Abstract

Le postulat de cet article est que la conception de l'identité telle qu'elle est développée dans Les Années d'Annie Ernaux (2008) fonctionne sur un mouvement paradoxal de présence et absence du sujet (auteure, narratrice et personnage) ernalien. Ce mouvement, qui se réfère à une manière d'aborder à la fois le quotidien et l'écriture, et qui a été décrit par Ernaux comme la sensation d'être 'hors de la fête', peut se comprendre comme partie intégrante de son œuvre. Il trouve sa représentation la plus probante dans le motif même de la fête, occasion de faire mettre en jeu des interactions entre soi et autrui ainsi que des structures à la fois privées et institutionnalisées. En prenant ce motif comme point de départ, cet article propose une lecture d'Ernaux à travers les théories de Bakhtine sur le carnaval, la polyphonie et l'identité qui permettent de mettre en valeur le passage de la présence à l'absence, de soi aux autres, et le rôle de la parole d'autrui dans la constitution des Années. Il s'agit de comprendre comment ce texte peut être décrit comme un véritable 'roman total' dans le sens où il fait place à l'intertextualité, au dialogisme, où il met en lumière diverses structures sociales et laisse entrevoir une identité personnelle et narrative basée sur la question de l'altérité.

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