In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’enjeu spirituel des enfants non baptisés. La protection des enfants à naître et des nouveau-nés dans le gouvernement de Montréal 1693–1760
  • Brigitte Caulier (bio)
Nathalie Poirier, L’enjeu spirituel des enfants non baptisés. La protection des enfants à naître et des nouveau-nés dans le gouvernement de Montréal 1693–1760, Québec, Septentrion, coll. Les Cahiers du Septentrion, 2010, 296 p., 20$

L’ouvrage de Nathalie Poirier est issu du mémoire de maîtrise de celle-ci, réalisé à l’Université d’Ottawa. Cette recherche complète des travaux sur la même thématique, mais pour un autre espace. L’auteure a retenu le gouvernement de Montréal qui a la particularité d’avoir accueilli des populations mobiles, comme celle des soldats, toujours susceptibles d’être impliqués plus fortement dans les délits sexuels.

Nathalie Poirier s’appuie sur les nombreuses recherches qui ont porté sur l’enfance aussi bien en France qu’au Québec où Marie-Aimée Cliche a tracé la voie. L’auteur expose bien les débats historiographiques sur le statut de l’enfant à naître, le nouveau-né et les soins qu’on prodigue à ce dernier, de même que les sentiments ou l’absence de sentiments qu’il inspire à ses parents. L’accent est mis sur les fondements chrétiens et catholiques de la protection : un eâme doitêtre préservée et sauvée par le baptême. L’enfant doit donc vivre pour entrer dans la communauté chrétienne. [End Page 408]

Le premier chapitre du livre est consacré au « cadre socioreligieux de la naissance et de la mort en Nouvelle-France ». Pour tenter de cerner le regard que portait la population de la jeune colonie sur l’enfant naissant, l’auteure s’appuie sur des exemples locaux, mais faitégalement appel, prudemment certes, à des descriptions françaises. Mais comment départager ce qui s’applique à la métropole et à la colonie ? Si les sanctuaires à répit, étudiés par Jacques Gélis, ont traversé les siècles, ont-ilsété implantés ici ? Les coutumes décrites par Van Gennep s’appliquent-elles et avaient-elles résisté à la traversée de l’Atlantique ? La norme en vigueur dans la colonie est recherchée dans le catéchisme de Saint-Vallier, ainsi que son rituel. Mais le premier n’énonce pas de nouveauté sur le baptême. Il est plutôt, avec le rituel, un outil de communication qui redit une norme déjà en application qui repose elle-même sur les commandements divins. L’auteure reprend malheureusement l’erreur de Mireille Laguet qui affirmait qu’on renouvelait à l’église le baptême d’un enfant ondoyé dans l’urgence à sa naissance.

Le second chapitre porte sur les 49 causes impliquant les enfants à naître et les nouveau-nés, qui ont fait l’objet d’une instruction judiciaire dans la juridiction royale de Montréal, entre 1693 et 1760. L’auteure présente les principaux délits en jeu. La dissimulation de grossesse qui peut déboucher sur un avortement, un abandon ou un infanticide sont les causes plus fréquemment portées devant les tribunaux. L’avortement certainement pratiqué, mais rarement, est aussi difficile à prouver qu’un infanticide, car comment le distinguer d’une fausse-couche ? Un infanticide par négligence peut se confondre avec un décès néo-natal. Les risques élevés de la grossesse et de l’accouchement à cetteépoque brouillent l’interprétation des faits et la circonspection des autorités est soulignée dans le livre. L’abandon était mieux toléré dans la mesure où la mère prenait les précautions nécessaires pour que le nouveau-né soit recueilli rapidement. Trois cas d’abandon seulement font l’objet d’une action en justice, tous au début du XVIIIe siècle. Tous ces crimes concernent en grande majorité des enfants conçus dans l’illégitimité qui est fortement condamnée socialement. C’est la peur de sa marginalisation et de celle de son enfant qui motive la mère à poser...

pdf

Share