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Reviewed by:
  • Francofonia. Studi e ricerche sulle letterature di lingua francese. Exilées, expatriées, nomades
  • Marzia Caporale
Francofonia. Studi e ricerche sulle letterature di lingua francese. Exilées, expatriées, nomades. 58 (2010). Pp. 203. ISSN 1121-953X. 70€, annual subscription.

Comme les deux éditeurs Alessandro Corio et Ilaria Vitali le suggèrent dans leur introduction intitulée « écrire l'errance au féminin », ce volume spécial de Francofonia aborde la question multidimensionnelle de « l'étrangeté » des écrivaines émigrées en France qui vivent une condition doublement marginale, en tant qu'étrangères et en tant que femmes. Les articles contenus dans ce volume présentent des exemples de femmes écrivaines provenant de contextes culturels et linguistiques variés : celles pour qui le français est une langue déjà connue puisque parlée ou enseignée dans le pays d'origine (Assia Djebar, Fatou Diome, Ghania Hammadou, Colette Fellous, Calixthe Beyala, Vénus Khoury-Ghata) et celles pour qui le français est une langue tout à fait étrangère mais [End Page 140] qu'elles ont choisie comme véhicule privilégié d'expression littéraire lorsqu'elles ont été obligées d'échapper aux guerres et/ou aux dictatures de leur pays natal pour émigrer en France (Linda Lê, Shan Sa, Mimika Kranaki, Rodica Iulian, Oana Orlea) ou en Suisse (Agota Kristof).

Malgré les différences individuelles qui caractérisent la production littéraire de chaque écrivaine mentionnée dans ces études, on décèle un fil commun qui lie l'écriture des femmes dont on discute ici. L'exil est vécu et présenté dans le texte littéraire comme une expérience double. Si d'un côté, pour certaines de ces femmes, l'abandon du pays d'origine est perçu comme un déchirement violent des racines et de l'univers culturel et linguistique originel, pour d'autres l'exil en France représente une expérience libératrice qui permet à l'écriture de s'épanouir dans une tension dialectique constante entre la mémoire du passé et la volonté de se créer une nouvelle identité dans le pays d'accueil.

Le rapport du sujet avec la langue française en particulier est le point de départ et le point d'arrivée de la quête identitaire de chacune de ces écrivaines. A ce propos, dans l'article qui ouvre le volume, Veronic Algeri examine la question centrale qu'Assia Djebar pose dans La disparition de la langue française : dans quelle langue écrire ? L'auteur trouve sa réponse dans la notion de « polyphonie » élaborée par Julia Kristeva. Pour Djebar, la langue du moi exilé existe en tant que fusion de langues multiples : la langue maternelle, celle du colonisateur (l'Autre), celle de l'écriture. A la polyphonie de Djebar fait écho la « mosaïque » de langues de Fatou Diome, selon l'analyse de Mbaye Diouf. De même, Daniel Larangé dans son étude sur Calixthe Beyala, définit l'auteur comme « un écrivain-griot » dont la langue romanesque mélange l'oralité de la mémoire du folklore autochtone africain et l'officialité de la tradition littéraire française, ce qui crée un moi littéraire controversé et une écriture paradoxale caractérisée, selon l'auteur, par « une sublime violence». Le rapport entre langue maternelle, langue acquise et construction identitaire est aussi au centre de l'article d'Ilaria Vitali, qui conclue le volume. En discutant les oeuvres de Vénus Khoury-Ghata, l'auteur définit la tension constante entre les deux pôles linguistiques (langue maternelle/langue acquise) comme un « strabisme langagier » qui se transforme chez l'écrivain exilé en force productive sur le plan littéraire.

Les essais de Julie Assier, Rachele Branchini, Emilie Guillerez, Vasiliki Lalagianni et Elena-Brandusa Steiciuc considèrent la question de la langue des écrivaines en exil selon la perspective spécifique des femmes qui ont dû abandonner leurs pays à cause des persécutions politiques. Ces femmes originellement non-francophones ont adopté le français comme leur langue de la création littéraire. La non-appartenance déjà intrinsèque au sujet...

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