Abstract

Dans Cette aveuglante absence de lumière, Tahar Ben Jelloun capture la tragédie des officiers marocains qui se retrouvent dans le bagne de Tazmamart après avoir participé en 1971 au coup d’état contre feu Hassan II, roi du Maroc de 1965 à 1999. Le choix de la narration homodiégétique révèle la cruauté de ce bagne sous terre où bon nombre de détenus sont morts. Comment le narrateur du roman Salim a survécu? Quelles décisions a-t-il prises pour rester en vie? Le but de cet article est de montrer que la narration du roman est étroitement liée aux différentes étapes de la voie soufie en Islam (Tarîqa). Salim, inspiré des aphorismes du mystique soufi Al Hallâj, entame un voyage interne et conçoit tout au long de la narration des actes essentiellement orientés vers l’annihilation de son moi par l’extinction de ses désirs humains. Son seul objectif est de vivre l’instant de l’illumination dans l’unité de l’amour divin. La topographie de ce bagne obscur et sous terre se prête au raisonnement inversé du narrateur qui se nourrit des contraires. La vie est dans la mort, l’espoir est dans le désespoir, l’aveugle est voyant et le voyant est aveugle.

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