ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance (1753–1789). Volume II. (1771–1772), s. la dir. de Pascal Bastien, Sabine Juratic et Daniel Roche, Québec, Les Presses de l’Université Laval, Les collections de la République des Lettres, Sources, 2009, 808 p.

Cet ouvrage constitue le second volume d’une série qui en comptera douze. Paru en 2008, le premier volume, qui couvre la période allant de 1753 à 1770, inaugurait l’ambitieux projet de publier intégralement l’immense manuscrit du libraire parisien Siméon-Prosper Hardy, qui compte plus de 4 000 pages et qui, jusque-là, ne pouvaitêtre consulté qu’à la Bibliothèque nationale de France ou à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC) qui en conserve une reproduction microfilmée. Attendue autant par les chercheurs que par les lecteurs curieux de découvrir au quotidien la vie politique, sociale et culturelle de la période prérévolutionnaire française, la publication de Mes loisirs représente une source indispensable et un témoignage précieux du contexte parisien, tel que nous le fait découvrir Siméon-Prosper Hardy au fil desévénements.

Avec ce second volume, dont l’éclairante « Présentation » de Nicolas Lyon-Caenétablit la mise en contexte, nous revisitons une page d’histoire de la France, l’année 1771 s’ouvrant sur la réforme du chancelier Maupeou qui réalise un spectaculaire coup de force pour mettre un terme à l’opposition parlementaire, « plus de cent trente magistrats du Parlement [de Paris] et tous les présidents à mortier » recevant « des lettres de cachet qui les exiloient et les dispersoient dans différents endroits du royaume » (20 janvier 1771). Dès lors, la ligne de pensée de Hardy est nettement tracée par ce commentaire : « Il n’étoit pas difficile de reconnoître que cet arrêt avoitété dicté par la passion » (ibid.).

Ainsi, au cours des deux années que couvre ce volume, Hardy nous fait prendre le pouls de la nation, décrivant le chaos qui définit les premières séances du nouveau parlement mis en place par Maupeou et les réactions du public qui n’hésite pas à huer ces « magistrats de parade » (25 janvier 1771). L’opinion de Hardy transpire d’ailleurs dans ses propos lorsqu’il commente les diverses activités de ce qu’il qualifie de « simulachre de Parlement » (15 avril 1771) ou encore de « Parlement postiche » (9 mai 1771). Au reste, le libraire semble se faire un plaisir de reproduire les épigrammes, odes et placards qui visent Maupeou et qui se veulent « autant de preuves de l’indignation publique » (28 janvier 1771). Encore une fois, on sent nettement le parti pris du libraire dans les commentaires qu’il livre sur un ouvrage publié en faveur du système du chancelier : « Il n’étoit pas possible d’en soutenir la lecture tant il étoit rempli de blasphèmes politiques et d’éloges outrés en faveur de personnes qui [. . .] faisoient tout le mal possible à l’État » [End Page 413] (25 juin 1772). Les « faux bruits » sur la disgrâce prochaine du chancelier parsèment également les pages du manuscrit de Hardy, chacun de ces bruits se révélant, insiste le libraire, une « nouvelle intéressante pour le bien public » (12 mars 1771). Ce qui l’amène à considérer d’un œil compréhensif le cas de cet avocat devenu « fol » et qui « dans sa folie ne parloit que d’assassiner Mr le chancelier » : « n’étoit-il pas à souhaiter que celui qui en étoit la cause et l’objet pût enêtre informé, afin qu’il fît sur lui-même quelque retour salutaire au bien public » (24 mars 1772)?

Le contexte qui prévaut incite alors Hardy à faire sa profession de foi politique, que devrait partager, affirme-t-il, « tout bon François ». S’il réitère une fidélité « inviolable » envers son souverain, il souligne toutefois...

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