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  • Imagining Women's Conventual Spaces in France, 1600-1800: The Cloister Disclosed
  • Vincent Gregoire
Imagining Women's Conventual Spaces in France, 1600-1800: The Cloister Disclosed. By Barbara R. Woshinsky. (Women and Gender in the Early Modern World). Farnham: Ashgate, 2010. xiv + 344 pp., ill.

Le projet de Barbara Woshinsky visant à analyser deux siècles d'espace conventuel féminin français par le biais d'une étude des institutions monastiques mais aussi de l'architecture et de la littérature était audacieux. Le résultat est concluant malgré quelques longueurs. La progression est bien menée et évite la perception manichéenne du couvent compris ou comme un espace religieux délibérément choisi par les femmes, [End Page 402] ou comme un lieu d'enfermement imposé à celles-ci. Woshinsky retrace tout d'abord l'histoire des communautés de femmes nées de la Réforme catholique, des communautés que le Concile de Trente va rapidement forcer à adopter la clôture autant pour les contrôler que pour les protéger. L'enfermement de ces femmes qui vont servir Dieu par la prière et souvent aussi par l'enseignement va inspirer, au début du dix-septiè me siècle, plusieurs écrivains, dont Pierre de Croix et Antoine de Nervèze, à écrire des ouvrages allégoriques à portée apologétique. Quoiqu'intéressants, certains développements de ces méditations allégoriques auraient pu être écourtés car ils tendent à ralentir la lecture d'un récit dont la trame historique fait la force. Avec l'évêque Camus vient un changement de ton lorsque ses 'histoires dévotes', tout en encourageant les femmes à adhérer à la vie monastique, révèlent un certain accent misogyne. À cette littérature religieuse masculine représentant un univers conventuel féminin bien réglé, succède, dans l'ouvrage de Woshinsky, une littérature d'essence plus séculière écrite par des femmes (Mlle de Montpensier, Madame de Lafayette) où le couvent devient un lieu de retraite, un havre de paix, un refuge, mais aussi, comme dans les mémoires/romans des sœurs Mancini ou de Madame de Villedieu, une pension, une prison ou un asile. Si, au commencement du dix-huitième siècle, l'espace conventuel se sécularise de plus en plus (dans La Vie de Marianne de Marivaux par exemple), comme par osmose avec une société de plus en plus 'éclairée' qui requestionne la fonction des couvents, il se voit aussi accorder une dimension érotique de tout premier plan. La Religieuse de Diderot, en 1760, en est une bonne illustration. Cette sécularisation des couvents atteint un point de non-retour avec la Révolution de 1789, qui, bien vite, ferme ces institutions avant de les vendre au plus offrant alors que nombre de religieuses 'émancipées de force' ne désiraient pourtant pas les quitter. Au début du dix-neuviè me siècle, le phénomène conventuel féminin semble retrouver un second souffle; mais il ne peut pas être comparé à la grande époque monastique de l'Ancien Régime. Malgré quelques fautes typographiques (par exemple 'Pitié Salpétrière', non 'Piété Salpétrière', une coquille plusieurs fois répétée), l'ouvrage de Woshinsky est très bien documenté, érudit, historiquement précis et, en conclusion, une contribution de premiè re importance pour mieux comprendre l'espace conventuel féminin dans son contexte historique, social et littéraire, du dix-septième au début du dix-neuvième siècle. [End Page 403]

Vincent Gregoire
Berry College
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