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Reviewed by:
  • The Unfinished Enlightenment: Description in the Age of the Encyclopedia
  • Laurence Mall (bio)
Joanna Stalnaker. The Unfinished Enlightenment: Description in the Age of the Encyclopedia. Ithaca: Cornell University Press, 2010. xvi+240pp. US$45; £27.95. ISBN 978-0-8014-4864-5.

Dans son passionnant ouvrage The Unfinished Enlightenment, Joanna Stalnaker soutient que la description est une catégorie fondamentale à considérer dans l’étude du projet des Lumières et de son encyclopédisme, et ce, dans une perspective littéraire, car elle mène ses praticiens à poser des problèmes épistémologiques que l’époque conçoit toujours en conjonction avec une poétique. Qu’il s’agisse du discours scientifique, de poésie descriptive ou d’une chronique urbaine, d’un côté la fragmentation inhérente à la description menace l’appréhension et l’intelligence globales de l’objet examiné; le caractère inexhaustible du réel voue à l’incomplétude, et l’incohérence menace. De l’autre, l’écriture fait jaillir la richesse du monde et tisse une multiplicité de sensations, de relations et de points de vue spatiaux et temporels qui renvoient à l’inscription du descripteur dans ce monde.

C’est à partir de l’Histoire naturelle de Buffon et de son collaborateur Daubenton (dans l’édition de 1753–63) que Stalnaker repère l’approfondissement des questions soulevées par les descriptions scientifiques. Daubenton avait demandé à propos des quadrupèdes: comment rendre l’indispensable détail des mesures et proportions sans perdre la cohérence globale de l’être empirique décrit? Buffon préoccupé par la lisibilité intègre l’« histoire » à la description des espèces animales, c’est-à-dire leurs relations, leurs instincts, habitudes, milieu etc. mais aussi leur évolution dans le temps. L’écriture mieux que la gravure est apte à rendre ce dynamisme, le style devant préserver à la fois la perspective individuelle de « l’homme même » et l’objet particulier tel qu’il se découvre temporellement à l’esprit.

Déjà présente chez Buffon, l’orientation sensualiste s’accentue chez Bernardin de Saint-Pierre, dont les Études de la nature font l’objet d’un beau chapitre. Les quatorze « études » ou sketches de Bernardin, allant de 6 à 200 pages, abandonnent toute ambition d’exhaustivité mais présentent de fascinants jeux d’échelle. Bernardin y pratique le fragment mais tel que ce dernier stimule son propre élargissement dans l’établissement d’une infinité de relations. Ainsi de ce fraisier à partir duquel un nombre vertigineux de réseaux peut être tracé ou au moins esquissé. L’appréciation esthétique de la nature (de la variété inouïe de ses couleurs par exemple) favorise des procédés descriptifs où la sensation est première: un objet, un aspect inconnus pourront être décrits par un objet familier et le recours aux sensations communes qu’ils suscitent tous deux. Le descripteur est au coeur de l’opération révélatrice des harmonies secrètes et des affinités mystérieuses entre les objets et leur environnement. [End Page 731]

La description encyclopédique est abordée dans un troisième chapitre. On a bien sûr déjà souvent étudié l’entreprise de description dans l’Encyclopédie, mais dans son analyse serrée du fameux article de Diderot sur la machine à bas, Stalnaker éclaire finement les difficultés inhérentes à la description des machines et arts mécaniques qui doublent les planches (publiées un peu plus tard que les volumes de texte). La dialectique complexe entre désassemblage des parties et réassemblage du tout mime l’opération de lecture, de sorte que les obstacles nés non seulement de la considérable complexité de la machine mais aussi du constant mouvement du progrès permettent de penser à neuf la relation entre mots et choses—relation désorientante et énigmatique dans le cas d’une description très technique, lorsque l’auteur comme le lecteur en apprennent autant sur l’ambiguïté et les limites du langage que sur la machine elle-même.

Un des chapitres les plus originaux porte sur la poésie descriptive de la fin du siècle...

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