L’Afrique subsaharienne

Gaston Kaboré: Conteur et visionnaire du cinéma africain de Marie-Magdeleine Chirol est un ouvrage clé pour tous ceux qui s’intéressent au cinéma africain. Chirol fait un travail méticuleux dans lequel elle met en valeur l’œuvre cinématographique du cinéaste-conteur burkinabé Gaston Kaboré. Elle accentue le rôle et l’importance du cinéaste dans le cinéma burkinabé et particulièrement dans celui de l’Afrique de l’ouest francophone. Si Sembene Ousmane est considéré comme le père du cinéma africain, Gaston Kaboré apparaît comme l’un des pionniers et chefs de file les plus importants du cinéma burkinabé.

Ouvrage de référence pour les cinéphiles, chercheurs et toute autre personne qui s’intéressent au développement, à la richesse et à la diversité du cinéma africain, ce livre fait partie des œuvres qui contribuent à combler les lacunes dans la critique du cinéma africain francophone. Kaboré, un des maîtres incontestables du cinéma africain, est connu pour son dévouement, sa passion, sa vision et son désir de promouvoir le cinéma africain sur le continent et ailleurs.

Divisé en trois parties, Gaston Kaboré: Conteur et visionnaire du cinéma africain met l’accent sur l’importance de l’œuvre cinématographique de Kaboré dans son ensemble à travers des analyses spécifiques de ses longs et courts métrages. Il y a aussi deux appendices. Le premier inclut des extraits d’un long entretien avec Kaboré qui permettent de mieux comprendre son esthétique, sa philosophie et son besoin de créer. Le deuxième offre des informations pratiques sur l’ensemble de son œuvre telles que le moyen de se procurer accès à ses films et le générique de ses longs et courts métrages, documentaires et reportages.

Dans la première partie du livre, Chirol examine le parcours du cinéaste-conteur avec des notes biographiques illustrant son appréciation pour l’oralité qui est au cœur de son œuvre. Ses nombreux rôles et contributions dans le monde cinématographique incluent: directeur du Centre Cinématographique du Burkina Faso, enseignant à l’Institut Africain d’Éducation Cinématographique (l’INAFEC), membre du comité d’experts pour des organisations de distribution et production du cinéma africain comme le Consortium Interafricain de Distribution Cinématographique (CIDC) et le Centre Interafricain de Production de Films (CIPROFILMS), secrétaire général de la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI), membre du comité d’organisation du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) depuis 1978, cofondateur, directeur de publication et éditorialiste de la revue Écrans d’Afrique/African Screens et fondateur en 2003 de l’Institut de formation Imagine à Ouagadougou, lieu de rencontre, d’entraînement, et de recherche pour les cinéastes, chercheurs et autres professionnels du cinéma du continent africain et d’ailleurs.

Dans la deuxième partie du livre, intitulée “Les longs métrages,” Chirol fait une description détaillée des quatre longs métrages de Kaboré en commençant avec Wênd Kuûni (1982) “le premier film du cinéaste mais aussi celui qui marque vraiment l’histoire du cinéma burkinabé” (24). En outre, il y a Buud Yam (1997) qui a reçu l’Étalon de Yennenga et le grand prix du FESPACO en 1997, Zan Boko (1988) et Rabi (1992). Les thèmes les plus marquants de ces films sont l’espace, le temps (le temps circulaire, le temps linéaire, les flash-backs, le passé-présent-futur, etc.), la peinture, la quête, l’oralité, l’identité, les conflits entre la tradition et la modernité, le milieu rural et urbain, et le destin. Sa philosophie et son esthétique se résument en ces mots:

Quand je regarde a posteriori ce que j’ai fait dans mes films Wênd Kûuni, Zan Boko, Rabi, Buud...