Abstract

De 1916 à 1939, un petit groupe d’intellectuels gabonais organisèrent une cellule de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen, la plus grande organisation de défense des droits de l’homme en France durant la première moitié du XXe siècle. La plupart des historiens considèrent la ligue comme une association qui ne s’intéressait pas aux questions coloniales, mais le comité central de la ligue à Paris soutint le chapitre gabonais de la ligue durant les années 1920. Les ligueurs gabonais critiquèrent les abus et la politique arbitraire des administrateurs au Gabon. Ils se présentaient comme les défenseurs courageux et disciplinés des libertés républicaines. Selon eux, les administrateurs français ne possédaient pas la discipline nécessaire pour maitriser leurs désirs sexuels et leur colère. Des administrateurs répondirent à ces critiques que les ligueurs gabonais n’étaient que des déracinés. La question de la masculinité était un aspect important des conflits entre l’état colonial et les ligueurs. Le chapitre gabonais de la ligue se délita durant les années trente, en raison des privilèges accordés aux métis et des réformes modérées initiées par l’administration français vis-à-vis des élites gabonaises.

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