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  • Roman 2010
  • Pierre Karch

Pierre Karch

Depuis l’automne, il existe à Montréal, une nouvelle maison d’édition, Lévesque éditeur, fondée par Gaëtan Lévesque. On nous promet une vingtaine de titres par année dans le domaine de la littérature générale. Cela comprend : romans, nouvelles, essais et études littéraires. Nos meilleurs vœux de succès à son fondateur et aux auteurs qui participent à cette belle initiative qui est toute une aventure.

Alto

« Mourir de rire. . . » C’est ainsi que commence Attraction terrestre d’Hélène Vachon dont un héros est un embaumeur qui examine, analyse et tire des conclusions sur les cadavres qu’il prépare pour leur dernier numéro joué devant parents, amis et connaissances. Le croque-mort vit dans un immeuble « habité des pieds à la tête par de vieilles choses tranquilles. Tout le monde a au moins cent dix ans ». Le deuxième personnage principal est un hypocondre qui se pose constamment des questions sur ses rapports avec le monde animé et inanimé, comme un livre : « Je lis toujours les premières pages avec d’immenses réserves et en tenant le livre loin de moi, prévenu que je suis contre tout ce qui ne m’est pas immédiatement assimilable, c’est-à-dire presque tout. Les trente premières pages sont les pires De quoi parle-t-on? » Pareil passage met le lecteur de bonne humeur, car il sent entre lui et l’auteure une sympathie qui prend de l’ampleur d’une page à l’autre de ce roman amusant, [End Page 321] spirituel dont l’intrigue va d’un rebondissement à un autre, d’un sourire à un fou rire. On ne s’ennuie jamais. Peu étonnant que l’auteure se soit mérité le Prix littéraire du Gouverneur général en 2002.

Boréal

Mai au bal des prédateurs est un roman qu’on n’arrive pas à quitter de peur de perdre le sens d’une phrase qui s’étend sur trois cents pages, ce qui n’en facilite pas la lecture, Marie-Claire Blais aimant multiplier les jeux qui retiennent l’attention, soulèvent l’enthousiasme et maintiennent le plaisir de ses lecteurs qui en redemandent d’une année à l’autre sans jamais se fatiguer, car comment faire autrement quand on s’amuse même malgré soi et qu’on suit au pas ou à la lettre tel ou tel personnage qui joue la comédie dans des décors qui leur sont inconnus, mais dont ils rêvent lorsque l’ennui les prend et qu’il leur faut s’éloigner du réel pour rêver un peu à autre chose qui leur échappe et que seule une artiste au talent original peut leur apporter.

Sous pression de Jean-François Chassay est « une tragédie potentielle annoncée en neuf tableaux, un prélude et une fin de journée », comme le précise le sous-titre. Étienne, quarante-sept ans, se rend soudain compte, à la suite de tant d’autres, qu’à son âge « la chair est triste, hélas! Et [qu’il a] lu tous les livres » (Stéphane Mallarmé, « Brise marine »). Lui aussi aimerait « fuir! Là-bas fuir! » Dans son cas, cela revient à mettre fin à ses jours, mais non pas sans avoir, au préalable, consulté ses amis. Le dissuaderont-ils? Le pousseront-ils, au contraire, à accomplir le geste définitif qu’il envisage avec un certain courage? L’auteur fait preuve de beaucoup de psychologie et de finesse dans ce romanécrit avec un certain sourire où il fait côtoyer le tragique et le comique, du début à la fin, pour le plus grand plaisir de son lecteur.

Dans Espèces, Ying Chen fait l’éloge de l’indifférence qu’elle propose comme antidote à la passion qui trouble l’âme, excite les sens et se trouve à la source de tous les conflits humains. C’est l’état de bien-être paradisiaque d’une chatte toute à son plaisir d’être et qui n’a rien d’autre à faire que de jouir pleinement de la vie. Finement observé et raconté avec un humour décapant dans...

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