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Reviewed by:
  • Le dessin de presse à l’époque impressionniste, 1863–1908, de Daumier à Toulouse-Lautrec
  • Patricia Mainardi
    Translated by Céline Deniard
Martine THOMAS, Gérard GOSSELIN, Yannick MAREC (sous la direction de). - Le dessin de presse à l’époque impressionniste, 1863–1908, de Daumier à Toulouse-Lautrec. Paris, Éditions Jean di Sciullo (Democratic Books), 168 pages.

L’essor de la presse illustrée au XIXe siècle procura aux artistes un nouveau débouché pour leurs travaux, et pourtant rares sont les études sur le dessin de presse, considéré comme un genre accessoire, voire mineur 8. En réalité, ces œuvres constituent une catégorie importante de la production artistique, ainsi que ce superbe livre le démontre avec clarté. Catalogue de l’exposition du même nom organisée du 5 juin au 30 septembre 2010 à l’Institut national des sciences appliquées de Saint-Étiennedu-Rouvray, c’est en soi un ouvrage remarquable. Son graphisme, que l’on doit à Philippe Bissières, annonce d’emblée son intention de mettre ces images en valeur ; d’ordinaire, ce type de publication est imprimé en noir et blanc sur du papier de mauvaise qualité, et les images sont tronquées, les textes effacés. Dans le cas présent, on n’a pas regardé à la dépense s’agissant du graphisme ou de l’impression. C’est donc un livre d’art à plus d’un titre. Un grand nombre des images sont reproduites deux fois, une fois dans leur intégralité et une fois sous la forme d’un détail agrandi pour mettre en évidence la facture du dessin – ce qui souligne là encore qu’il s’agit bien d’œuvres d’art.

La thèse de l’ouvrage est que l’étude de ces images enrichira notre connaissance de l’impressionnisme d’une dimension nouvelle. À cet argument, j’ajouterai qu’une telle étude contribuera à notre connaissance de la période dans son ensemble, puisque les images offrent de précieux points de vue contemporains sur leurs sujets et l’actualité. Outre les magnifiques illustrations, le livre contient trois excellents articles. Le premier est signé du peintre Gérard Gosselin, dont la collection de dessins de presse a fourni l’essentiel des pièces exposées. Intitulé « Le dessin de presse : une autre dimension de l’impressionnisme », il fournit un intéressant panorama des différents types de dessins, classés en cinq catégories : les dessins de reportage sur des événements d’actualité, exécutés d’après les descriptions de témoins ; les caricatures ; les scènes de mœurs ; les dessins d’humour, catégorie qui se rapproche de la caricature, mais sans en avoir le « mordant » ; les illustrations de textes littéraires ou scientifiques. Il décrit également, exemples à l’appui, les techniques employées par les périodiques avant l’avènement de la photographie : gravure sur bois debout, gillotage, lithographie.

Beaucoup de ces dessins de presse étaient en couleur et servaient de « une » percutante à toute une série de périodiques qui devinrent des médias de choix pour les artistes désireux de toucher un large public. Le Journal illustré, par exemple, tirait à 105 000 exemplaires en 1866. Dessiner pour la presse offrait aux artistes liberté d’expression et lieu d’expérimentation, tout en leur procurant une source de revenus réguliers. Gosselin recense les artistes de premier plan qui travaillèrent pour la presse illustrée, et sa liste est surprenante dans la mesure où elle comprend pratiquement [End Page 151] tous les grands de l’époque. Si Daumier et Toulouse-Lautrec sont bien connus pour leurs travaux de dessinateurs, des peintres tels que Renoir, Degas, Bonnard ou même Juan Gris et Picasso firent aussi du dessin de presse. L’insertion de brèves biographies de ces artistes, assorties d’un ou plusieurs exemples de leur travail, atteste la pérennité du dessin de presse jusque dans les premières années du XXe siècle.

L’article de Yannick Marec, « Un témoin des mutations de l’époque impressionniste », le plus long du livre, est un survol historique de la période. Il constitue...

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