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Reviewed by:
  • Revolutionary Love in Eighteenth- and Early Nineteenth-Century France
  • Monique Moser-Verrey (bio)
Allan H. Pasco . Revolutionary Love in Eighteenth- and Early Nineteenth-Century France. Burlington: Ashgate Publishing, 2009. xiii+228pp. US$99.95. ISBN 978-0-7546-5610-4.

Sous l'intitulé accrocheur de « l'amour révolutionnaire », Allan H. Pasco propose une large étude sérieusement documentée sur l'évolu tion des valeurs attribuées à l'amour en France sous l'Ancien Régime et un peu au-delà. Il pose l'avènement de l'individualisme comme étant la plus grande révolution ayant marqué le XVIIIe siècle et comprend la recherche personnelle de « l'amour vrai » comme une composante déterminante de l'épanouissement de l'individu ou du sujet moderne, un fait qui semble toujours se vérifier de nos jours (1). Mais comment faire pour retracer de façon crédible le changement progressif des men talités en ce qui a trait à l'amour? Peut-on se fier à ce qu'en disent les poètes, les dramaturges et les romanciers de l'espace et du siècle concernés?

Depuis le début du XXIe siècle Pasco défend l'idée que la littérature constitue une archive que l'histoire a trop peu interrogée. Il se donne donc ici pour tâche de réunir ses interventions sur ce sujet parues dans plusieurs revues et de les inscrire dans une continuité qui pourrait se lire comme l'histoire de la décadence des mœurs françaises. Elle débute, en effet, par un retour sur la « carte de tendre » et la retenue amoureuse commune dans le roman du XVIIe siècle (36-38), pour finir par insister sur les revers de la débauche, qui permettent de varier les intrigues romanesques au moins jusqu'à Balzac (168), en tenant compte [End Page 546] de la réalité funeste des maladies vénériennes ainsi que des dangereux remèdes qu'on leur appliquait au XIXe siècle.

S'il est vrai que les Lumières ont contribué a réhabilité l'amour-passion, proscrit par les moralistes, sous prétexte qu'il est naturel, donne du bonheur et produit des enfants, cette nouvelle vérité ne pouvait pas rester sans effets sur le sacrement du mariage, la vie des familles, la transmission des héritages, la démographie du royaume et la santé publique. La pertinence d'observer l'évolution des rapports à l'amour et à la sexualité dans des fictions qui reflètent les aspirations et les anxiétés d'un peuple semble évidente en autant que les découvertes que l'on y fait confirment des données historiques documentées de façon traditionnelle. Tout en consultant l'actualité des recherches en histoire culturelle et sociale, en tenant compte plus particulièrement de l'histoire de la lecture, des mentalités et des sensibilités, Pasco s'astreint donc à relever des topoï, confirmés par de nombreux exemples dans la littérature, et se réjouit de pouvoir ainsi ajouter de la substance aux faits nus de l'histoire (29).

Les thèmes dont l'insistance marque les grands enjeux psychologiques et sociaux de la vie amoureuse travaillés dans la fiction sont variés. Il s'agit évidemment de réarticuler dans des contextes toujours renouvelés le rapport de la passion amoureuse à l'union conjugale. Ainsi, le mariage arrangé, qui est l'affaire de Dieu, de l'Église et des parents, est fortement remis en cause par une jeune génération toujours moins soumise et fort nombreuse au temps de la Révolution (66). La liberté du choix revendiquée entraine des conflits intergénérationnels explicités dans des centaines de romans (57), mais elle entraîne aussi l'infidélité qui apparait être la norme parmi l'aristocratie de cour et dans la littérature libertine (67). Si l'inconstance est un lieu commun sous l'Ancien Régime et ne change rien à l'institution du mariage, le pouvoir révolutionnaire introduit le divorce en 1792 croyant mettre ainsi un terme au pouvoir...

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