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Reviewed by:
  • L’enquête judiciaire en Europe au XIXe siècle. Acteurs, imaginaires, pratiques
  • Pierre Karila-Cohen
Jean-Claude FARCY, Dominique KALIFA, Jean-Noël LUC (sous la direction de). - L’enquête judiciaire en Europe au XIXe siècle. Acteurs, imaginaires, pratiques, Paris, Créaphis, 2007, 386 p.

Ce riche ouvrage collectif, fruit d’un colloque organisé à la Sorbonne en mai 2005 par le Centre d’histoire du XIXe siècle et le Centre Georges Chevrier, s’inscrit tout à la fois dans une tradition et dans un moment historiographique. Une tradition d’abord, celle des grands colloques sur des aspects de l’histoire du XIXe siècle qui donnèrent lieu à des publications devenues avec le temps des classiques. On songe par exemple à l’important Maintien de l’ordre et polices en France et en Europe au XIXe siècle, publié en 1987 chez le même éditeur 6, ou encore, une décennie plus tard, au colloque sur la barricade publié sous la direction d’Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur 7. Dix années encore plus tard, L’enquête judiciaire se situe sans aucun doute à ce niveau. Il prend place d’autre part dans un moment historiographique où les études sur la justice, la police et la gendarmerie se multiplient. Sans pouvoir citer tous les travaux qui renouvellent actuellement la connaissance de ces institutions, des hommes qui les composent et de leurs pratiques professionnelles, travaux souvent dus à des auteurs présents dans l’ouvrage et en tout premier lieu à ses trois directeurs, il n’est pas sans intérêt de mettre la publication de L’enquête judiciaire en parallèle avec celle d’un autre ouvrage collectif, lui aussi issu d’un colloque (tenu à Québec en 2004), sur les auxiliaires de justice du Moyen Âge à nos jours 8, et qui constitue également une réussite. Les recoupements sont en effet fréquents entre ces deux livres et l’on croise logiquement dans L’enquête judiciaire un grand nombre d’auxiliaires de la justice. L’originalité de l’ouvrage dirigé par Jean-Claude Farcy, Dominique Kalifa et Jean-Noël Luc réside en ce qu’il retrouve ces auxiliaires – mais aussi les juges et les procureurs – pour ainsi dire sur le lieu même du crime, dans ce qui constitue le cœur de la police judiciaire : l’enquête, c’est-à-dire le rassemblement des témoignages et des preuves matérielles permettant de présenter un accusé ou un prévenu devant les tribunaux.

Après une introduction très claire de Dominique Kalifa, l’ouvrage est partagé en cinq parties rassemblant en tout trente et une contributions. Dans la première, « Types et modèles de l’enquête », les différents articles rappellent les textes fondamentaux sur lesquels se fonde, sinon l’enquête, au moins l’information ou l’instruction, pour reprendre des termes davantage utilisés en matière pénale. Surtout, ils offrent une vue panoramique sur les évolutions institutionnelles et pratiques des procédures d’enquête civile et pénale au cours d’un long XIXe siècle en France, en Grande-Bretagne, en Belgique et au Portugal. La diffusion du modèle napoléonien [End Page 106] dans l’Europe continentale ressort particulièrement de ces études, de même qu’est partout posée la question des libertés individuelles dans le processus d’enquête. La deuxième partie concerne les acteurs de l’enquête, essentiellement en France. Une part de ceux que le Code d’instruction criminelle de 1808 désigne comme pouvant contribuer à la police judiciaire apparaissent ici dans des monographies spécifiques – gardes-champêtres, gendarmes, juges de paix, juges d’instruction eux-mêmes – ou dans des études dans lesquelles apparaissent ensemble plusieurs intervenants de cette police, en Belgique ou en France. Deux contributions évoquent en outre des acteurs décalés (les gardiens de la paix) ou émergents (les médecins experts) de l’enquête. Au travers de ces analyses fouillées, qui constituent l’un des temps les plus forts de l’ouvrage, le lecteur...

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