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Reviewed by:
  • Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France
  • Marilyne Brisebois (bio)
Catherine Ferland, Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France, Québec, Septentrion, 2010, 419 p., 39,95$

Cet ouvrage, issu de la thèse de doctorat que l’auteure a soutenue en 2004 à l’Université Laval sous la direction de Laurier Turgeon et Alain Laberge, aborde la consommation d’alcool par la population tant canadienne qu’autochtone de la Nouvelle-France, depuis sa fondation jusqu’ à la Conquête. Il est abondamment illustré, autant de reproductions en noir et blanc de divers artefacts et de sources écrites que d’œuvres signées par Sophie Moisan. Catherine Ferland s’intéresse dans cet ouvrage aux divers aspects du boire, où la production, l’importation, la circulation et la consommation des boissons alcooliques sont tour à tour abordées. Ancrée dans l’historiographie bien développée de la [End Page 410] consommation, cette histoire culturelle des boissons alcooliques est solide et bien documentée. Utilisant à la fois des sources manuscrites et imprimées, des correspondances privées et officielles aussi bien que des récits de voyage, des rapports de fouilles archéologiques et autres artefacts, l’auteure comble avec cet ouvrage d’importantes lacunes de l’historiographie de cette période.

Dans une première partie consacrée aux boissons alcooliques elles-mêmes, l’auteure aborde les tentatives vinicoles, plutôt infructueuses, de la colonie. Elle traite également de la production de bière dans les brasseries domestiques, ecclésiastiques et commerciales. L’auteure est attentive à la question du genre dans sonétude et note, par exemple, que les femmes semblent être les détentrices des connaissances en matière de brassage de bière, sans jamais être elles-mêmes reconnues « brasseuses ». Quoi qu’il en soit, la production de bière, fluctuante, n’est pas la seule tentative des colons en la matière : quelques expériences sont tentées du côté du cidre de pomme ainsi que de la bière d’épinette, et la présence de matériel lié à la distillation indique qu’il y aurait aussi eu une production d’eau-de-vie canadienne. Devant cette production d’alcool aux résultats mitigés, l’importation se révèle nécessaire pour satisfaire aux besoins de la colonie. Dans un deuxième chapitre, l’auteure met donc l’accent sur la variété étonnante de boissons alcooliques présentes en Nouvelle-France, à partir des eaux-devie européennes que les Canadiens s’approprient en y ajoutant certains ingrédients comme le sirop d’érable pour en faire un « rossoli », jusqu’aux boissons issues de la canne à sucre importées des Antilles, alors interdites en France. Cette analyse de l’importation de boissons alcooliques permet également à l’auteure de mesurer le transfert des goûts métropolitains à la colonie d’outre-mer, notamment celui pour les vins rouges ayant plus de caractère et le goûtsucré, qu’on retrouve dans certains vins doux et liquoreux. Cette première partie, ayant abordé d’abord la production et l’importation de l’alcool en Nouvelle-France, se clôt avec un chapitre portant sur les mécanismes de circulation de ces boissons. En abordant leséléments susceptibles d’affecter le transport maritime (guerres, conditions climatiques, piraterie, etc.), les différents moyens d’approvisionnement de produits locaux et importés ainsi que les divers intermédiaires aux mains desquels les boissons passent, l’auteure met en lumière tous les aspects du commerce de l’alcool en Nouvelle-France. Elle souligne l’attention particulière portée à ce produit par les dirigeants, surtout à cause des revenus substantiels que l’État peut en retirer.

Les « buveurs canadiens » sont l’objet de la seconde partie de cet ouvrage. L’auteure se penche alors sur les modes de consommation d’al-cool des différents groupes sociaux de la population habitant la Nouvelle-France : le peuple, l’élite nobiliaire et ecclésiastique ainsi que [End Page 411] les marins et les militaires. Ferland est attentive aux clivages sociaux existant au sein même de ces catégories : la consommation...

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